Mais quitte à revisiter les années 80, il FAUT (impératif catégorique) aller voir le beau film de Carine Tardieu, "Du vent dans mes mollets", et pas uniquement pour son casting impeccable et juste. D'abord, il y a Agnès Jaoui. Contre-emploi total, la Jaoui mordante et sophistiquée s'est transformée en mère juive étouffante, empâtée, négligée, cheveu gras... Ophtalmo et ménagère. La femme qu'on ne remarque plus. Isabelle Carré, jeune divorcée avec enfants, sorte de pré-bobo chez qui on dit des gros mots en se gavant de Nutella devant la télé. Denis Podalydès, le père, installateur de cuisines, discret et amoureux. Judith Magre, la grand-mère un peu aphasique. Il y a surtout deux petites filles à la présence sur l'écran incroyable, deux personnages qui portent le film, Rachel et Valérie, deux copines de classe qui découvrent le monde avec leurs yeux d'enfants. L'école, la vie, les gens, le sexe. Une psy, Isabella Rossellini, qui recueille les confidences d'enfants et d'adultes un peu largués.
La bande-son est juste, chaque morceau est amoureusement choisi et donne du sens aux images. On y entend Kare Bush, Richard Sanderson. Chapeau au décorateur qui a su reconstituer la France de 1981. On entend le candidat Mitterrand parler à la télévision. On revoit quelques pubs d'époque. On voit une sublime R16 jaune. On est en immersion totale. On replonge dans une part d'enfance. Mais qu'on ne s'y trompe pas. "Du vent dans mes mollets" n'est pas une reconstitution sociologique minutieuse des années 80. On y trouve ce qui faisait le charme du "Skylab" de Julie Delpy, la chronique familiale, l'humour. On y trouve aussi beaucoup de profondeur et de gravité. Le regard de l'enfant sur le monde des adultes est parfois cruel, toujours décomplexé. Le film est une sorte de psychothérapie accélérée avec une légèreté enthousiasmante, sans pathos. Un vrai regard d'enfant.
Le film sort demain, 22 août! Courez-y!
Enjoy!