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John Maus possède un "frère de coeur" tout aussi barré que lui : Ariel Pink. A eux deux, ils forment les Starsky & Hutch de l'électro-pop tendance kitsch. L'un brun, l'autre blond. Mais des Starsky & Hutch conscients de leur penchant pour le second degré, un brin provocateurs. Si Maus est plus sauvage, noir, Pink comme son nom l'indique, est plus léger. D'ailleurs, il ne faut pas voir dans le titre de son nouveau disque, "Mature Themes", une envie soudaine de passer enfin à l'âge adulte. La musique est toujours insidieusement régressive et c'est ce qui fait sa marque de fabrique. Ariel Pink est sans doute le prototype même du rockeur du XXIème siècle. Habile faiseur, il a réussi à faire l'amalgame de plusieurs décennies d'influence (en s'arrêtant surtout sur la disco-pop italienne des années 80) tout en se dissimulant derrière un son intentionnellement cheap, bricolé et des paroles absconses. Comme s'il ne fallait pas tout livrer de prime abord avec la notice qui va avec. Comme s'il fallait paraître volontairement dilettante, à l'heure du règne absolue de la technologie.
Ses détracteurs ne verront que l'écran de fumée derrière lequel il se cache. Les autres feront l'effort d'attendre que le brouillard se dissipe, en y revenant plusieurs fois. Car, mine de rien, une fois qu'on y a goûté, cette dope-là produit son petit effet.