Christian de Rabaudy a été professeur de philosophie au lycée de Chantilly. Des amis qui ont été ses collègues m'ont prêté le DVD du film réalisé par son ami iranien , Hormuz Kéy . Ce film était resté longtemps à l'affiche d'un cinéma parisien mais je ne l'avais pas vu . Sa vision m'a fort émue.
Christian de Rabaudy était une personne remarquable (j'allais écrire un personnage et cela pourrait mieux convenir). Il joue son rôle sans cabotinage, il est naturel . Physiquement d'abord avec sa moustache à la Tarkovsky , son oeil de verre suite d'un accident survenu lorsqu'il avait trois ans et demi , de la soude caustique lui ayant brûlé le visage et tué un oeil ; un départ difficile dans la vie , puis le diabète qui l'a mené à la mort à 57 ans .
Pendant les mois précédant son décès , Hormuz Kéy l'a filmé dans sa vie quotidienne entre son appartement parisien et la maison de Gouvieux , près de Chantilly.
Dans la rue , on pouvait le prendre pour un clochard , un bonnet enfoncé jusqu'aux yeux , jouant au pauvre qu'il n'était pas. Il lui arrivait de" faire" les poubelles trouvant des choses intéressantes ... Il raconte qu'il a interpelé une caissière du Franprix pour une promotion de café qu'il a payé au prix habituel ; par contre il est content d'un achat peu onéreux , le sac de pommes pour un euro, par exemple....
Il recevait des anciennes élèves qu'il aidait dans leurs recherches , Alessia , l'Italienne qui allait repartir en Italie , puis Natacha , la photographe russe, qui aimait le photographier et lui aussi se prêtait volontiers au jeu... Parfois on le voit au cours de ses nombreux séjours à l'hôpital Lariboisière à Paris...
Un moment terrible et émouvant : il enlève son maillot, et dévoile un buste d'une extrème maigreur... Ce sont les derniers moments... Le réalisateur a filmé avec une grande humanité , on sent entre eux une amitié , une confiance et un immense respect. J'ai beaucoup aimé , avec l'impression d'être passée à côté de quelqu'un qu'il aurait été bon de connaître ...