Allez, ça fait maintenant de nombreux mois pour certains, voire des années pour d’autres que la photo animalière vous tient tous les week-end, les vacances et même vos RTT. Les images que vous ramenez après tant de pratique sont forcément bonnes, excellentes même vous vous dites. Ben oui, c’est une évidence ! Seul, devant votre écran, c’est par un wahou non feint que vous accueillez les nouvelles prises de vues de la sortie du jour.
Il ne pourrait d’ailleurs pas en être autrement : vous lisez tous les magazines, vous êtes abonnés aux meilleurs blogs photo du moment, vous suivez ma formation … vos images sont évidemment belles.
Euh … au fait … en êtes-vous certains ? Croyez-vous vraiment que vos photos sont bonnes ? Qu’elles méritent le mode wahou systématiquement ? Ne m’en voulez pas, je pense que non. Ca va ? Vous êtes toujours là ?
Pourquoi diable je me permets de vous dire -on se connait à peine- que votre travail n’est pas aussi bon que vous ne le pensez ?
- Premier élément de réponse : vous n’êtes pas le mieux placé pour décidé. Na ! Bon, rassurez-vous, vous n’êtes pas non plus le moins bien placé ! Ouf. Disons que votre position est entre les deux.
- Deuxième élément de réponse : votre famille et vos amis proches (les vrais de la vraie vie je veux dire, pas les amis de Facebook) ce sont eux qui vous font du mal et qui vous conduisent directement dans le mauvais chemin, celui de la toujours-belle-photo-quoi-qu’il-arrive-parce-que-c’est-toi-qui-l’a-faite. On a tous demandé un jour à un proche : “eh dis, tu la trouves comment ma dernière photo de lapin ? Elle est belle tu trouves pas ? Ah oui, très belle, il faudrait l’agrandir et la mettre dans le salon.” Et hop, voilà, le mal est fait. Vous vous prenez pour le nouveau Vincent Munier.
- Troisième élément de réponse : vous avez compris que vous ne devez pas faire confiance à votre entourage proche pour évaluer la qualité de vos images – sauf si votre papa s’appelle Yann-Arthus Bertrand, vous pouvez lui faire confiance.
Alors, vers qui se tourner? Peut-être que vos autres amis de Facebook, ceux que vous n’avez jamais vu, pourront vous aider alors ? Non plus. Ne croyez pas que c’est parce que vous avez 15 pouces levés pour votre toute dernière que cela fait de vous un grand photographe. Ca signifie juste que 15 personnes ont plutôt aimé votre image et qu’il n’a pas fallu trop d’efforts pour cliquer sur la souris. On ne peut pas dire que ce clic est synonyme d’engagement sincère ! Et puis … il y a toujours le “J’aime” pour faire plaisir au copain.
Je vous sens au bord de la rupture, voici tout de suite les 2 méthodes imparables pour vous aider à savoir si vos photos sont bonnes.
1. Participez aux concours
Un classique, et pourtant, très nombreux sont les photographes qui n’ont jamais participer à un concours (juste au feeling, comme ça, je n’ai aucune étude là dessus). Il y a ceux qui, comme le sportif, pratiquent pour le plaisir et n’ont aucun besoin de se mesurer aux autres. Et il y a ceux qui voudraient bien, qui ont même failli, mais qui n’ont jamais franchi le pas. Par peur du résultat ou par crainte de ne pas être à la hauteur.
Deux très mauvaises excuses.
- peur du résultat … on a peur quand un train vous arrive droit dessus, pas d’un résultat d’un concours photo !
- ne pas être à la hauteur … le travail du jury est de juger des photos, pas des personnes, vous n’avez donc rien à craindre !
Vous avez donc beaucoup à gagner à participer à un concours photo : enfin avoir une critique constructive, objective et motivée de vos images. Tout ce que votre famille ne pourra jamais faire ! Et en plus vous gagnerez un prix – un tirage photo chez StudioReflex, ça vous dit ?
Capture d'écran du site du concours Festival Nature Namur du 12 au 21 octobre 2012
Voici donc quelques conseils pour participer à cette aventure.
1°) Quel concours choisir ?
On peut faire quatre grandes catégories de concours :
- ceux de renommée nationale et internationale
- ceux d’envergure locale
- ceux se déroulant exclusivement sur internet
- ceux, à l’opposé, classiques, dont les primés sont exposés en dur, dans une vraie salle d’exposition.
Si vous participez à votre premier concours, je vous conseillerai de commencer par un local et en vrai, pas sur internet. Local parce que vous n’aurez pas peur de ne pas être à la hauteur : aucun grand nom intimidant ne viendra vous inhiber. C’est ce que j’ai fait pour mon premier concours, j’ai fini 2ème ! Le concours photo de l’Office de Tourisme de mon Précy sous Thil, mon village. C’est sur, c’est pas Montier, mais on s’en fout.
Pas de concours sur internet - au début - car vous vous rendrez à la fin, sur les lieux de la remise des prix. Deux gros avantages :
- voir les images gagnantes et comprendre ce qui leur a permis de remporter le prix
- discuter avec les membres du jury pour saisir ce qui est attendu d’une photo pour qu’elle attire l’attention d’un juge … et au final celle de n’importe quel spectateur !
2°) Quelles photos envoyer ?
A la pelle, conseils à suivre :
- Certainement pas celle que vous avez shooté la veille. Encore trop dans l’émotion de la prise de vue, vous ne pouvez pas émettre un avis objectif.
- une photo qui réponde au thème du concours choisi : oui, là aussi, on peut faire un hors sujet !
- Tout en étant dans les clous, optez pour une image originale, un angle de vue rarement vu, l’idée étant de surprendre le jury.
- Allez sur le terrain pour prendre la photo sur le thème. C’est un bon exercice, comme les figures imposées au patinage artistique. C’est aussi un super truc pour sortir des sentiers battus et, l’expression est à la mode, sortir de sa zone de confort.
Exemple : votre truc à vous c’est la photo de cervidés. Prenez le premier concours photos de votre région, faites-le, surtout si le thème est “rongeurs au crépuscule”. Toutes les nouveautés glanées pour prendre ces petits mammifères vous serviront plus tard.
3°) Ne faites pas qu’un seul concours !
Victoire, ou classement vertical de votre image (à la poubelle quoi), forcez-vous et participez à plusieurs concours pour aller jusqu’au bout de la logique. Tiens, après ma bonne 2ème place, je me suis lancé dans un nouveau concours, local lui aussi : celui de la LPO de Côte d’Or. Ma photo de martin pêcheur n’a pas même été retenue parmi les 10 finalistes !
Mais j’ai pu discuter avec un des juges et j’y ai appris que mon sujet était trop petit dans l’image. Chose qui ne m’avait jamais effleuré le moindre neurone : ben oui, j’étais sûr de la perfection de ma prise de vue, en plus mon père m’a dit qu’elle était belle, alors …
4°) Ne vous contentez pas seulement du verdict
Les résultats viennent de tomber : c’est oui ou non, gagné ou perdu, retenu ou éliminé ! Ce mode binaire n’aide pas votre progression, seulement à vous faire sourire ou faire faire la grimace. Ce que vous recherchez, vous, c’est de savoir si votre travail est bon. Alors si votre photo n’est pas lauréate, cela signifie-t-il qu’elle est mauvaise pour autant ? Non, ça veut juste dire qu’il lui manque quelque chose, le truc qui déclenche l’enthousiasme. Seul, vous ne saurez jamais ce que c’est. En allant discuter avec le jury, vous apprendrez bien plus que vous ne le pensez.
Attention, soyez très attentifs aux règlements des concours, certains n’hésitent pas à vous faire céder vos droits. Cette page du site Naturapics est excellent pour connaitre les concours arnaqueurs : la liste rouge des concours photos (lien en fin d’article)
2. Soumettez votre travail aux agences photos.
Capture d'écran de la page d'accueil du site de l'Agence photo Biosphoto
Je parle bien des vrais agences de photos sérieuses, pas des micro-stock à la sauce Fotolia. Les Biosphoto, Naturimage, FranceDias, et d’autres encore sont les seules qui doivent trouver grâce à vos yeux.
Intégrer une agence photo est, comme la participation aux Jeux Olympiques, synonyme de … sélection, sélection, sélection ! Mais on s’en fiche, ne vous laissez pas intimider.
L’état d’esprit à adopter est le même que les concours : soumettre vos photos dans le but de les faire évaluer par des personnes dont c’est le métier … et qui ne vous connaissent pas. Ca, c’est important.
Bien décidez à franchir le pas, vous envoyez par mail un reportage prometteur sur les hérons. 10 minutes plus tard, un p’tit coup d’oeil dans les mails, toujours rien. « Ben oui, imbécile, on est plein août, sont tous en vacances, sois patient ! » Le lendemain, la sentence tombe : “Nous sommes au regret de vous annoncer que malgré la qualité certaine de vos clichés, nous ne pouvons donner suite à votre candidature.”
Alors, comment interpréter cela ? A mon avis, c’est une excellente nouvelle ! Vous venez enfin de connaitre la valeur de vos images : bien, mais peut mieux faire. Oui, c’est vague. Prenez alors votre courage à deux mains et demandez tout simplement à l’agence la raison pour laquelle vos images n’ont pas assez retenues l’attention. C’est bête comme chou, pas culotté du tout, et là, vous allez vraiment progresser.
Voyez un peu la réponse de l’agence : “Votre série sur les hérons a retenu toute notre attention. Au regard des photos que vous nous avez confiées, vous semblez maitriser les bases telles que la composition, l’éclairage et la netteté. Mais vos clichés sont trop proches des photos de héron que nous avons déjà en stock”.
Traduisez cela par : “vos images sont très bonnes, mais manquent cruellement d’originalité !!”. Croyez-vous que votre chère maman vous aurait sorti ça ? Voilà maintenant sur quoi vous allez devoir bosser pour franchir un nouveau palier.
Si vous voulez du top concret pour vous lancer, l’excellent article de Cédric Girard, Agences-Photo mode d’emploi, saura vous guider dans cette trépidante aventure (lien en fin d’article)
Maintenant, vous savez ce qui vous reste à faire ! Non, vous n’allez pas sur le terrain, vous me trouvez un joli petit concours local à faire. Ensuite, contactez une agence. Hop, hop, hop, au boulot !
Liens des articles cités :
- Naturapics : liste rouge des concours photo
- Blog Aube Nature : Agence Photo, mode d’emploi