Chantez avec nous cette première montée dans l’aurore, cette Présentation hardie d’une petite fille du peuple juif :
Ce jaillissement vers le Très-Haut, cette fugue soudaine et droite comme d’un ballon captif ;
Cette aspiration irrésistible de l’églantine et du chèvrefeuille aux mains blanches tendus sous la futaie vers les rayons de midi !
Chantez avec nous la fleur de l’herbe précipitée par son cœur sur les marches du Paradis.
Au dispensateur de la semence, doit répondre une terre sans défaut.
Seigneur, pour exalter jusqu’aux cieux le timide élan de nos collines Vous avez désiré notre sol où rebondissent les oiseaux.
Vous avez enchaîné Votre Toute-Puissance créatrice au bon vouloir de l’homme et à l’acquiescement.
Pour Vos fiançailles avec la terre Vous avez suscité le geste abandonné de la Femme et la parole qui consent
Ce n’est pas que nous soyons tellement sûrs de nous mais puisque Vous nous greffez, Seigneur, sur Votre tige,
Comme la Vierge enfant qui franchit les saints degrés sans effroi nous jaillirons vers Vous, et sans vertige.
Le diamant de votre Signal à jamais dans notre pupille est incrusté, Je Vous affronterai, Seigneur, avec mes frères, levant la gerbe de nos mains et de nos rêves,
Malgré l’achoppement de nos pas et les ressacs de notre cœur sentant Votre force en nous qui nous arrache et nous soulève.
Il grincera des dents celui qui se refuse à Ta miséricorde et il se mordra les mains et insultera le ciel.
Car il ne s’est pas ouvert à l’Amour plus vaste que l’offense il a préféré la condamnation sans appel.
Mais nous, sur des clairons d’argent, nous annoncerons Ta Clémence, notre péché a fini de mordre et le voici au fond de nous comme une braise qui s’éteint.
La promesse de Ton Visage nous a précipités sur les marches de l’Offrande – Tes mains de calme lumière nous accueillent dans le saint des saints.
Henry de JULLIOT (Né en 1913).
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