Un petit livre savant à la portée de chacun, acheté au musée de Vesunna (Périgueux).
La traduction d’un ouvrage grec, même actualisée, est moins attractive que la lecture d’un bon polar. Son attrait pour moi ? Les aquarelles réellement magiques de Jean-Claude Golvin qui présentent en vues cavalières les villes et les hommes du premier siècle, comme si nous étions un oiseau les survolant …
En fait, le texte est celui de relation complète du Livre IV de la Géographie de Strabon, auteur grec écrivant autour de l’an 18. Entre l’Espagne et l’Italie, qui forment la matière des livres III et V, ce livre, véritable guide pour le voyageur de ce temps, est consacré à la Gaule, à la Bretagne et à l’ensemble du massif alpin. Strabon décrit la Celtique transalpine en commençant par Marseille, le long du littoral puis en remontant le Rhône, puis l’Aquitaine et les pays se situant jusqu’à la Manche, vers l’infini … et au-delà, comme dirait Buzz l’éclair.
Evidemment, l’homme du temps, même très cultivé comme Strabon, ne possède pas de carte, et guère plus d’instruments pour se diriger. Ainsi, dans sa géographie, la chaîne des Pyrénées est-elle parallèle au Rhône et donc d’orientation Nord Sud. Autre étrangeté : l’importance du massif montagneux des Cévennes….
Ensuite, la description des peuplades qui coexistent sur le territoire conquis par César en 52 avant J-C, selon de leur degré d’assimilation à Rome ou leur degré de barbarie comme cette coutume d’enclouer aux portes de leurs temples les têtes de leurs ennemis viancus. Enfin, les villes et leurs richesses sont décrites succinctement et là, l’apport fantastique de l’ouvrage est constitué par les aquarelles de Jean-Claude Golvin, jusques et y compris ses fonds de cartes telles qu’on les imaginait à l’époque.
Strabon s’enorgueillit d’avoir été, de tous les géographes, celui qui a le plus voyagé de par le monde et qui est allé le plus loin en Occident. Il a aussi utilisé les écrits des géographes, historiens, philosophes antérieurs, qu’il ne se prive pas de critiquer pour leurs inexactitudes ou exagérations. Ainsi cite-t-il Poseidonios, Polybe et Artémidore d’Ephèse… La compilation et le plagiat sont donc bien antérieurs à l’utilisation abusive d’Internet …
En route donc, ceux que n’effraie pas la traversée d’un peuple arrogant, barbare, inconséquent, courageux mais sans méthode de combat … bref, rien en change à travers les siècles ! Vous aurez reconnu : la porte de Toulouse, Lyon et sa presqu'île, la construction du "pont" du Gard, Lutèce, un quai ... ainsi que la carte de la Gaule telle que la voyait Strabon quelques années après la naissance du Christ.
Voyage avec Strabon, la Gaule retrouvée, Texte et traduction de Patrick Thollard, dessins de Jean-Claude Golvin, éditions Errance, collection Promenades archéologiques - 232 p. 29,50€