Deadlight est l’oeuvre d’un petit studio espagnol basé à Madrid. Un studio qui existe depuis maintenant quatre ans, mais qui n’a sortijusqu’ici qu’un seul et unique titre : celui qui nous intéresse. Une première composition de groupe pour une boite composée d’anciens chevronnés : en effet, Tequila Works possède des CV intéressants, on retrouve des personnes venant de chez Blizzard Entertainment, Sony Computer Entertainment Europe ou encore de chez Weta Digital, la boite responsable de la plupart des effets spéciaux d’aujourd’hui. Voyons ensemble ce que vaut ce premier pas de Tequila Works dans l’industrie vidéoludique.
Seattle, ce n’est plus ce que c’était…
Randall Wayne vivait une petite vie idyllique. Bon, il y avait bien des bas, mais c’est notre lot à tous après tout ! La plupart du temps, il vivait des hauts. Pourquoi vivait ? Tout simplement parce que ce temps est désormais révolu. Hier, Randall était garde forestier, aujourd’hui il n’est plus rien si ce n’est un survivant. 1986 n’est pas une année comme les autres, c’est même au contraire une année totalement différente des autres : l’être humain tel qu’il existait quelques années auparavant n’existe plus qu’en quantité très limitée. Son remplaçant par contre est présent absolument partout, les survivants les appellent les ombres, en réalité ce sont plus que de simples silhouettes sur les murs, ce sont des morts-vivants. D’anciens humains qui n’ont plus rien d’humain si ce n’est leurs apparences. Ce qu’ils veulent ? Oh rien de bien méchant, ils veulentjuste vous trouer la peau et dévorer ce qui vous sert à respirer, digérer. Les zombies sont dangereux, cela ne fait aucun doute, mais ils ont bien une faiblesse : ces cannibales sont stupides ! Cette faiblesse est votre plus grande arme. Il va falloir vous montrer agile, intelligent et surtout concis, lorsque l’on perd sa femme et sa fille, on ne chôme pas pour les retrouver ! Partez maintenant, la nuit tombe…
Deadlight possède un univers travaillé. Si le concept de base est plus que revu (vous allez rapidement vous rendre compte que le jeu dans sa globalité souffre du syndrome du déjà-vu), la finition de ce concept impressionne. Les développeurs ont pris le temps de détailler le monde dans lequel nous évoluons. On retrouve un peu partout dans le jeu des pages du journal de Randall qu’il est possible de lire à tout moment. Ces pages permettent de mieux comprendre comment Seattle et plus généralement le monde entier s’est retrouvé dans de pareils draps. Outre les pages du journal de Randall, on peut également trouver des indices ou des éléments un peu partout dans les niveaux. Deadlight rappelle The Walking Dead. Pour rappel, avant d’être une série TV, Walking Dead est une BD. Les cinématiques du jeu sont des compilations de dessins… étrange coïncidence. On imagine que c’est un clin d’oeil à l’oeuvre de Robert Kirkman et de Charlie Adlard…
Randall, l’homme couteau suisse
Seattle n’a qu’à bien se tenir, Randall arrive et il compte bien tout faire pour retrouver sa femme et sa fille. Enfin, tout dans la limite de ses moyens, car si Randall est un survivant, il n’est cependant pas un super-héros. Il n’a pas de pouvoirs particulier, il n’a pas d’armurerie accrochée à son dos, il a juste son courage et une bonne santé physique. Bien sûr, Randall peut trouver des armes sur son chemin, des armes qui seront utiles aussi bien pour éliminer les ombres. Sur la route on retrouve ainsi une hache, un pistolet ou encore un fusil à pompe. Comme tout bon survival-horror qui se respecte, les munitions sont bien évidemment quasi introuvables, sinon ce n’est pas drôle ! Heureusement, on peut tuer sans utiliser d’arme, mais cela demande de combiner deux choses : un cerveau et un peu de logique. Le décor peut se transformer en arme destructrice, attention cependant car, si cette arme tue les zombies, elle peut aussi s’occuper de vous. Essayons de tuer quelques ombres ensemble : vous voyez ces filaments bleus au sol ? Sifflez donc pour attirer les morts-vivants dessus ! Ah, voilà, vous pouvez maintenant progresser tranquillement ! Il existe bien des façons d’éliminer les ombres, à vous de les trouver en utilisant votre matière grise, sinon quoi vous finirez comme eux !
Randall peut courir, sauter, escalader des rebords ou encore défoncer des portes. Deadlight est un pur jeu de plates-formes 2D qui pioche ses idées du côté d’une pointure et de deux sympathiques titres : on retrouve dans ce titre du Prince of Persia, du Shadow Complexe et puis surtout du Limbo ! Autant dire que Tequila Works a bien choisi ses références, dommage que le studio n’ait pas su aller au-delà… comme dit plus haut, le syndrome de déjà-vu est constant dans le jeu. C’est simple, Deadlight n’apporte rien. Cela peut paraître un peu rude la façon dont c’est dit, mais la réalité est pourtant là : Tequila Works est venu au banquet, il a fait le pique-assiette et est parti sans laisser d’assiettes derrière lui. C’est dommage, mais n’entache en rien le travail accompli. Deadlight garde pour lui un gameplay solide, une ambiance réussie et un univers complet. C’est maîtrisé, mais dénué d’originalité. Relativisons un peu : il y en a eu bien avant lui et il y en aura encore beaucoup d’autres après lui dans ce cas de figure.
Quelqu’un pour un « limbo » ?
Graphiquement, Deadlight lorgne du côté de Limbo, un petit jeu 2D au style graphique très particulier. L’univers est travaillé, on sent un certain souci du détail. Côté modélisation, rien à redire, le titre est réaliste. Petit bémol par contre en ce qui concerne la logique des niveaux, 2D oblige on remarque parfois que l’emplacement des objets est uniquement en adéquation avec le style de jeu et non avec le monde tel qu’il devrait l’être, à moins que l’on gare maintenant les voitures de cette manière. De plus, le jeu est parfois trop sombre. Rien de bien grave cependant, cela ne brise en aucun cas l’immersion et n’empêche pas de progresser. Musicalement, c’est du bon boulot : les thèmes accompagnent bien les situations et les bruitages, minimalistes, font bien leur travail. Le doublage, en anglais « only » (traduit en français), marche un peu moins bien. Cela sonne parfois un peu faux.
Conclusion : 7/10
Si on devait définir et donner un exemple de ce qu’est un bon jeu, Deadlight pourrait être un excellent prétendant à ce poste. Avec son gameplayfacile à prendre en main, son ambiance post-apocalyptique réussie et sa technique travaillée, le titre de Tequila Works s’en sort plutôt bien pour un titre Xbox Live Arcade. Dommage que le studio n’ait pas su faire durer l’aventure un peu plus longtemps, quatre heures cela fait un peu court. Autre petit défaut : le manque d’originalité. Deadlight est un véritable pot-pourri feignant et suffisant. Si le développeur espagnol a su sublimer les concepts qu’il emprunte, il n’a cependant pas su aller au-delà. Malgré ça, cela reste un bon jeu et c’est peut-être tout ce qu’il faut retenir de ce Deadlight !
Deadlight (Xbox 360), 5.5 out of 10 based on 2 ratings