L'Amour sans le faire de Serge JONCOUR

Publié le 24 août 2012 par Melisende


L'Amour sans le faire

de
Serge JONCOUR
Flammarion,
2012, p. 322
Première Publication : 2012

Livre lu à l'occasion de l'opération On vous lit tout organisée par Libfly et le Furet du Nord. Merci à eux !
Serge Joncour est un écrivain français né en 1961.
"Il est né un jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée. Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite, il en est sorti. Il a passé son enfance entre Paris, la Nièvre, l'Eure-et-Loir et le Valais suisse (sic). Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat."

Wikipédia.


n ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste », pense Franck en arrivant aux Bertranges, chez ses parents qu'il n'a pas vus depuis dix ans. Louise est là, pour passer quelques jours de vacances avec son fils dont elle a confié la garde aux parents de Franck.
Le temps a passé, la ferme familiale a vieilli, mais ces retrouvailles inattendues vont bouleverser le cours des choses. Franck et Louise sont deux êtres abîmés par la vie, ils se parlent peu mais semblent se comprendre. Dans le silence de cet été chaud et ensoleillé, autour de cet enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler, tout simplement, à la vie réinventée.

’opération On vous lit tout organisée par Libfly et le Furet du Nord est l’occasion pour moi de me plonger dans la littérature contemporaine, que je délaisse généralement (à part les grands grands noms). Je ne connaissais pas du tout Serge Joncour (même pas de nom) avant de recevoir L’Amour sans le faire mais grâce à cette lecture, je suis curieuse de lire un (ou plusieurs) de ses précédents titres. Voilà la magie de ce genre d’opérations : la découverte de plumes, d’auteurs et parfois d’éditeurs. Merci donc à Libfly, au Furet du Nord et aux maisons d’édition partenaires !
L’Amour sans le faire c’est l’histoire de plusieurs vies isolées rapprochées par le destin, par la perte d’un seul être cher commun.
Franck décide de rendre visite à ses parents, agriculteurs à la campagne, qu’il n’a pas vus depuis plus de dix ans. Arrivé sur place, il trouve la ferme transformée, seul son ancien petit lit dans la chambre bleue fait remonter les souvenirs de son enfance heureuse. Alors qu’il s’était endormi dans les draps réconfortants, il est réveillé par un petit garçon inconnu que ses parents appellent Alexandre, comme ce frère disparu quelques années plus tôt. Les retrouvailles ne se déroulent pas comme prévues. Le petit garçon, vif et bavard, accapare l’attention (et la caméra de Franck) et fait vite taire les rancœurs et les reproches des adultes.
Plus tard, Louise, la bru, la compagne du défunt Alexandre, la mère du jeune Alexandre, arrive à la ferme pour quelques jours de vacances. Sa situation en ville est précaire, son emploi à mi-temps menacé. Cette ferme c’est la parenthèse heureuse de son existence. Elle déjeune dans la cour à l’ombre des arbres, arrose le jardin et apprend à connaître son enfant, cet enfant qu’elle a offert à ses beaux-parents, comme une prolongation du fils disparu.
Serge Joncour n’offre pas une intrigue extraordinaire (dans le sens où l’on n’est pas spécialement surpris par les évènements et parce qu’on se doute doucement de l’issue), mais une histoire authentique, juste. Les personnages sont vrais, humains et attachants avec leurs qualités, leurs défauts, leur passé et leurs bleus. L’être humain, malgré les épreuves, parvient à sortir la tête de l’eau, grâce aux autres personnes aussi amochées, grâce à la famille.
La plume de Serge Joncour n’est pas plus extraordinaire que son histoire mais simple et authentique, comme cette dernière. Elle touche le lecteur et l’entraîne à travers les chapitres consacrés à Franck ou à ceux dédiés à Louise ; puis finalement, à ceux qui rassemblent toutes ces âmes blessées et esseulées dans la ferme des ancêtres.
Si L’Amour sans le faire n’a pas été une lecture absolument époustouflante, je retiens le côté très « humain » et très vrai de ce texte et suis curieuse de lire autre chose de Serge Joncour.