Alors j'ai craqué pour ce poche réédité en mars 2012, la première version datait de 1987. L'auteure tente ici de dresser le portrait juste de sa mère décédée le 7 avril 1986. Une curieuse lecture quand on a lu aussi L'autre fille. La proximité du deuil a sans doute laissé ici la tendresse prendre le pas sur la rancoeur car leur relation semble enfin apaisée (ou presque) et m'a fait penser au Grandir de Sophie Fontanel...
L'extrait ci-dessous démontre cependant combien ce sentiment de lecture n'est peut-être qu'un exercice de style en forme de détachement.
"En écrivant, je vois tantôt la "bonne" mère, tantôt la "mauvaise". Pour échapper à ce balancement venu du plus loin de l'enfance, j'essaie de décrire et d'expliquer comme s'il s'agissait d'une autre mère et d'une fille qui ne serait pas moi. Ainsi, j'écris de la manière la plus neutre possible, mais certaines expressions ("s'il t'arrive un malheur !") ne parviennent pas à l'être pour moi, comme le seraient d'autres, abstraites ("refus du corps et de la sexualité" par exemple). Au moment où je me les rappelle, j'ai la même sensation de découragement qu'à seize ans, et, fugitivement, je confonds la femme qui a le plus marqué ma vie avec ces mères africaines serrant les bras de leur petite fille derrière son dos, pendant que la matrone exciseuse coupe le clitoris."
Editions Folio
La dernière image de la citation fait froid dans le dos mais révèle bien cette ambivalence.