Les trop longues et dispendieuses vacances de « Monsieur H. » sommé de payer un loyer pour son séjour à Brégançon (acte1)

Publié le 22 août 2012 par Kamizole

Elles ne furent sans doute point aussi désopilantes que naguère celles de « Monsieur Hulot » qui me régalent toujours autant comme au demeurant tous les films de Tati. Il n’empêche, les réactions des chiens de garde de l’UMP plus stupides les unes que les autres s’agissant des vacances de François Hollande ne méritent qu’une mauvaise critique : leurs dialogues - sans doute concoctés dans les cellules « Radio-Perroquet SOS manque d’idées » de l’UMP sont nuls à chier. Ce qui n’a au demeurant pas de quoi me surprendre : dans l’exacte lignée de leurs habituelles attaques à l’encontre de François Hollande, du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et du Parti socialiste.

Je pourrais les traiter par le mépris qu’elles méritent mais c’est plus fort que moi : ils me donnent irrésistiblement envie de montrer mes crocs de scottish-terrier aussi hargneux que tenace. J’avais vu passer quelques titres sans avoir le temps de les ouvrir. Grâce à une recherche sur Google hier matin et en ouvrant les articles les plus significatifs j’ai fait provision nécessaire et suffisante. La curée peut commencer. Comme il faut bien qu’une démonstration soit ordonnée selon un ordre quelconque, celle-ci sera chronologique.

Acte 1 - l’épisode des dispendieux coussins pour équiper le fort de Brégançon.

Or donc, François Hollande a choisi - comme la plupart de ses prédécesseurs depuis Georges Pompidou, à l’exception notable de François Mitterrand - de passer ses vacances dans le Fort (désaffecté) de Brégançon, propriété de l’Etat et résidence officielle de vacances des présidents de la République.

Selon ce que j’ai pu lire notamment sur Ouest-France François Hollande : le Fort de Brégançon équipé de très chics coussins de luxe  (1er août 2012) cette nouvelle polémique est partie d’un minuscule article du Canard Enchaîné qui narrait dans son numéro du même jour « les mésaventures d’un chauffeur espagnol perdu sur les routes du Var et ne trouvant pas le Fort de Brégançon pour y déposer son précieux chargement ». Le GPS n’est pas fait pour les chiens, ce me semble.

Précieux en effet, car il s’agissait en l’occurrence « de quatorze cartons qui auraient contenu essentiellement des coussins de chez Kettal, entreprise qui est l’un des fleurons du design espagnol ». Leur montant a été estimé en se référant à un coussin de chaise de Kettal vendu sur Internet pour la coquette somme de 200 €. Pièce. Ce que je ne comprends pas - peut-être y a-t-il une explication - c’est que l’on ait fait venir ces coussins d’Espagne alors que l’article m’apprend que « Kettal possède une usine à Grenoble ».

In fine l’article pose la question de savoir s’il n’y aurait eu dans les cartons que des coussins « qui n'ont sans doute pas vocation à n'équiper que deux chaises... ». Sans doute mais j’imagine mal que sur la terrasse de Brégançon il n’y eût que deux chaises ! A moins de penser que les invités et visiteurs ne fussent priés de s’asseoir par terre.

Cet épisode remettrait-il en cause la volonté de François Hollande d’être un « président normal » ? Promesse dont Thierry de Cabarrus affirme dans une chronique sur Nouvel Obs qu’elle aurait été faite « dans l’exaltation de la bataille ». François Hollande et les coussins de Brégançon : la galère d’un président "normal" (3 août 2012). Pourquoi ne s’agirait-il pas au contraire d’un choix mûrement réfléchi et pesé ? Il a néanmoins raison d’affirmer que sur ce chapitre les médias cherchent constamment à le prendre en défaut autant sur le plan de sa vie privée que politique. D’où « si quelque chose lui échappe, sa présidence se transforme en galère ».

Nicolas Sarkozy nous donna le ridicule spectacle de l’UM/Posture lorsque lors de la campagne il essaya de nous faire croire que lui et Clara Bruni vivaient sur le même pied que Monsieur et Madame Toulemonde. Carla Bruni atteignant le summum du ridicule en déclarant - à la cantonade mais bien fort - dans une loge de télévision où elle attendait la fin d’une émission à laquelle participait Sarkozy : « nous sommes des Français modestes ». Bien forcée de réviser l’image du candidat et abandonnant toute prétention à celle du plus cultivé qu’il n’y paraît - grosse ineptie mensongère dans laquelle Frantz-Olivier Giesberg sauta à pieds joints lors même que nous savions pertinemment que Nicolas Sarkozy conduisait habilement les conversations sur les sujets - films ou livres - pour lesquels on lui avait préparé des fiches, sortes « Profil d’une oeuvre » en plus condensé - elle nous en bâilla de bien bonnes sur les loisirs télévisuels du couple Sarko-Bruni. Entre les séries télévisées auxquelles elle se prétendait « accro » et les retransmissions sportives - dont le Tour de France : elle prétendit qu’il l’y avait initiée - dont se gavait le président-candidat. Prière de ne point rire, SVP.

Encore conviendrait-il définir ce qu’il entend par un « président normal ». Sur le plan de la fonction, il est clair que contrairement à Nicolas Sarkozy il renoue avec la pratique du pouvoir de tous ces prédécesseurs : n’intervenant pas en permanence sur tous les sujets en brûlant la vedette à son Premier ministre ou à d’autres membres du gouvernement pour annoncer avant eux telle ou telle mesure. Selon la Constitution de la Ve République le Président de la République s’il définit les grandes lignes de la politique de la France laisse ensuite au chef du gouvernement la responsabilité de la mettre en œuvre, n’intervenant qu’en tant qu’arbitre le cas échéant. Il n’y a que la politique étrangère à faire partie traditionnellement du « domaine réservé » des présidents encore que ce ne fût point indiqué dans la Constitution.

Mais là encore, j’ai lu que François Hollande entendait laisser le maximum de latitude à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Alors que Nicolas Sarkozy les marginalisa, telle la pauvre girouette Kouchner forcé d’avaler force couleuvres. Sans même parler de la calamiteuse Michèle Aliot-Marie. Quant à Alain Juppé - une toute autre pointure - il suffoqua lorsqu’il apprit les menées de la « diplomatie parallèle » avec Bernard-Henri Lévy promu négociateur dans le conflit libyen. Et le très fort peu diplomate Boris Boillon nommé par Sarkozy à Tunis, ses incorrections à l’égard de la presse lui valent aujourd’hui de quitter son poste pour être remplacé par un véritable ambassadeur blanchi sous le harnais et respectueux de l’étiquette.

Sur le plan du mode de vie présidentiel, il est clair que François Hollande entendait rompre avec le « bling-bling » de Nicolas Sarkozy : ses dépenses fastueuses dont je n’ai pas l’intention de faire le détail, ce serait bien trop long, son goût pour l’apparat et le luxe. Que l’on songe seulement à l’avion présidentiel, tout ce qu’il aura coûté - et ses équipements ridiculement aussi superfétatoires que dispendieux. Les dépenses absolument délirantes pour organiser la rencontre des chefs d’Etat lors de la séance inaugurale de l’Union pour la Méditerranée qui n’eut de surcroît aucune activité par la suite et sombra entre les zizanies pour être achevée plus tard par les révoltes du « printemps arabe ». Avec pour point d’orgue une douche à 245.000 €… qui n’aura jamais servi !  (30 oct. 2009).

Aux Etats-Unis, Nicolas Sarkozy fut surnommé « one million man » par les journalistes : en six mois de présidence tournante de l'Union européenne et en y ajoutant les faramineuses dépenses du week-end d'inauguration de l'UPM, il avait réussi l'exploit de dépenser 1 millon d'euros... par jour !

Est-ce à dire que comme l’écrit Thierry de Cabarrus « il cherche-rait à donner aux Français le sentiment qu’il est comme eux » ? Dans une certaine mesure, oui. Quand bien même aurait-il à l’évidence un certain train de vie qui n’est pas celui des Français lambda. Mais il contraste à l’évidence avec Nicolas Sarkozy par une plus grande simplicité dans ses goûts (dont nous eûmes souventes fois l’exemple lors de la campagne électorale) qui n’est pas de façade. Et qui plus est, il est par naturel, autrement proche des gens qu’il écoute volontiers dans de vrais bains de foule qu'il affectionne (sans les barrières dont Sarkozy s’entourait avec de surcroît un impressionnant - et coûteux -service d’ordre).

Les coussins de Brégançon seront-ils le Fouquet's de François Hollande ?  (3 août 2012) s’interrogeait Bruno Roger-Petit dans une autre chronique du Nouvel Observateur considérant que s’est « faire beaucoup de bruit pour rien » ou, autrement dit « une tempête dans un verre d’eau ». A savoir qui s’y noiera.

Les journaux n’ont pas manqué de s’emparer de l’affaire pour faire monter la mayonnaise « et déclencher l'une de ces polémiques comme on les affectionne en France depuis quelques années, puisque portant sur le train de vie de ceux qui nous gouvernent (…) la machine à fantasmes s’est emballée ». Bruno Roger-Petit pointant à cet égard toutes les questions auxquelles personne n’est capable de répondre.

Mais qu’importe ! Il constate avec raison c’est pur nanan pour la droite qui cherche depuis le début du quinquennat à « rendre à la gauche la monnaie de la pièce du Fouquet’s» toutes les occasions étant bonnes : « Depuis le 6 mai au soir (souvenez-vous de la polémique sur le retour en avion de Tulle) les plus enragés cherchent désespérément à accrocher au dos de François Hollande l'équivalent symbolique du Fouquet's de Sarkozy. Un déplacement en TGV ? On calcule combien cela coûte. La sécurisation de l'appartement parisien du président ? On calcule encore. Un déplacement en avion ? On calcule encore et encore. Des coussins à Brégançon ? On calcule toujours... ».

Et s’agissant de cette « affaire des coussins » il pointe l’achar-nement de Lionel Luca - député Droite populaire - dont il souligne que « l’on sait désormais que son compte sur le réseau social Twitter est devenu le paradigme de l'idéologie de la droite française en 2012 et que fort logiquement il donne le "La" ne pouvant donc que consacrer un twitt à l’affaire des coussins ». Je vous en laisse découvrir la parfaite connerie satisfaite d’elle-même mais dans la lignée du pseudo humour de ce sinistre et stupide personnage : « F.Hollande en TGV pour Brégançon...et les coussins à 200€ pour se remettre de la fatigue ! quoi de plus "normal" ! ».

 

Bruno Roger-Petit va encore plus loin en soulignant qu’à chaque fois que la gauche fut au pouvoir la droite tenta de « discréditer celui qui la portait en s'en prenant à son train de vie. Chaque fois, elle a monté des campagnes de rumeurs et de dénigrement qui avaient toutes le même objectif et reposaient toutes sur la même mécanique : l'homme de gauche au pouvoir est un traître de classe dont le mode de vie est une injure à ceux qu'il prétend repré-senter ». Les personnes intéressées pourront lire son article à propos des nombreux exemples historiques qu’il cite.

J’y vois pour ma part le reflet de ce que je ne cesse de dénoncer : pour la droite, la gauche n’est pas légitime à exercer le pouvoir. Elle ne peut y accéder que par ruse et effraction et il importe de l’en chasser le plus vite possible.

Néanmoins, Lionnel Luca est bien trop stupide pour comprendre que l’épisode du Fouquet’s colla à Nicolas Sarkozy comme un sparadrap dont il ne put jamais se défaire et qui lui fut rappelé en toute occasion précisément par ce qu’il couvrit de largesses diverses les convives de la « bande du Fouquet’s » : tous ou peu s’en faut. PDG multimilliardaires des entreprises du COUAC-40 vivant des subventions ou des commandes de l’Etat. En n’ayant garde d’oublier Liliane Bettencourt…

Il manque à l’évidence de culture ne serait-ce que l’histoire de la Ve République. Sinon, il saurait que ce fut Georges Pompidou qui fit aménager en 1969 le Fort de Brégançon pour en faire une résidence de vacances. Ce qui dut représenter une sacrée somme d’argent pour les finances publiques. Je savais cela bien évidemment depuis cette époque mais par le plus grand des hasards je vis il y a peu sur LCP un documentaire au sujet des présidents de la République de la Ve République qui précisément montrait toutes les modifications du fort entreprises alors pour le rendre plus confortable et semblable à un lieu de villégiature.

Avant d’aller en vacances à Brégançon, Georges Pompidou les passait dans sa maison de campagne à Cajarc dans le Lot. Le reportage le montrant y vivant en toute simplicité - notamment en grand-père un peu gaga - et se promenant dans la campagne avec Claude Pompidou et accompagné de son chien, vêtu d’un pantalon de velours et d’une grosse veste de laine à la manière de n’importe quels paysans du coin - ce sont ses racines familiales - avec qui il n’hésitait pas à engager la conversation au bout d’un champ ou dans les rues de Cajarc. Un président « normal » quoi !

Comme les sujets sur les vacances de François Hollande que j’entends traiter sont nombreux et méritent d’amples développements, je diviserais mon article en autant de parties. La suite au prochain numéro…

Les trop longues et dispendieuses vacances de « Monsieur H. » sommé de payer un loyer pour son séjour à Brégançon (acte2)

Les trop longues et dispendieuses vacances de « Monsieur H. » sommé de payer un loyer pour son séjour à Brégançon (acte3)