Fable de Pontus de TYARD : Épigramme de Salmace

Par Unpeudetao

A peine avait seize ans, de la belle Vénus
Et du Cyllénien la jeune et chère race,
Quand, au temps que Phébus son plus long chemin trace,
Dans un fleuve il voulut baigner ses membres nus.

Mes souhaits, dit Salmace, ore sont advenus.
Ce disant, elle court, entre en l’eau et l’embrasse,
La peur saisit le coeur, et la honte la face
D’Hermaphrodit, qui n’a les feux d’Amour connu.

Plus la Nymphe l’étreint, plus d’échapper il tâche,
Dea, dit-elle, fâcheux, donc ma beauté te fâche.
Si faut-il qu’à jamais ton corps au mien s’assemble.

Soit ainsi, dit Vénus, mais aussi vrai sera
Que quiconque en ton fleuve, ô Salmace, entrera,
Aura, comme vous deux, les deux sexes ensemble.

Pontus de TYARD (1521-1605).
Recueil : Douze fables de fleuves.

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