Le domaine Casavyc se trouve à 9 km de Scansano, dans la province de Grosseto, c’est-à-dire le sud de la Toscane, la fameuse Maremma. C’est un endroit encore très sauvage et peu connu, je dirais même qu’il y a encore tout à découvrir, un endroit riche en foret et bois, mais aussi en pâturages, une position centrale entre les plages de la côte et le Mont Amiata, un volcan ancien.
C’est en 2004 que l’aventure pour Viviana Filocamo et son mari Claudio a commencé avec un projet clairement défini : celui de produire des vins qui ne s’arrêteraient pas aux environs locaux mais qui pourraient aisément se confronter sur un niveau national et encore mieux international , d’où le choix des variété plantées, je parle ici de Syrah, Grenache et Mourvèdre, des vignoble liés au sud de la France, à la Vallée du Rhône, qui ont trouvé en Maremma les conditions idéales à leur épanouissement, mais aussi au Pinot Noir, un vrai défi, une passion, qui grâce au climat et à la nature du sol, les a convaincus à « oser », avec des premiers résultats très encourageants. « Il ne s’agit pas du tout de copier la Bourgogne, mais de trouver la bonne interprétation qui donnera assez d’espace aux diversités climatiques et territoriales tout en respectant les notes caractéristiques variétales » nous dit Viviana.
Leur Morellino est un exemple de vin parfaitement équilibré, les fruits sont généreux, j’en avais déjà parlé dans mon article du 10 juillet après avoir dégusté auprès du Consortium de l’Appellation les vins du millésime 2009 (retrouvez tous les commentaires de cette dégustation horizontale en cliquant ici , ainsi que toutes les informations pour apprendre à connaître l’appellation Morellino di Scansano).
Mais pourquoi vous parler de choix aussi originaux dans un contexte où tout le monde souhaite faire des vins qui reflètent un lieu et des traditions? Parce que la palette large d’expériences que les producteurs toscans pouvaient faire sous l’ombrelle des IGT vient de prendre un coup de massue.
En effet, en Octobre 2011, une toute nouvelle appellation a vu le jour dans la région, cette appellation s’appelle Maremma Toscana DOC et elle remplacera définitivement l’IGT Maremma Toscana ; les producteurs auront donc la possibilité d’apposer sur leurs étiquettes cette AOC qui comme toutes les AOC introduit une certaine rigidité en baissant également les rendements ; cela devrait signifier également une hausse de la qualité mais malheureusement cette nouvelle AOC est un peu trop généraliste, elle ne reflète pas vraiment le caractère des différents terroirs et elle n’as pas pour fin de cibler la qualité, le territoire qu’elle couvre est immense.
Si nos amis producteurs se plaignaient déjà que certaines appellations, comme par exemple celle du Morellino di Scansano, englobaient un territoire trop vaste qui part des montagnes et arrive jusqu’à la mer, imaginez-vous une AOC qui protège toute une région ?!
Ceux qui font parties des appellations les plus difficiles à marketer, ceux qui n’ont pas de marché, seront ravis de passer sous cette AOC qui leur permettra de parler de la « région Toscane » avec plus de facilité sur les marchés internationaux, mais toute l’expérimentation que l’on pouvait faire avec les IGT disparaitra et posera en échec ceux qui font des choix courageux de plantation et d’essais et des appellation difficiles à vendre comme par exemple le Monteregio di Massa Marittima sont, à mon avis, destinées à disparaître, enterrant également la fameuse tendance à maintenir ou s’approprier et améliorer les traditions.
Les producteurs de petits vins, inonderont le marché avec des produits aux prix imbattables, comment expliquer aux acheteurs alors que d’autres vins (plus qualitatifs) ont des prix 10 à 20 fois supérieurs ?
Des producteurs très actifs comme Gianpaolo Paglia de Poggio Argentiera, lui aussi producteur de Morellino di Scansano depuis belle lurette, résume la situation ainsi : « C’est un instrument erroné qui devrait servir à faire de bonnes choses… ».
Après une période où il s’était laissé séduire par les notes et commentaires de dégustation des guru internationaux, il a choisi de ne faire que des vins représentatifs de leur terroir et des raisin locaux, tout en bio, des vins avec une grande personnalité, qui ne rentrent dans aucun standard, qui n’utilisent pas les variétés internationales comme le Cabernet Sauvignon ou le Merlot et cela sans œnologue conseil, sans additifs, sans levures…et pourtant il est le premier à dire qu’il faut de l’expérimentation, que les IGT avaient cela de génial !
Cerise sur le gâteau, une des dernières « Erga Omnes » européenne prévoit que même ceux qui ne font pas partie d’une AOC (on parle donc là des IGT) vont être obligés à cotiser auprès des Consortiums car ils bénéficient « en quelque sorte » de l’aura que ces AOC donnent à leur territoire et bénéficient également de leur politique…n’est pas ce dernier mot le plus important et envahissant de ce post ?