“Sa femme l’a mis dehors, son CDD n’est pas prolongé. Philippe est happé dans une spirale infernale et passe de l’autre côté de la barrière sociale : SDF, confronté à la dure loi de la rue, faite de solitude, de honte et de violence. Jusqu’au jour où il rencontre Baudelaire. Grâce à cet inénarrable compagnon d’infortune, et avec l’aide d’un vendeu de kebab, d’une riche veuve et d’une dame pipi, il réussit à remonter la pente. Et à retourner à une vie normale. “
J’avoue que j’ai été un peu étonnée de constater que la rencontre avec Baudelaire dont il s’agit n’est pas celle que j’imaginais. Mais cela n’a fait que piquer ma curiosité davantage et me donner envie de lire d’une traite ce roman.
Passionnant, touchant et si réel, Un Hiver avec Baudelaire conte la déchéance du jeune Philippe, 27ans. Divorcée, sans emploi et sans domicile, il va connaître la dureté de la rue, l’abandon de ceux qu’il considérait comme des amis, la honte d’avouer sa situation à ses parents…
Il doit faire face, mais de déconvenue en mauvaises surprises, il va s’effondrer pour mieux remonter la pente par la suite, mais pas sans l’aide de rencontres inattendues.
Harold Cobert avec un style sobre, direct, nous raconte le parcours chaotique de son héros. Le découpage en chapitre très court m’a permis de dévorer le livre en une nuit. Je ne pouvais pas m’arrêter. J’avais besoin de savoir comment Philippe allait s’en sortir, s’il allait retrouver sa fille, la princesse de l’Aurore.
Un hiver avec Baudelaire est un beau roman plein de vie, d’espoir, de courage et d’humanité.
Histoire dans l’histoire, le conte du Prince des étoiles et de la Princesse de l’aurore, que Philippe raconte à sa fille, est une merveille. Je songe bien l’utilisée quand mes nièces me réclameront une histoire pour s’endormir…
“Il y a très longtemps, selon une légende très ancienne, les étoiles n’existaient pas. La nuit, le ciel était
noir comme de l’encre. C’était le territoire des dieux et des esprits malins, interdit aux hommes. Le cré-
puscule tombé, plus personne ne sortait de chez soi, car une guerre farouche faisait rage entre les puis-
sances du ciel et celles des enfers. Personne, à l’exception d’un jeune homme et d’une jeune fille. Ils
s’aimaient, mais appartenaient à deux villages ennemis. Lorsqu’ils étaient ensemble, leur bonheur était tel
qu’ils devenaient lumineux, et cette lumière troublait l’obscurité et les plans des luttes divines. Une trêve
exceptionnelle fut décrétée entre les forces célestes et les forces souterraines. Elles s’allièrent pour capturer
les deux amoureux. Elles les séparèrent. Le jeune homme fut emprisonné dans le ciel et la nuit ; la jeune
fille condamnée à ne vivre que sur la terre et dans le jour. Le jeune homme pleura tellement que ses larmes
percèrent le rideau nocturne de petits accrocs scintillants qui devinrent les étoiles. Par ces brèches étince-
lantes, il scrutait sans relâche la surface du globe pour tenter d’apercevoir sa bien-aimée. Celle-ci se levait
avec l’aurore et, pendant les quelques minutes où les étoiles s’effacent lentement de la pâleur du ciel, elle
fixait à s’en étourdir, sans jamais ciller, les mille yeux de son amoureux. Ses pleurs inondaient alors le monde
d’une fine pellicule qu’on appelle aujourd’hui la rosée.”