après m’avoir ému avec ses histoires “bretonnantes” et sensibles de marins (voir “3 éclats blancs”) Bruno Le Floc’h change de style avec une grande aventure maritime, période seconde guerre mondiale…
Scénario et dessin de Bruno Le Floc’h
Public conseillé : Adolescent, adulte
Style : Aventure maritime, polar T1 paru chez Dargaud, Avril 2011, T2 en Janvier 2012, T3 le 24 Aout 2012 Share
Mes Partenaires
L’histoire du premier tome (Méditerrannée)
Au milieu de la Méditerranée, sur le “prospect of Whitby”, rien n’est simple. Entre le capitaine Tana, invisible maître du bateau, le lieutenant anglais Harris, en passant par Sorinso, un mexicain accompagné de son groupe de “compadre”, difficile de s’y retrouver…
Grâce à Harris, petit lieutenant pervers et imbu de sa personne, l’équipage met la main sur une cargaison d’armes illicites, mais ce n’est pas lui qui en profite. Avec l’aide du commandant Tana, l’étrange Sorinso se révèle être l’instigateur de l’opération. Ni une ni deux, il se débarrasse du lieutenant, pour récupérer les armes qu’il destine à “sa” précieuse révolution mexicaine.
Mais la partie n’est pas gagnée. Pour passer les douanes, le bateau est maquillé et les armes camouflées parmi le reste de la cargaison. Ce savant tour de passe-passe est mené pendant quelques jours de “panne” en pleine Méditerranée et permet de doubler Gibraltar.
Le second tome (Atlantique)
Changement de décor. Finies la chaleur et la langueur du bassin méditerranéen. Ici, ça bouge, ça tangue.
Le tome 2 se concentre sur la traversée de l’atlantique. C’est un voyage de tous les dangers que Tanna et son cargo vont affronter. Si la tempête et les u-boot qui rodent sont des dangers mortels palpables, le risque vient aussi de l’intérieur. Le camouflage total des précieuses armes fait monter la pression entre le capitaine et Sorinso. Ca ne s’améliorera pas avec l’arrivée d’un inspecteur de douane particulièrement tatillon.
Le 3ème et dernier tome (Métisse)
Le 3e album de Chroniques Outremers clôt l’aventure maritime et humaine. Le Floc’h y consacre l’ultime étape du voyage : livrer la cargaison aux guérilleros. Mais le fleuve mexicain se révèle un vrai piège. Entre Sorinso, qui se sent sur son territoire et une navigation périlleuse, le capitaine Tana, a fort à faire. Pourchassé par les militaires mexicains, il livre son dernier combat…
Ce que j’en pense
Lire une bd de Le Floc’h est pour moi un vrai bonheur. Attiré par la mer, je retrouve dans ses albums la vérité, la simplicité de ce milieu unique. Outremer pue l’iode et le goémon !
Au premier contact, peut être trouverez-vous son dessin trop minimaliste, trop “simple”. Et pourtant, il n’en est rien. Le Floc’h a choisi “l’économie de moyen”. Tout en épure, il croque les situations et les ambiances par un trait clair et évident. Avare de superflu, mais généreux d’essentiel, Le Floc’h dessine avec justesse et élégance paysages, navires et humains. Il y a dans son dessin la même recherche d’absolu qu’un Pratt dans ses Corto. Peu de mots, peu de lignes, mais tout y est !
La mer, la vraie
Le Floc’h est marin et dessinateur. Il ne nous trompe pas. Ses navires tanguent sur les vagues, ses hommes ont le mal de mer et dégringolent. En observateur exigeant, Le Floc’h nous immerge au milieu d’une mer en perpétuel changement qu’il connait sur le bout des doigts.
La narration
S’il maîtrise parfaitement le contexte maritime, Bruno Le Floc’h n’oublie pas son histoire. Ses personnages ont des gueules, un passé et des aventures à vivre. Car c’est bien d’aventure dont il s’agit. Les dialogues sont à l’économie, eux aussi, mais la dramaturgie est bien présente. Ses personnages ont une aura et une présence dignes d’un roman de Conrad. Tout en retenue, en non-dit, ils sont excessivement présents et inspirent le respect.
En évitant d’en dire trop, quitte à patauger un peu, Le Floc’h nous met au centre de son histoire, afin que le lecteur trouve de lui même ses repères. Merci, Mr Le Floch, de nous traiter en adulte.
Scénariste et dessinateur, Bruno travaille l’ensemble de son oeuvre. En s’immergant dans son histoire, les personnages avec leurs aspects s’imposent à lui. Le résultat : des personnages bien campés et jamais caricaturaux.
Pour résumer
Embarquez avec Bruno le Floc’h pour une aventure maritime entre guerre et contrebande. Lors de ce voyage initiatique, apprenez à connaitre cette fraternité si vous ne voulez pas finir avec les requins. la loi de la mer et de ses hommes est intraitable.
NB : J’ai finalisé cette chronique, suite à une rencontre impromptue en Bretagne avec l’Auteur. Merci à lui pour ce beau moment.
Mes Partenaires
Cette critique fait partie de l’opération “la BD du mercredi” de Mango