« Et je crois bien qu'en temps de guerre, pour un enfant, les années comptent double. »
Max est un bébé issu du programme Lebensborn dont l'objectif principal était de pallier à la mort de nombreux soldats en offrant à la mère patrie des aryens pure race.
Sara Cohen-Scali dépeint un chapitre de la seconde guerre mondiale méconnu et inédit dans la littérature jeunesse. Celui de l'eugénisme avancé, d'un programme pesé dans les moindres détails et dont les conséquences ont été plus que dévastatrices. En effet, on estime qu'environ 220'000 enfants sont nés ou ont été arrachés à leur famille dans le cadre du Lebensborn.
Les écueils étaient donc nombreux et l'auteure s'est attelée au sujet avec courage, objectivité et rigueur. Aucune sensiblerie ni démagogie, extrêmement bien documenté, Max fait dorénavant partie des lectures incontournables pour aborder les dérives de la pensée unique.
J'ai dû arrêter ma lecture à plusieurs reprises pour faire le point, penser, réfléchir, réaliser, intégrer la vérité de l'Histoire. Le fonds, la supériorité des blonds aux yeux bleus, semblant provenir d'une telle bêtise et ignorance crasses. Même si je connaissais déjà plusieurs pans de l'Histoire, ce concept acquis par des millions de personnes m'est extrêmement difficile à assimiler. Les faits sont pourtant là. Inévitables.
La lecture est d'une grande force malgré certaines facettes hermétiques qui m'ont empêchée d'être totalement immergée. Est-ce en raison de la densité documentaire ? Par la forme narrative à la première personne qui ne m'a pas permise d'être en empathie avec Max, enfant somme toute méprisable malgré ses failles humanistes ? Je n'ai pas la réponse et qu'importe ! Le livre existe. Il est essentiel.
Dès 15 ans.
Gallimard, 480 pages, 2012
Extrait
« Elles désirent adopter un nouvel enfant dans l'espoir d'obtenir la croix de bronze, d'argent ou d'or. (Des croix sont décernées aux mères allemandes les plus méritantes lors d'une cérémonie officielle qui a lieu une fois par an, le 12 août, jour anniversaire de la mère du Führer. Les femmes qui ont quatre enfants reçoivent la croix de bronze, celles qui en ont six, la croix d'argent, et les plus vaillantes, qui en ont huit ou plus, la croix d'or. Les croix donnent droit à de nombreux avantages : des primes, des allocations, l'attribution d'une bonne à tout faire prise dans le lot des prisonnières qui peuplent les camps, etc.) ».