C’est au Pays d’Aunis en Charente-Maritime et plus particulièrement à Surgères que j’ai passé une semaine fort agréable. La petite ville n’a pas un charme particulièrement remarquable, mais elle représente plutôt bien pour moi, le terme « provincial ». Et je l’écris comme un compliment. Vacancier pour quelques jours je me garderai bien de porter un jugement catégorique, mais j’y ai ressenti un calme et une douceur de vivre enviable. Les vents marins venant de l’Atlantique tout proche ne doivent pas être étrangers à ce climat général agréable.
Je ne sais pas si aux alentours de 1578 les conditions de vie y étaient aussi douces mais en tout cas il en est un, Ronsard pour ne pas le citer, qui prisa certainement l’endroit puisqu’il y rencontra Hélène de Fonsèque (1546-1618) qui deviendra sa muse et l’inspirera pour l’écriture de nombreux poèmes. Et puisque nous sommes encore en été, revenons sur cette histoire d’amour…
La reine Catherinede Médicis serait à l’origine de la rencontre entre le poète et la belle Hélène.Pierre de Ronsard (1524-1585) est alors quinquagénaire, assombri par le déclin physique et l’amoindrissement de son prestige quand il fait la connaissance d’Hélène, figure en vue de la cour royale où elle faisait partie des filles d’honneur de la reine. Le« prince des poètes et poète des princes » s'éprend de cette séduisante jeune femme et en fait sa muse. Durant sept longues années il lui voue une véritable passion et lui consacre une œuvre importante. Inconsolable de la perte de son fiancé tué durant la troisième guerre de religion, jamais Hélène ne répondra à cet amour. On pourrait imaginer qu’instruit par Pétrarque, « La loi d’amour est dure, mais tout injuste qu’elle soit, il faut néanmoins la subir », notre poète se soit évité des souffrances mais Ronsard n’était qu’un homme comme vous et moi.
L’amoureux éconduit dédiera à la belle ses Sonnets pour Hélène. L’un de ses plus fameux débute ainsi « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle / Assise au coin du feu, dévidant et filant / Direz chantant mes vers en vous émerveillant / Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle..." L’amant s’avoue vaincu, n’ayant pu trouver le cœur de son adorée, il tente une ultime manœuvre, il s’adresse à sa raison non sans laisser passer une pique vacharde pour lui rappeler qu’un jour, elle sera moins belle car devenue âgée. « Vous serez au foyer une vieille accroupie / Regrettant mon amour et votre fier dédain / Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
Du décor de ces amours inaboutis il ne reste de nos jours à Surgères que l’église romane Notre-Dame, située dans l’enceinte du château médiéval disparu. Ancienne propriété de La Rochefoucauld (XVIIe) il a hébergé Louis XIII et Richelieu. L’enceinte date du XVIe siècle et s’étend sur 600 mètres, ponctuée d’une vingtaine de tours ; à l’intérieur, des bâtiments seigneuriaux du XVIIIe construits avec les pierres des anciens édifices.