Depuis les sondages de CROP et de Léger Marketing, la rumeur veut que le Parti Québécois remporte la prochaine élection, majoritaire ou minoritaire. Tous les commentateurs radios et télévisions ont embarqué dans la même charrette et agissent comme si c’était un fait accompli.
Je suis un de ceux qui pensent que le Parti Québécois (PQ) va gagner cette élection et je l’ai écrit, mais ce n’est pas suite aux sondages que j’ai fait mon analyse. C’est surtout à cause du « temps au pouvoir » qui use normalement un gouvernement et de la campagne anti-charestiste, entreprise il y a quelques années, qui a peint Jean Charest comme un homme corrompu à la tête d’un gouvernement corrompu. Combien de blogueurs, journalistes, commentateurs et analystes ont laissé entendre que c’était la vérité, sans vraiment posséder de preuves concrètes ?
Jean Charest a agi concrètement pour dénicher les coupables de corruption et de collusion dans la construction afin de les punir, qu’ils soient ministres, députés, ou membres de son parti. Il a aussi fait voter des lois anti-corruption, mis en place une unité policière UPAC qui apporte des résultats impressionnants et il a créé la commission Charbonneau qui entreprend une large enquête sur toutes les spirales d’allégations dans le domaine de la construction.
Jusqu’aux débats, la campagne de Pauline Marois, chef du PQ, se déroulait bien. Son image est parfaite. Elle a l’air d’un premier ministre. Elle est bien coachée par ses « faiseurs» d’images. Elle a un « plan de match » et l’a suivi religieusement, jusqu’au débat. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Mais le débats sont arrivés. Et là, elle a fait des faux pas. Certes, Jean Charest, malgré son expérience comme « debatter » a eu l’air par moment arrogant, énervé, mais il a frappé sans cesse le clou sur la tête et Marois est tombée dans le panneau.
Pauline Marois a affirmé sans détour qu’elle veut un référendum pour séparer le Québec du Canada. Elle fera tout, dit-elle, pour en avoir un. Erreur… Elle a oublié momentanément que la grande majorité des Québécoises et des Québécois ne veulent pas de référendum et veulent demeurer canadiens.
De plus, Marois a parlé de la langue française au Québec. Elle a affirmé, que nonobstant qu’il y ait 800 000 anglophones au Québec, elle refuse de participer à un débat politique en langue anglaise parce que, dit-elle, la langue officielle au Québec est le français. De plus, elle a affirmé qu’elle changera les lois sur la langue forçant tout Québécois voulant devenir candidat à un poste électif au Québec, même le plus petit, à prouver qu’il maîtrise la langue française. Elle a ainsi disqualifié des centaines de milliers de Québécois qui ne parlent que l’anglais ou une autre langue. De plus, elle a ajouté que cela inclus les autochtones, dont un très grand nombre ne parle ni le français ni l’anglais. Donc, un Québécois anglophone ne pourra devenir commissaire du Protestant School Board de sa municipalité et un autochtone du village nordique québécois Kuujjuaq ne pourra être conseiller municipal, et cela même si leurs commettants veulent l’élire à ce poste. Quelle belle démocratie Pauline Marois nous prépare ! Je suis certain qu’une large majorité de Québécois n’approuve pas une telle étroitesse d’esprit.
Quant à la section du débat touchant la corruption, celle où Jean Charest devait se faire accabler, Pauline Marois a déçu avec son argumentation basée seulement sur des allégations non prouvées. Jean Charest s’en est relativement bien sorti, selon les commentateurs politiques.
Le vrai visage de Pauline Marois a été dévoilé durant les débats et cela lui fera inévitablement mal. Je crois que les Québécois ont l’esprit plus ouvert que Pauline Marois pense. Elle en a désappointé plus d’un avec ses positions électorales sur le référendum, la langue et la corruption.
Un premier signe des réactions au débat a été donné ce matin par la firme Forum Research (FR) d’Alberta. Le sondage annonce une grande surprise, un revirement spectaculaire des sondages précédents. Il place Le parti libéral à 35%, le PQ à 29%, la Coalition Avenir Québec (CAQ) à 24% Québec solidaire (QS) à 9%. J’ai peine à y croire, même si j’estimais que la prestation de Pauline Marois aux débats lui coûterait des votes. Quelques uns diront que ce sondage ne vaut rien puisqu’il vient d’Alberta, hors du
Québec, au pays des fédéralistes et de la province de Stephen Harper, le PM canadien.
Le « Forum Poll” est un sondage de l’opinion publique canadienne et reconnu comme le plus fiable du pays. Il s’intéresse au pouls des canadiens en rapport avec la politique fédérale, provinciale ou municipale. Il a prédit précisément plusieurs élections passées incluant les récentes de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. L’équipe de programmeurs et d’analystes du « Forum Poll » est dirigée par Lorne Bozinoff Ph.D. qui s’occupe de sondage depuis les trente dernières années dont six à la tête du « Gallup Poll. Il a été un des premiers à prédire la montée de Jack Layton.
Il ne faut pas prendre ce dernier sondage avec un grain de sel. Si j’étais organisateur de Pauline Marois, j’en analyserais toutes les données sérieusement.
Claude Dupras