Périple historique sur le toit du monde !
Il aura donc fallu attendre quatre ans pour connaître la conclusion de ce diptyque himalayen, de quoi mettre la patience d’un moine bouddhiste rudement à l’épreuve.
Le lecteur retrouve donc le massif himalayen, dans le Népal du XIXème siècle, sous le joug des colons britanniques et dont les frontières sont de plus en plus hermétiques. Le premier volet invitait à suivre le périple d’un père de famille, rongé par le remord d’avoir abandonné son fils sourd-muet à des moines bouddhiste afin qu’il puisse échapper aux brimades des autres enfants de son âge. Si cet album permettait à Lax d’aborder le rôle des pundits, ces espions cartographes qui font des relevés topographiques de la région pour le compte des anglais, la fin abandonnait le vieux Calay en bien mauvaise posture, capturé par la police locale. Le sort de sa famille n’était d’ailleurs guère beaucoup plus reluisant avec deux fils en dispute car il convoitaient la même femme, dont un finissait par s’engager comme militaire chez l’ennemi britannique.
Ce deuxième volet débute d’ailleurs par le retour du fils prodigue qui, constatant l’état de santé de sa mère et l’absence de son père, décide de déserter l’armée afin de se lancer sur les traces de son père et de son jeune frère bouddhiste. Le contexte historique demeure très intéressant et ce nouveau périple dans les montagnes du Népal est à nouveau parsemé de nombreuses embûches. Cette suite permet non seulement de retrouver le policier qui a traqué son père, mais également de faire la connaissance de Tashi Bhai, un vieil amchi qu’il sauve d’une attaque de brigands. Les personnages sont particulièrement attachants et portent véritablement ce récit très humain dont le thème principal est la famille. A travers la destinée de cette pauvre famille népalaise et d’un père de famille tourmenté par des choix nécessaires à la survie de son foyer, l’auteur livre donc une quête familiale touchante. Une histoire familiale qui contribue également à refléter le contexte géopolitique et culturel de l’époque : la colonisation britannique, le mode de vie des paysans himalayens, des frontières de plus en plus hermétiques, la culture et les traditions népalaises.
Visuellement, on retrouve Jean-Claude Fournier, cet ancien qui a dessiné Spirou pendant des années et qui nous surprend à mettre en image des paysages somptueux et des destinés émouvantes au sein d’un contexte historique ultra-réaliste. Il réussi parfaitement à adapter son style au sujet abordé par Lax et contribue à nous faire voyager à travers le temps, sur le sommet du monde.
Retrouvez cet album de la collection Aire Libre de Dupuis dans mon Top de l’année.
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