Budget 2013 : l'équation impossible du gouvernement

Publié le 21 août 2012 par Flavienneuvy

Les choses sérieuses commencent pour le gouvernement Ayrault : il va falloir construire le budget 2013 en respectant tous les engagements du candidat Hollande. Les deux axes principaux sont : ramener le déficit à 3% du PIB tout en préservant les classes modestes et moyennes. Autant le dire tout de suite : c'est mission impossible. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. D'abord, pour faire passer le déficit de 4,5% en 2012 à 3% en 2013, la Cour des comptes a estimé début juillet qu'il fallait trouver 33 milliards d'euros (1 point de PIB = 20 milliards environ). C'est un montant très important et pour y arriver, le gouvernement a 3 solutions : augmenter les recettes (hausse des impôts), baisser les dépenses ou faire un peu des deux. Je pense que le gouvernement va essayer de faire les deux. Mais ce sera difficile pour plusieurs raisons : la baisse des dépenses est très mal vue par la gauche du PS et l'extrême gauche et la hausse des impôts est pratiquement impossible compte tenu du poids déjà écrasant de la pression fiscale. Par ailleurs, le gouvernement dans le cadre du PFL rectificatif 2012 a fait le plus facile : il a fortement augmenté les impôts des plus riches et ne pourra pas aller au-delà. Donc, fort logiquement, pour augmenter les recettes fiscales en 2013, François Hollande sera obligé de se renier et de taxer les classes moyennes. Mais le plus compliqué n'est pas là. En effet, dans son calcul, la Cour des comptes est partie sur une hypothèse de croissance de 1% en 2013. Moscovici vient de confirmer que son scénario anticipe une croissance de 1,2% en 2013. Il est le seul à le croire aujourd'hui...En effet, le consensus Forecasts vient d'être ajusté à 0,9% en 2013...Il faut dire que la croissance a été nulle au premier et deuxième trimestre 2012, la Banque de France anticipe même un recul du PIB au troisième trimestre. Dans ces conditions, on voit mal comment la croissance pourrait dépasser les 1% en 2013. Une seule bonne nouvelle : les conditions d'emprunt de notre pays sont très favorables et nous empruntons même à taux négatifs sur les échéances courtes. Du coup, il y aura quelques milliards d'économies réalisées grâce à la baisse des taux. Cela n'enlève rien à la complexité de la situation pour boucler le budget de l'année prochaine d'autant que le gouvernement a annoncé qu'il n'augmenterait ni la TVA ni la CSG.

Dernière hypothèse : le gouvernement renonce à son objectif des 3% de déficit en 2013. A gauche, de nombreuses voix s'élèvent pour une telle décision qui aurait des conséquences sur les conditions de refinancement de notre pays sur les marchés.