Bruxelles. Surprenante et affligeante révélation de la Fondation pour une Europe sans Drogues : un sondage spécifique réalisé dans la communauté bruxelloise sur des jeunes entre 15 et 25 ans met en évidence que 53% des jeunes sont des consommateurs de cannabis (marijuana, joint, hashish, etc.). Et qui plus est, si la majorité d’entre eux a été en contact avec la drogue à l’âge de 15 ans, les plus jeunes commencent à 12 ans.
Sur une population bruxelloise estimée a 980.000 personnes, les jeunes entre 15 et 25 ans représentent 118.000 personnes soit approximativement 12% de la population. Le sondage effectué sur cette tranche d’âge montre que la moitié d’entre eux (53%) sont déjà des utilisateurs de cannabis. Si la plus grande partie des jeunes admettent avoir commencé entre 13 ans (16%) et 15 ans (21%), un plus petit nombre non négligeable (5%) a commencé dès l’âge de 12 ans. Actuellement, parmi les utilisateurs de cannabis 36% admettent en fumer une fois par jour ce qui signifie que 21.600 jeunes bruxellois se droguent quotidiennement. C’est une situation dramatique car ces jeunes ont déjà probablement atteint le stade de la dépendance ; pour 17% d’autres ils ne fument qu’ une fois par semaine. De plus, le sondage révèle aussi que parmi ces jeunes déjà sujet à la drogue cannabis 63% d’entre eux sont consommateurs de produits alcoolisés tandis que 19% vont se tourner vers d’autres drogues telles la cocaïne (19%), les amphétamines (17%) ou vers l’ecstasy (17%). Ce sondage de la Fondation met en évidence que les jeunes de la région bruxelloise ont un taux de consommation de drogues supérieur à la moyenne belge. Indubitablement il montre qu’il y a urgence à prendre très sérieusement en compte, au niveau national, le problème de la drogue chez les jeunes bruxellois.
Les statistiques européennes de l’OEDT (Observatoire européen des drogues et toxicomanies) montrent que le niveau de consommation atteint est historiquement élevé et révèlent clairement que ce sont les jeunes qui sont les plus vulnérables aux drogues. La solution est donc un effort accru en matière de prévention chez les plus jeunes avec des solutions efficaces, non seulement à Bruxelles mais aussi en Belgique. Dans son rapport 2007, l’OEDT mentionne que la Belgique investit près de 186 million d’Euros (0,07% du PIB – Produit intérieur brut) dans la lutte contre la drogue, qui se répartissent en 43% du montant utilisé pour l’éducation, la prévention, les actions sociales, les traitements et la recherche et 54% pour la répression (police, tribunaux, prisons, armée, douanes, etc.). La logique voudrait que la prévention passe avant la répression (ce qui révèle alors la faillite du système préventif utilisé). A titre de comparaison, la Finlande, pour un montant de dépenses assez proche (272 millions d’Euros) qui représente 0,18% du PIB (2,5 fois le Belge), consacre 76% du montant pour la prévention, éducation, traitements et actions sociales et seulement 24% à la répression.
La statistique bruxelloise révèle que parmi les jeunes ayant répondu à l’enquête, 74% d’entre eux avaient commencé à fumer du cannabis entre 12 et 15 ans. Cela indique clairement l’âge de vulnérabilité : à partir de 12 ans. En conséquence, toute campagne d’information doit s’adresser, au plus tard, aux 11-12 ans, avant qu’ils ne soient contactés par les dealers et que ne leur soit vantés les fallacieux bénéfices des drogues. L’OEDT rapporte que pour le cannabis végétal ou la résine, la puissance déclarée en THC (delta-9-tetrahydrocannabinol - produit actif) varie de 1% à 15 et 17%, rendant l’effet d’assuétude encore plus rapide, surtout chez des enfants.
La Fondation pour une Europe sans drogues, fut crée en Mars 2004. Organisation membre du Comité sur les Stupéfiants de Vienne, dont les membres sont des experts et des personnalités de différentes origines idéologiques, religieuses et culturelles ayant un objectif commun : supprimer l’usage de la drogue. Ils entendent y mettre un terme par une éducation préventive du public portant sur les effets destructeurs que les drogues infligent au corps, au mental et à la personnalité. La Fondation oriente aussi les utilisateurs actuels de drogues vers des programmes de réhabilitation pour les soustraire définitivement aux effets débilitants des drogues. Le danger de la drogue n’est pas seulement un danger personnel mais a des répercussions directes sur le tissu social qu’elle altère voire même détruit. Donc, ne pas la proscrire, c’est la prescrire. « L’Etat qui voudrait anéantir son peuple agirait ainsi » dit Baudelaire en parlant, fort à propos, du haschich et de sa libéralisation.
Wolfgang Götz, directeur de l’OEDT dans la conclusion du rapport 2007 sur les drogues résume cela : « Les statistiques anonymes relatives aux demandes de traitement, aux décès lies aux drogues et aux comportements criminels dissimulent des familles en souffrance, des potentiels perdus et des enfants grandissants au sein de communautés à risque. Elaborer des solutions efficaces pour remédier aux problèmes liés aux drogues requiert une attitude dépassionnée à l’égard des données, mais nous ne devons en aucun cas nous montrer dépassionnés quant au sujet. »
Il est grand temps que le parlement belge considère avec objectivité, au-delà de tout conflit politique, le problème de la prévention de la drogue. De jeunes vies en sont l’enjeu.
Pour information contacter : Fondation pour une Europe sans Drogues Bruxelles www.fdfe.org