"On dénombre aujourd'hui 250 loups, répartis sur une
dizaine de départements, contre seulement deux spécimens il y a vingt
ans. "Grâce aux protections dont ils font l'objet et au développement
des forêts, les effectifs de loups augmentent de 15 % par an en moyenne."
Eric Marboutin, responsable des études sur les loups et les lynx à l'ONCFS - Le Monde
L’estimation des effectifs de la population de loups en France mise à jour en 2012
Le dénombrement des effectifs de la population de loups en France ne se
mesure évidemment pas « de facto » avec une simple paire de jumelle !
Comme sur toutes les espèces animales, les techniques de comptage
souffrent d’une détection imparfaite des animaux (on ne voit pas 100%
des animaux à un instant t). Les territoires très vastes et les très
grandes capacités de déplacement des loups rendent l’exercice d’autant
plus délicat. En résumé, tout l’enjeu va donc consister à mesurer le
risque de ne pas voir les animaux, pour appliquer en retour ce facteur
de correction à l’estimation de l’effectif total. Les mathématiques
viennent alors au secours de la biologie pour produire une solution très
efficace (CMR), aujourd’hui reconnues comme références scientifiques.
Problème : l’exercice nécessite du recul dans les données et ne peut
être mis à jour en temps réel. Pour pallier à ce manque de réactivité,
il s’agit donc de coupler à cela une autre mesure, plus réactive, qui
traduit bien l’évolution d’une année sur l’autre de l’effectif réel au
travers du nombre d’animaux résidents dans les ZPP (zones de présence
permanente) détectés lors des suivis hivernaux (EMR).
Le couplage des deux techniques va permettre ainsi de combler le déficit de l’un avec l’avantage de l’autre :
1- Les signatures génétiques des différents individus retrouvées – ou
pas – dans les quelque 500 excréments analysés chaque année permettent
d’appliquer la modélisation mathématique (CMR) pour mesurer l’effectif
réel de la population de loups. Il inclut les informations en provenance
de toute l’aire de répartition de l’espèce, et calcule le risque
statistique de ne pas détecter un loup alors qu’il est vivant. Par
contre, il ne peut être mis à jour qu’avec au moins 3 ans de retard
(période mars 1994 – mars 2008 actuellement, symbole •), en raison des
contraintes logistiques de collecte, d’analyses génétiques, et de la
structure mathématique des modèles utilisés qui requièrent des données
génétiques d’une année n pour calculer les effectifs de l’année n-1).
2- En parallèle, le suivi hivernal des animaux sédentarisés, réalisé donc uniquement sur les zones de présence dite permanente (ZPP) qu’elles soient structurées en meute ou non, recense l’évolution d’une année sur l’autre de cette fraction de la population résidente en ZPP. Cet indicateur (EMR), s’il ne mesure pas l’effectif total, a cependant l’avantage (au contraire de la CMR) de pouvoir être mis à jour annuellement dès la fin de la période de suivi hivernal intensif (fin mars ; symbole ○ sur le graphique ci-dessous).
3- La liaison des deux démarches permet de profiter de ce que l’une
est mise à jour annuellement (EMR) et de ce que l’autre (CMR) englobe
l’ensemble de la population de loups. Durant la période 1994-2008, on
peut comparer l’évolution d’une année à l’autre de l’indice EMR à celle
de la modélisation CMR. Ainsi leurs profils d’évolution entre années
sont très ressemblants, c'est-à-dire que lorsque l’EMR est à la hausse,
il correspond également à une hausse CMR, et réciproquement (leurs
variations coïncident à près de 95%). De cette corrélation, la règle de
conversion de l’EMR en CMR est alors réalisable. C’est grâce à cette
conversion que l’on peut «traduire» la valeur de l’EMR de la dernière
année en « équivalent » CMR (dénommé indice pseudoCMR : symbole ■).
Au fur et à mesure de l’avancée des analyses génétiques, l’exercice de
l’estimation CMR (la référence) est de nouveau mis en oeuvre pour
calculer les effectifs réels (par exemple fin 2012 on pourra calculer
les effectifs 2009). En retour, cette mise à jour sert à savoir si notre
règle de conversion est toujours valable pour asseoir la
représentativité de l’EMR comme un bon indicateur de tendance ou pas.
Résultats à l’issue de l’hiver 2011-2012
L’exercice CMR a fait l’objet d’une récente mise à jour. La corrélation
entre les deux indicateurs est confirmée comme toujours opérationnelle
pour asseoir la conversion de l’EMR en pseudoCMR.
Ainsi, l’indice obtenu par cumul des données de pistage et observations
visuelles durant la période hivernale écoulée vaut : EMR 2011-2012 = 88 à
94, animaux échantillonnés dans les ZPP. L’estimation de l’effectif
réel de la population de loups en France en 2012 vaut alors par
application de la règle de conversion N=235 à 258 à la fin de l’hiver
2011/2012, pour une moyenne arrondie à 250 individus.
Bien sûr, ces chiffres sont à considérer comme un ordre de grandeur
moyen, précis seulement à quelques dizaines près, en plus ou en moins !
Même la modélisation CMR, pourtant la meilleure méthode disponible au
monde pour calculer les effectifs de populations d’animaux sauvages, ne
peut, surtout dans le cas des loups qui vivent à relativement faible
densité et sur d’immenses superficies, fournir une valeur plus précise.
De façon logique en regard de l’expansion territoriale et de la
formation de nouvelles zones de présence permanente, la population de
loups en France présente donc toujours une démographie positive.
de tendance EMR recensant le nombre minimum d’animaux territoriaux
en hiver dans les ZPP uniquement.
Extrait du Bulletin d’information du réseau Loup n°27 – 2012 (15 janvier au 1 juillet)
Visions du Monde
Pour la totalité de l’année 2011, 4.500 ovins victimes du loup avaient été dénombrées.
Le Cid, Corneille, Acte 4 , Scène 3
"Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfortNous nous vîmes trois mille en arrivant au port"
La Fédération des Acteurs Ruraux
"Les patous sont devenu les boucs émissaires de zoolâtres qui ne savent plus comment dédouaner leurs loups réintroduits en France sur une série de mensonges: car ces loups ne sont pas en voie de disparition, il se reproduisent très vite: accroissement de la population de 30 % par an, ils sont dangereux, ils s'en prennent au bétail, ils descendent en plaine et sont capable de faire les poubelles en villes…" (FAR)
Yves Derbez, président d'Eleveurs et Montagnes
« Et pendant ce temps, les loups prolifèrent et les éleveurs craquent (...) Et je ne vous parle pas du nombre de loups présents dans les Alpes qui est tellement sous-évalué que ça en devient ridicule ! Quoiqu'en disent les pouvoirs publics et notamment le ministère de l'écologie, la prédation continue à augmenter de manière vertigineuse. (...) Nous n'abandonnerons pas tant que nous n'aurons pas obtenu une réelle transparence sur le nombre de loups présents sur notre territoire et une véritable régulation! (...) Nos ancêtres avaient conclu à la nécessité d'éradiquer le loup. Même si nous ne souhaitons pas forcément en arriver là, je ne pense pas que nous soyons plus intelligents qu'eux... » (E&M)
José Bové
«Si le loup risque d’attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c’est de prendre le fusil et de tirer»