On a tendance à se méprendre sur le sens du verbe croire. Il désigne le fait d'adhérer à une certaine idée, sans avoir une preuve formelle de son exactitude. Je n'ai pas à croire que deux et deux font quatre car, dans notre système de numération, c'est un fait. Par contre, je peux croire à l'existence de Dieu, précisément parce que, à ma connaissance, il n'en existe pas de preuve tangible. Mais ce n'est qu'une croyance. Ceci dit, il n'est pas possible d'affirmer que Dieu n'existe pas. Prenons comme exemple ce qui peut se passer lors des tests d'un nouveau médicament : si l'on ne met pas en évidence d'effets secondaires indésirables, cela ne prouve pas qu'il n'y en ait pas mais simplement que les tests pratiqués n'en ont pas mis en évidence. En conclusion, à ma connaissance, nous ne disposons pas d'une preuve formelle de l'existence de Dieu mais inversement on ne peut en inférer qu'Il n'existe pas.
Trop souvent, les croyants, quelle que soit leur religion, ont tendance à oublier que leur croyance, validée par des révélations fort anciennes, aussi certaine qu'elle leur paraît, n'est rien d'autre que cela, une croyance, et qu'elle ne les autorise pas à nuire aux autres. Cette méconnaissance conduit à des abominations telle celle rapportée dans Le Monde daté du 18 août : jeudi 16 août, " trois autocars ont été arrêtés à l'aube [...] au nord de la capitale Islamabad par une quinzaine d'hommes armés portant des uniformes. Ces derniers ont fait descendre les passagers, puis leur ont demandé leurs cartes d'identité et ont exécuté ceux qui étaient de confession chiite ".
Sous des formes heureusement moins sauvages, d'autres religions revendiquent les mêmes notions de vérité et d'immuabilité. Patrick Kéchichian a signé dans la page Débats du Monde daté du 19août un article où l'on peut lire ceci : " Mais sur le fond, la position de l'Église ne peut varier. Sa force et aussi sa faiblesse sont dans cette intangibilité. [...] Car, quoi qu'on dise, le rôle de l'Église n'est pas du tout d'évoluer avec son temps. Si dans les siècles passés elle l'avait fait, il y a belle lurette qu'on ne l'entendrait plus ".
Si j'entends bien, l'Église est intangible, fidèle éternellement à son message d'amour dans ses combats d'aujourd'huicomme elle le fut au temps des Croisades ou de l'Inquisition. Je crains qu'il n'y ait beaucoup de distorsion et de parasites sur les lignes directes qui relient à leur Créateur les dévots de toute sorte.