« Les musulmans épinglent les hommes de religion »
À de très rares exceptions, un musulman ne fera jamais d’humour sur Dieu, ni sur le Coran, absolument sacré, car il est la parole de Dieu, ni sur Muhammad. Par contre, il existe un humour assez féroce qui épingle les “hommes de religion”, ceux qui enseignent des interdits qu’eux-mêmes transgressent. Un vers attribué à l’érudit persan Omar Khayyam énonce ainsi : “Mieux vaut Te parler dans l’intimité au fond du cabaret que venir sans Toi prier au pied d’un minaret.”
Mais la veine humoristique la plus affirmée dans l’islam vient du soufisme et elle s’articule autour de la figure du fou sage, du ravi en Dieu. Le fou sage a perdu ses capacités rationnelles au profit d’une raison supérieure qui lui permet de saisir des vérités divines. Souvent, il est considéré comme un saint, avec la particularité de pouvoir s’exprimer en dehors de la Loi, grâce à l’excuse de sa folie, ce qui en fait un provocateur. Il peut même faire des remontrances à son Créateur. Une histoire raconte, par exemple, le trait d’esprit d’un soufi à qui on demandait s’il connaissait Dieu. Celui-ci répondit “oui”... En effet, cela faisait tant d’années qu’Il le faisait souffrir de mille manières, par la faim, la nudité, la honte ! »
Mulla était gravement malade et tout son entourage pensait qu’il allait mourir. Sa femme portait le deuil et se lamentait.
Lui, restait imperturbable. « Mulla, demanda l’un de ses disciples, comment se fait-il que tu te montres si calme face à la mort ? – C’est très simple, répondit Mulla. Je me dis que vous avez l’air tellement misérable que, lorsque l’ange de la mort entrera dans la pièce, il se trompera probablement de victime... »
source : "La Vie"