Le gouvernement annonce un doublement du plafond du Livret A. Mais cette mesure va se révéler inutile et même contre-productive.
Mais ce coup de pouce cache bien des mauvaises nouvelles. D'abord le Livret A n'est plus un placement refuge, il détruit de la valeur depuis un an : si l'on s'en tient au plafond actuellement en cours de 15 300€, l'inflation en 2011 ayant été supérieure à la rémunération de ce placement, il a détruit l'équivalent de 112€ pour 15 000€ de placement d'après Les Échos. D'après l'Institut Molinari, cette situation est vraisemblablement appelée à durer puisque l'inflation risque d'augmenter encore dans les années qui viennent. Élever le plafond n'est autre qu'une opportunité pour un épargnant de perdre encore plus d'argent.
Ensuite, la Cour des Comptes étudie actuellement un projet d'augmentation de la taxation sur les intérêt produits par le Livret A, rendant ce produit moins intéressant encore.
Alors on peut se demander, à quoi bon tout cela ? Quel intérêt de proposer la hausse de ce plafond du Livret A sachant que c'est peu intéressant pour les épargnants ? Parce qu'il s'agissait d'une promesse de campagne de François Hollande. Thibault Doidy de Kerguelen résume la succession des événements :
Comme nous l'avions indiqué dès que fut connu le projet de doublement du plafond du livret A, cette mesure [NDLR : le doublement du plafond du Livret A], sortie du contexte démagogique de l’élection, s’avère contre productive. En effet, elle a toutes les chances de vider les contrats d’assurance vie sécurisés en fonds Euro dont le rapport est pour beaucoup inférieur à 3% (voir notre tableau des contrats d’assurance vie) et qui subissent CSG/CRDS et fiscalité pour transférer les avoirs sur le livret A à 2.25% net-net. Résultat de l’opération, pas un centime de plus en épargne et des recettes fiscales en moins…
Désormais aux affaires, l’évidence s’imposant, nous assistons à une opération de rétropédalage. La Cour des Comptes, en proposant de fiscaliser les intérêts dépassant l’actuel plafond permet au gouvernement de « tenir » sa promesse (que d’ailleurs personne ne demandait), tout en la rendant si peu attractive que finalement elle ne soit suivie d’aucun effet. Il est évident que proposer que les montants dépassant l’actuel plafond subissent la même fiscalité que ceux qui se trouvent actuellement sur un livret bancaire n’a strictement aucun intérêt (c’est le cas de le dire…), puisque c’est déjà ce que nous connaissons ! Alors voilà comment faire sans faire ou l’art de tourner en rond. Chaque jour qui passe voit la dette de la France s’accroître peu à peu et notre appareil économique s’effriter peu à peu….