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Une activité saisonnière

Publié le 22 août 2012 par Corboland78

Dans un épisode précédent j’avais déjà évoqué cette activité suspecte qui commençait à me charmer, je veux parler de la sieste. Comme par hasard les deux billets trouvent leur actualité durant la période estivale.

Il faut dire que la semaine dernière, absent ici pour cause de congés, rattrapé par la canicule comme un maraudeur par la patrouille, j’ai eu tout loisir de m’exercer à ce que dorénavant j’appellerai le noble art. S’il subsistait un doute dans mon esprit, il est aujourd’hui évaporé, la sieste est une pratique honorable qui n’est pas réservée aux petits vieux et aux bras cassés des latitudes sud.

Par ces fortes chaleurs, tomber en léthargie est bien naturel et chacun l’accepte assez volontiers, le prétexte étant suffisamment fort pour annihiler le frein psychologique. Par contre, il faut faire un effort pour passer au-delà, faire de cet instant injustement qualifié de flemmardise, un doux moment de récupération. Une pause salutaire qui arrête le temps, un arrêt image pour savourer l’instant.

Je n’ai pas encore atteint le stade ultime, l’acte volontaire. Je ne m’installe pas pour siester, comme je me couche le soir pour dormir. Je laisse les choses se faire simplement. Dans le canapé ou le fauteuil, j’abandonne ma lecture progressivement, mes yeux se plissent, s’entrouvrent puis se ferment. Je ne résiste plus à cet appel comme autrefois. Je me laisse glisser, prisonnier consentant. Journal et lunettes déposés sur la table, mon corps s’avachit, mon esprit tente de s’échapper vers je ne sais quelles contrées, ma conscience de prendre la poudre d’escampette. Je suis bien.

Le somme n’est guère profond, je surfe sur la ligne de partage entre éveil et sommeil et c’est justement cela qui fait tout le charme de la sieste et la différencie avec l’endormissement nocturne. Une zone d’engourdissement cérébral, vaporeux comme un rêve éveillé. Ici le cauchemar n’a pas de prise, la félicité prend ses aises. Seul un bruit extérieur peut contrarier mon bonheur.

Le retour à la réalité est sans heurts, je ne reviens pas de si loin, d’ailleurs le voyage a été plus court que je ne l’’imaginais, si j’en crois l’horloge. Mais le trajet a été si agréable et confortable qu’après plusieurs excursions de ce type, il est difficile de ne pas y succomber bien souvent.

On dit que l’homme fort est celui qui fait plier les désirs de son corps à la volonté de son esprit. Le « siesteur » accompli est au-delà de cette logique, son esprit et son corps vont à l’unisson, il n’y a pas combat, ni force ni résistance, bien au contraire, l’un et l’autre se laissent aller heureux tous deux de sombrer dans la torpeur.   

La sieste, une activité saisonnière qui ne demande qu’à s’étendre – confortablement - tout le reste de l’année.   


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