Theatrum Belli était hier à Dieppe pour le 70e anniversaire du raid. 7 vétérans canadiens avaient fait le déplacement dont un vénérable Ancien de 93 ans qui n'était pas revenu en France depuis cette époque. TB reproduit avec l'aimable autorisation du Service Historique de la Défense un texte particulièrement instructif de Béatrice RICHARD paru dans l'avant-dernier numéro de la Revue Historique des Armées.
Le 19 août 1942, deux brigades de la 2e division canadienne se lançent à l’assaut des falaises de Dieppe, petit port situé sur la Manche, avec le soutien de trois commandos britanniques dont celui des Royal Marines. Plus de 6.000 hommes se trouvent ainsi engagés dans l’opération "Jubilee", l’un des plus grands raids amphibies de la Deuxième Guerre mondiale. L’aventure tourne rapidement au désastre. Après plusieurs heures de combats acharnés, les troupes se retirent sans avoir atteint leurs objectifs, abandonnant derrière elles plus de la moitié de leurs effectifs. L’épisode fait couler beaucoup d’encre, à commencer par celle du Quartier général des opérations combinées (QGOC), commanditaire du coup de main.
Au lendemain du raid, en effet, ses responsables soutiennent que les leçons tirées de "Jubilee" pavent la voie à l’invasion du continent européen. Par la suite, les mêmes récupèreront le succès d’ "Overlord" pour renforcer leur thèse. Même si des dissidences s’exprimeront, il faudra attendre les années 1990 pour que de nouvelles études enterrent définitivement cette interprétation. À cet égard, le présent article ne prétend pas apporter de nouveaux éléments au dossier, mais propose plus modestement de revisiter "Jubilee" à la lumière des données historiographiques récentes. Ces dernières permettent de resituer le raid de Dieppe dans un contexte plus vaste, celui de la stratégie des "coups d’épingles", contre les côtes françaises, qu’adoptent les britanniques dès juin 1940. Vue sous cet angle, l’opération prend un sens tout autre que celui encore véhiculé dans les livres d’histoire : loin d’avoir constitué un sacrifice nécessaire à la victoire alliée, le fiasco de Dieppe s’apparente davantage à une vulgaire bavure.
L’incroyable armada
19 août 1942, 3 heures du matin. Quelque part au milieu de la Manche un convoi imposant fend la mer toutes lumières éteintes. Répartis en treize groupes, ses 250 bâtiments comprennent neuf navires de transport d’infanterie, huit contre-torpilleurs et un sloop, le tout traînant dans son sillage un ensemble hétéroclite de péniches d’assaut et de débarquement, ainsi que de petites embarcations dépourvues de blindage pour la plupart. L’incroyable armada porte dans ses flancs 4.963 hommes de la 2e division canadienne, incluant les officiers, 1.005 commandos britanniques, 50 Rangers américains et 15 fusiliers des Forces françaises libres. Pendant ce temps, en Angleterre, 74 escadrilles aériennes alliées, dont huit de l’armée royale canadienne, se tiennent en état d’alerte, prêtes à intervenir au point du jour. Le major général J. H. Roberts, commandant de la 2e division canadienne, dirige les opérations terrestres, tandis que le commandant J. Hughes Hallett de la Royal Navy supervise les forces navales et T. L. Leigh Mallory, vice-maréchal de la Royal Air Force, l’aviation. L’opération "Jubilee" est en marche (1). Destination : le port français de Dieppe.
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Un objectif solidement défendu
Les chefs militaires ont assuré à leurs troupes que l’opération serait "du gâteau" ("a piece of cake"). La réalité qui les attend est cependant tout autre. Depuis plusieurs mois, l’ancienne station balnéaire a été transformée en un véritable oppidum. Le casino du bord de mer est devenu un poste de tir et les falaises qui surplombent la plage abritent une artillerie redoutable. Partout des casemates défendent un rivage hérissé de barbelés… Des mortiers, des canons de moyen et de gros calibres, des batteries côtières à longue portée défendent toute intrusion provenant du large tandis que des blocs de béton verrouillent la plage, interdisant l’accès à la ville (2). De toute évidence, l’organisation allemande "Todt", chargée de fortifier les côtes françaises, est passée par là. Par ailleurs, 2.500 soldats de la 302e division de la Wehrmacht défendent le secteur. À première vue, c’est peu, mais les Allemands peuvent compter sur l’intervention rapide de nombreux renforts et de l’aviation stationnée tout près. Comment expliquer le choix d’un objectif aussi solidement défendu ? Certes, la proximité des côtes anglaises fait de Dieppe une cible logique pour un raid : les allers-retours de la Royal Air Force sont facilités d’autant, de même que la sécurité des convois. Les responsables de "Jubilee" affirmeront par la suite avoir voulu tester ainsi les défenses ennemies, mais un examen attentif du plan d’attaque montre qu’il s’agit avant tout d’une opération de sabotage et de renseignement, dans le droit fil de la série de raids qui l’a précédée.
De fait, "Jubilee" s’inscrit dans la stratégie qu’a adoptée Winston Churchill depuis l’évacuation rocambolesque des troupes britanniques à Dunkerque, en juin 1940 : le harcèlement systématique des défenses allemandes situées sur les côtes françaises par des commandos spécialement entraînés à cet effet. Il s’agit non seulement de maintenir l’ennemi en état d’alerte et de lui infliger des dommages stratégiques, mais aussi de maintenir le moral des Britanniques à flot dans un contexte désespérant pour les alliés. Le Japon tient les États-Unis en respect dans le Pacifique, tandis que l’Allemagne étend ses conquêtes de la France à la Volga et de la Norvège septentrionale aux déserts de l’Afrique du Nord. Sur le front oriental, la Wehrmacht tient les Soviétiques en haleine et Staline réclame à cor et à cri l’ouverture d’un second front à l’Ouest. À cet égard, on a souvent relié le déclenchement du raid sur Dieppe à la crainte de voir l’allié russe faire défection. Les Britanniques se sont certes engagés à maintenir la pression sur les côtes françaises tout au long de l’été 1942, à défaut d’envahir le continent. Un aide-mémoire confidentiel remis à Molotov, en juin, précise à cet effet que les opérations iront crescendo tant par leur taille que par leur portée, clouant ainsi une trentaine de divisions allemandes à l’Ouest (3). Il n’empêche que le déclenchement de "Jubilee" relève avant tout d’une logique complètement autonome, celle de la Direction des opérations combinées (DOC), Combined Operation Directorate, créature de Churchill et instrument de ses grandes orientations stratégiques.
L’organisme a pour mission de développer des opérations amphibies et de former des commandos d’élite pour mener des opérations de sabotage, de renseignement et d’exfiltration. Le Premier ministre britannique s’est également assuré de placer aux commandes un homme prêt à servir ses ambitions : lord Louis Mountbatten, directeur des opérations combinées depuis le 19 octobre 1941 (4) et chef d’orchestre de "Jubilee". En août 1942, l’impétueux vice-amiral de 37 ans compte au moins deux coups d’éclat à son actif, l’opération "Biting" et l’opération "Chariot". Dans le premier cas, un raid d’une centaine d’hommes lancé sur la station radar de Bruneval, dans la nuit du 27 au 28 février 1942, a permis aux alliés de s’emparer des pièces clés d’un radar allemand de haute précision. Autre nuit, autre raid, plus ambitieux encore, du 27 au 28 mars, plus de 600 hommes de la Royal Navy assistés de commandos dynamitent le port de Saint-Nazaire. Même si l’opération se solde par la perte de la moitié des effectifs (5), les dommages infligés aux installations sont tels que le port restera paralysé 18 mois durant.
Ces méthodes peu orthodoxes ont beau faire sourciller une partie de l’état-major britannique, le coup de force n’en symbolise pas moins l’esprit d’audace qui anime alors la DOC et semble donner des ailes à son chef. "Jubilee" marque, en effet, un changement d’échelle et de nature dans les raids, puisque l’on passe d’interventions mobilisant quelques centaines de commandos à une opération qui engage des milliers de soldats réguliers. À cet égard, Mountbatten bénéficie d’un soutien inespéré, celui du commandant en chef de l’armée canadienne, Andrew G. L. McNaugton et du lieutenant-général Harry D. G. Crerar, commandant du 1er corps d’armée, lesquels disposent de troupes terrestres prêtes à en découdre : celles de la 2e division canadienne.
Depuis l’envoi de leurs soldats en Angleterre, fin 1939, les autorités canadiennes répugnent à les engager sur les différents théâtres d’opération, et ce essentiellement pour des motifs politiques. C’est que la participation militaire du Canada au conflit ne fait pas l’unanimité outre-Atlantique : les Canadiens-Français notamment sont partisans d’un engagement limité reposant sur le volontariat. Pour ceux-ci, il n’est pas question de recourir à la conscription pour combler les vides et le Premier ministre Lyon Mackenzie King veut éviter le recours à une telle mesure (6). En retenant le plus longtemps possible les soldats canadiens, on a cherché jusqu’ici à minimiser les pertes éventuelles et à retarder d’autant l’envoi de conscrits outre-mer.
Mais l’opinion publique canadienne-anglaise, partisane de l’effort de guerre total, s’impatiente : ses soldats devront-ils se contenter de garder les côtes britanniques tandis que les fils des autres dominions se battent sur tous les fronts ? Or, en dehors des raids et du bombardement stratégique, les alliés ne prévoient aucun engagement majeur avant un an minimum ; ce qui, dans le temps politique, représente une éternité. De son côté, le général McNaughton tient à ce que les Canadiens combattent ensemble, tant pour assurer une certaine autonomie de commandement que pour assurer une visibilité maximale aux activités de ses troupes. Considération plus terre à terre, désœuvrés, les Canadiens commencent à éprouver de sérieux problèmes disciplinaires et à voir leur réputation pâlir auprès de la population civile. Dans ce contexte, tenir un premier rôle dans une mission d’envergure permettrait de redorer leur blason tout en flattant la fierté nationale. McNaughton endosse le projet avec d’autant plus d’enthousiasme, qu’il s’est assuré d’avoir les mains libres. Jusqu’en mai 1942, il lui fallait obtenir le feu vert d’Ottawa pour déclencher toute intervention majeure. À force d’un lobbying intense auprès du cabinet canadien de la Guerre, il a néanmoins réussi à obtenir la latitude nécessaire pour décider des raids dans lesquels engager ses troupes ; ce qui en fait l’un des responsables clés de l’opération du 19 août (7). Ses troupes sont-elles prêtes pour autant à se lancer dans ce type d’opération ? Rien n’est moins sûr.
Un entraînement irréaliste
L’une des réussites de la Direction des opérations combinées a été sans conteste la formation de commandos aguerris aux coups de mains audacieux. Toutefois, coordonner un raid de quelques centaines d’hommes surentraînés est une chose. Tenter la même expérience avec des milliers de combattants réguliers appartenant à trois services différents représente un tout autre défi. Or, au printemps 1942, les Canadiens basés en Grande-Bretagne n’ont aucune expérience du feu, a fortiori des tactiques de commando. Les Canadiens ont certes participé avec succès à l’expédition du Spitzberg visant à détruire les houillères aux mains allemandes et à évacuer des Norvégiens vers le Royaume-Uni, mais l’opération engageait moins de 650 hommes et les assaillants ne s’étaient heurtés à aucune résistance (8). Pour le reste, leur formation s’avère pour le moins irréaliste. Par exemple, le régiment des fusiliers Mont-Royal a suivi un entraînement incluant la marche forcée et le maniement de la baïonnette, très tard, en juin 1942 (9). Il a fallu attendre le mois d’avril avant que l’on ne commence à initier les soldats aux méthodes des commandos : combat à mains nues, natation en tenue de combat, escalade de falaises, sabotage, tir au canon, pratiques d’embarquement débarquement des péniches, combats de rue, etc. Le 20 mai, les hommes suivent un entraînement intensif sur l’île de Wight, en vue du grand jour. Il est cependant trop tard pour transformer de simples soldats en troupes d’élite, comme en témoigne un rapport soumis à leurs supérieurs : “Although the condition of the men is reasonably good, the assault courses and the speed marches have shown that there is a great improvement to be made in this diretion. In the speeds marches units are able to do five miles in 45 minutes, but took from 11/2 hrs tp 2 hrs to do the remaining 6 miles. In the assault course tps [troops] were able to complete the course but were, in many cases, unable to fight or fire effectively when finished.” (10)
Lancés en juin, les exercices "Yukon I" et "Yukon II" censés préparer le raid ne sont guère plus encourageants. Dans le premier cas, la confusion règne à un point tel que l’opération est reportée. La reprise de l’exercice, le 23 juin, ne vaut guère mieux (11), ce qui inspire au lieutenant général Bernard Montgomery, alors responsable des opérations comme commandant du 5e corps britannique, un jugement moins que rassurant : "Je suis convaincu que l’opération est réalisable selon le plan prévu et qu’elle offre de bonnes chances de succès pourvu : a) que le temps soit favorable ; b) que la chance normale soit présente; c) que la marine nous [sic] débarque à peu près aux bons endroits et aux moments voulus…" (12) Cela ne l’empêchera pas d’autoriser, deux semaines plus tard, le lancement d’un premier raid impliquant les troupes canadiennes.
De "Rutter" à "Jubilee"
Le 7 juillet, le QGOC déclenche l’opération sous le nom de code "Rutter", presque aussitôt annulée en raison des mauvaises conditions météorologiques. Le plan prévoyait des bombardements préliminaires intensifs et l’envoi de troupes aéroportées pour nettoyer le terrain. La mauvaise visibilité compromet irrémédiablement cette partie du plan et par conséquent, la fiabilité du reste de l’opération. Par la suite, le général sir Bernard Paget, commandant de l’armée britannique, et Montgomery décident d’un commun accord d’abandonner définitivement le projet pour des raisons de sécurité évidentes : à la mi-juillet, la presse canadienne et la presse britannique étalent à pleines pages des rapports sur l’entraînement des unités canadiennes en vue d’opérations combinées. Un des comptes rendus mentionne même le nom de plusieurs des unités d’infanterie qui participeront d’ailleurs par la suite au raid sur Dieppe (13). Quant aux participants de l’expédition avortée, croyant le projet enterré, ils ne manquent pas de colporter leur aventure. On retrouve néanmoins les mêmes en route vers Dieppe, six semaines plus tard. Comment l’expliquer ?
Les circonstances qui entourent le lancement de "Jubilee" restent nébuleuses et leur interprétation continue de diviser les historiens (14). On sait toutefois que Mountbatten et Paget décident, dans le plus grand des secrets, de relancer l’opération le 17 juillet avec l’accord de Crerar et de McNaugton. Le nouveau plan comporte certes des modifications que d’aucuns critiqueront sévèrement par la suite : les appuis navals et aériens sont allégés et les troupes aéroportées chargées d’infiltrer les arrières ennemis, jugées trop tributaires de la météo, remplacées par des commandos (15). Sur papier, la mécanique semble irréprochable : les troupes amphibies doivent accoster sur 15 kilomètres de front, et ce en cinq secteurs différents. Sur les flancs, quatre débarquements simultanés sont prévus pour l’aube, à 4 heures 50, soit à peine quinze minutes après le lever du jour. Aux deux extrémités de la zone d’attaque, les commandos britanniques ont pour mission de détruire les batteries côtières de Berneval (commando n°3) et de Varengeville (commando no4), situées respectivement aux extrémités est et ouest de Dieppe. La manœuvre doit permettre aux navires d’approcher suffisamment des côtes pour couvrir efficacement la zone de débarquement
Parallèlement, des unités canadiennes doivent s’engager dans les brèches de la falaise de part et d’autre de Dieppe. Ce sera la tâche du Royal Regiment of Canada à Puys et du South Saskatchewan Regiment à Pourville dont l’objectif consiste à neutraliser les batteries d’artillerie allemandes qui défendent la plage. Il est prévu qu’une demi-heure plus tard l’Essex Scottish et le Hamilton Light Infantry, deux bataillons de la 4e brigade d’infanterie canadienne, accosteront à cet endroit précis avec la couverture des chars d’assaut du 14e régiment blindé (Calgary Regiment). Ces derniers devant bénéficier du soutien du Royal Canadien Engineer responsable du déminage de la plage et chargés de pulvériser les blocs de béton qui bloquent l’accès à la ville. De là, les membres de l’Essex Scottish sont appelés à prendre le contrôle du port à et s’emparer de pièces d’armement avec le soutien des tanks et d’un détachement du Commando Royal Marine "A". Cette escouade de choc, fer de lance de l’opération, doit aussi détruire les installations portuaires, faire sauter les ponts et les voies de chemin de fer de façon à rendre le port inutilisable pour de longs mois, à l’instar de Saint-Nazaire (16).
Juste avant l’assaut terrestre, les escadrilles de la Royal Air Force ont pour mission de bombarder des bâtiments du bord de mer et les nids de mitrailleuses pointés vers la plage. Quatre destroyers et la canonnière Locust sont censés les relayer peu après depuis le large. L’aviation et la marine doivent également couvrir le débarquement des troupes, phase particulièrement délicate dans toute opération amphibie, en larguant les bombes fumigènes. Le rôle de l’aviation reste donc essentiellement tactique, l’idée d’un bombardement aérien massif ayant été abandonnée pour une série de motifs, dont son inefficacité présumée dans le contexte d’un raid (17). Au même moment, du côté de Pourville, le South Saskatchewan Regiment doit établir une tête de pont pour permettre au Cameron Highlanders of Canada de s’emparer de l’aérodrome de Saint-Aubin et du quartier général de la 110e division d’infanterie allemande, censé se situer à Arques-la-Bataille. Le troisième bataillon d’infanterie des fusiliers Mont-Royal constitue les forces de réserve, incluant une poignée de fusiliers marins. L’opération terminée, il a pour mission de couvrir l’évacuation des troupes à l’ouest du port tandis que l’Essex Scottish partage la même tâche à l’est, le but étant de ménager un périmètre de sécurité en eau profonde pour assurer le retrait des troupes.
Le déroulement de l’opération
Outre l’effet de surprise, le succès de l’opération repose par conséquent sur une coopération étroite entre les trois services et une synchronisation parfaite entre les débarquements, ce qui limite d’autant la marge d’erreur. Or, un premier incident survient à quinze kilomètres des côtes françaises. À 3 heures 47, un accrochage au large entre les péniches de débarquement du commando no3 – en direction de Berneval – et un petit convoi allemand compromet d’entrée de jeu la subtile mécanique du plan ; l’alerte est donnée à Berneval et à Puys où les attaquants sont rapidement dispersés ; une poignée d’hommes parvient toutefois à approcher suffisamment la batterie pour la neutraliser plus de deux heures durant. À Puys, les conséquences de l’alerte s’avèrent particulièrement désastreuses ; pris en souricière sur une plage très encaissée, les soldats du Royal Regiment et du Black Watch (Royal Highland Regiment) sont littéralement décimés, essuyant le feu nourri de soldats allemands embusqués au creux des falaises. Les attaquants deviennent des cibles faciles dans l’aube naissante, d’autant que les concepteurs de "Jubilee", misant sur l’obscurité pour assurer l’effet de surprise, n’ont pas requis le soutien l’artillerie navale pour couvrir le secteur. Dépêchée en catastrophe, la marine arrive trop tard pour leur porter secours. À lui seul, cet assaut fait plus de 200 morts, sans compter les blessés et les prisonniers.
Pendant ce temps, les assaillants du secteur ouest ont davantage de chance, l’alerte ne s’étant pas encore propagée jusque-là. Le commando no4 débarque comme prévu, détruit la batterie de Varengeville et se retire sans encombre. À Pourville, les hommes du South Saskatchewan Regiment et du Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada réussissent une percée jusqu’à la rivière Scie où ils sont cependant arrêtés, essuyant eux aussi de lourdes pertes. En voulant leur porter secours, leurs renforts, pris au piège eux aussi, finissent par se rendre. Au centre, l’attaque principale devant Dieppe tourne rapidement au désastre. Prévue une demi-heure après les débarquements sur les flancs, son succès reposait sur la destruction des batteries allemandes qui surplombent la plage, ce qui n’est évidemment pas le cas. Restés maîtres du promontoire de Puys, les Allemands déversent un déluge de feu sur les hommes à peine débarqués. Du côté de Pourville, le même phénomène se produit un peu plus tard.
À l’est de la plage de Dieppe, les hommes de l’Essex Scottish Regiment sont bloqués au niveau de la digue. Seul un petit groupe parvient à s’infiltrer dans la ville. Mais ce succès isolé aura des conséquences catastrophiques : le navire de commandement reçoit un message radio tronqué suggérant que le régiment au complet a investi la ville alors qu’en réalité la majorité de l’unité est restée coincée sur la plage. Ordre est donc donné aux fusiliers Mont-Royal d’entrer en action. Ceux-ci sont décimés à leur tour. À l’extrémité ouest de la promenade, les hommes du Royal Hamilton Light Infantry prennent d’assaut le casino ainsi que les abris de mitrailleuses qui l’entourent ; quelques assaillants atteignent la ville et s’engagent dans des combats de rue, mais la virulence du feu ennemi les oblige à se replier. Les chars du Calgary Regiment sont rapidement paralysés. Certains voient leurs chenilles s’enrayer dans les galets, d’autres se retrouvent acculés à la digue et aux barrages de béton. Les tankistes qui le peuvent continuent de tirer pour couvrir la retraite d’un grand nombre de soldats, mais la plupart sont tués ou faits prisonniers. Pendant ce temps, le ciel est le théâtre d’un combat féroce au cours duquel l’Aviation royale du Canada perd une douzaine d’appareils et la Royal Air Force, noblesse oblige, une centaine. L’opération "Jubilee" s’achève dans une confusion indescriptible.
Les derniers combattants qui n’ont pu être évacués se rendent. À 13 heures 58, les canons se taisent. Du côté allemand, on dénombre près de 600 pertes. Un bilan relativement léger si on le compare à celui, écrasant, des Canadiens. Sur 4.963 hommes engagés dans les opérations terrestres, seuls 2.210, dont bon nombre de blessés, parviennent à rejoindre l’Angleterre. Les pertes canadiennes s’élèvent à 3.367 hommes, dont 907 soldats morts au combat ou des suites de leurs blessures. De ce nombre, on décompte également 1 946 prisonniers. Au terme de dix heures de carnage, les fusiliers ont perdu 88,4% de leur effectif, le Royal Hamilton Light Infantry 82,7%, le Royal Regiment of Canada 87,3% et l’Essex Scottish Regiment 96,3% (18). Une hécatombe.
Leçons nécessaires ou sacrifice inutile ?
Sans surprise, l’étendue du désastre a fait couler beaucoup d’encre et suscité une controverse inextinguible. Source de leçons salutaires en vue du débarquement de 1944 pour les uns, sacrifice inutile pour les autres (19), rarement une opération militaire aura polarisé les opinions à ce point. Le débat ne s’est cependant véritablement cristallisé qu’à partir des années 1960, période à laquelle des études approfondies commencent à être publiées. Jusqu’alors prédomine la thèse des "leçons de Dieppe". Cela s’explique par le fait que la plupart des auteurs ont été les acteurs du raid à différents degrés, d’où un certain besoin de justification.
C’est le cas des correspondants de guerre britanniques, Alexander Austin et Quentin Reynolds qui ont participé à l’opération funeste. Ceux-ci s’empressent de publier leurs comptes rendus à peine la poussière retombée sur « Jubilee » (20). La rhétorique des « leçons » semble d’ailleurs avoir préexisté au raid, puisque plusieurs des leçons alléguées existaient déjà dans le manuel des opérations combinées publié avant le débarquement de 1942 (21). Pour sa part, Timothy Balzer a montré récemment que le communiqué de l’échec de Dieppe avait été rédigé d’avance, offrant ainsi un canevas explicatif préétabli aux premiers narrateurs. En cas d’échec, la DOC avait prévu de présenter l’opération au public comme un "essai essentiel dans l’emploi de forces substantielles et d’équipement lourd", préparant ainsi le terrain à la rhétorique des "leçons" (22).
De fait, Austin et Reynolds épousent étroitement la ligne du QGOC voulant que d’importantes leçons aient été tirées de cette expérience et que, par conséquent, les pertes, quoique massives, ne furent pas vaines. Dès 1943, le ministère de l’Information publie un fascicule, à mi-chemin entre rapport et propagande, qui détaille les exploits du QGOC entre 1940 et 1942, la part du lion étant attribuée à Jubilee (23). Plusieurs des arguments que l’on y retrouve sont tirés du Combined Report sur Dieppe et des "leçons retenues" colligées par Hughes Hallet au lendemain du raid (24). Parmi ces leçons, figure en bonne place la nécessité de fournir un appui-feu aérien et naval massif lorsque l’effet de surprise ne peut être garanti – une condition forcément difficile à remplir dans le cadre d’une opération amphibie d’envergure. À cela s’ajoute l’importance de couvrir la première vague d’assaut avec une artillerie légère et mobile opérant à partir des péniches de débarquement et susceptible de progresser sur le terrain – un atout absent de "Jubilee".
Les autres leçons à retenir révèlent en creux la somme de lacunes tactiques et opérationnelles que représente "Jubilee". Sont notamment recommandés : la formation de forces d’assaut navales mieux coordonnées ; davantage de flexibilité dans l’exécution du plan en attaquant sur un front aussi large que possible – c’est-à-dire sans compromettre l’efficacité de l’appui-feu naval et aérien – ; un ratio minimal de forces d’assaut pour un maximum de réserves : rétention des tanks aussi longtemps que les dispositifs antichars n’ont pas été détruits ; protection maximale des renseignements ; contournement des zones fortifiées et attaques sur les points faibles des côtes ; amélioration de la reconnaissance aérienne ; usage massif d’écrans de fumée aux points fortement défendus. À première vue, le post-mortem reconduit des principes admis dans les plans préliminaires, mais graduellement éliminés par la suite, dont le plus important selon Charles P. Stacey, le pilonnage aérien (25).
Premier historien à produire une étude objective sur le sujet, Stacey a par ailleurs sévèrement critiqué le plan pour son incohérence structurelle : "On a compté, dans cette opération, sur l’élément surprise plutôt que sur la puissance de choc, écrit-il ; et pourtant on ne pouvait espérer surprendre l’ennemi par l’attaque de front qui devait être lancée une demi-heure après les attaques de flanc." (26) Cette interprétation a toutefois eu peu d’impact à sa sortie, au début des années 1960. Il faut attendre les années 1980, après la mort de Mountbatten et l’ouverture des archives avant que des historiens ne s’engouffrent dans la brèche ouverte par Stacey. Le plus notable d’entre eux reste, sans conteste, Brian Loring Villa avec la publication de son étude phare : Unauthorized Action: Mountbatten and the Dieppe Raid, laquelle remet complètement en cause la thèse des leçons. Son analyse, qui se concentre sur le processus décisionnel ayant conduit au raid, peut se résumer ainsi : Mountbatten l’aurait lancé de son propre chef sans obtenir l’aval de la chaîne de commandement habituelle. Il aurait ainsi servi des ambitions personnelles sans égard aux hommes impliqués dans ce qui se révélait d’emblée une mission suicidaire. Par la suite, la thèse des "leçons" aurait servi à masquer ses déficiences et à protéger la réputation de ses concepteurs, à commencer par le chef des opérations combinées. Ce faisant, Villa s’attaquait à un mythe fortement enraciné.
Lord Mountbatten en tête, les responsables du raid ont toujours soutenu que "la bataille du Jour J [avait] été remportée sur les plages de Dieppe" et que le sang versé avait épargné des vies à ce moment-là (27). Or, aucun élément de "Rutter", a fortiori de "Jubilee", ne permet d’affirmer qu’il s’agissait d’une "reconnaissance en force" ou encore d’un "test" en vue d’un débarquement futur. Dieppe représente davantage une nouvelle forme de raid, plus imposant en termes d’effectifs et de blindés certes, mais avec toujours les mêmes objectifs – destruction d’installations, de navires, capture de prisonniers, exfiltration, etc. Bref, un travail de commando à plus grande échelle. Pour autant, on ne s’appliqua pas à présenter les coups de main ayant précédé "Jubilee" comme autant de "répétitions" de l’invasion du continent européen (28). Si l’on en tira des enseignements – des opérations telles "Archery" et "Chariot" avaient déjà mis en évidence l’importance de bombardements préliminaires et d’un appui-feu mobile dans la phase initiale de débarquement (29) – apparemment, on n’en tint pas compte à Dieppe.
La vague d’assaut anglo-canadienne du Jour J a bénéficié certes du soutien des chars amphibie qui, débarqués en même temps que l’infanterie, se sont attaqués aux défenses côtières pendant que les hommes ont traversé la plage, la phase sans doute la plus délicate d’une opération amphibie. Peut-on pour autant affirmer qu’il s’agissait là des leçons retenues de Dieppe ? Aucunement, si l’on tient compte des études les plus récentes. Nul doute que "Jubilee" a attiré l’attention sur ce problème, mais les débarquements subséquents en Afrique du Nord, en Sicile et en Italie ont montré que les alliés avaient encore beaucoup à apprendre en terme d’opérations amphibies. Par exemple, le débarquement d’Anzio (opération "Shingle") s’est enlisé dans une guerre d’attrition de plusieurs mois – Churchill lui-même affirma plus tard que l’opération avait été "son pire moment" (30). Autre grande "leçon" fréquemment invoquée : le raid de Dieppe aurait convaincu les alliés d’abandonner l’idée d’attaquer des ports et de débarquer plutôt sur des plages en utilisant des ports flottants Mulberry. Or, dès le 30 mai 1942, soit deux mois et demi avant le raid fatal, Churchill avait enjoint le chef des opérations combinées d’entamer la construction des ports flottants, signe que l’on n’a pas attendu les résultats de "Jubilee" pour envisager d’attaquer les maillons faibles du mur de l’Atlantique (31).
Conclusion
Rétrospectivement, on peine à trouver la moindre justification au déclenchement de "Jubilee". Sur les plans tactique et opérationnel, les défaillances s’avèrent innombrables et la plupart des études récentes sur le sujet convergent vers un même diagnostic, implacable : un plan trop rigide et incohérent dans ses prémices mêmes – effet de surprise au centre compromis de facto par les attaques sur les flancs, exposant ainsi directement le gros des troupes débarquées aux tirs ennemis – ; appui-feu massif insuffisant dans le cadre d’un débarquement en force ; coordination déficiente – voire absente – des trois services, aspect pourtant prévisible compte tenu des résultats de "Yukon I" et "Yukon II". Sur le plan stratégique, l’opération ne se révèle guère plus défendable. On peut raisonnablement douter qu’un raid de diversion impliquant 6.000 hommes, un coup d’épingle, ait pu changer quoi que ce soit à l’équilibre des forces en Europe. La pénible conquête de l’Italie le démontrera amplement par la suite.
La principale raison de déclencher "Jubilee" serait davantage à rechercher dans une dynamique propre à la DOC, ou plutôt dans sa logique organisationnelle. Conçu pour développer une expertise dans les opérations amphibies, l’organisme est en quelque sorte "condamné" à passer de raids à petite échelle à des plans d’invasion majeurs. Or, en 1942, ce calendrier reste soumis à de multiples contraintes, notamment sur le plan opérationnel. Cela expliquerait en partie pourquoi la marine et l’aviation ont refusé de risquer des ressources encore limitées dans un projet aussi hasardeux. Dans ce contexte, l’attaque sur Dieppe ressort comme le "chaînon manquant" entre deux échelles d’intervention : trop importante pour être un raid, trop limitée pour un débarquement et surtout dépourvue d’objectif clair. Une chimère, au sens propre comme au sens figuré, mais qui confirme le caractère expérimental de l’entreprise. En ce sens, la thèse des "leçons" ne s’avère pas totalement fausse : les alliés, à commencer par Mountbatten et Hughes-Hallett, deux capitaines de destroyer, sans véritable expérience de la guerre amphibie, avaient encore beaucoup à apprendre en la matière. En même temps, la guerre amorçait un tournant décisif avec l’invasion du continent européen comme horizon d’attente. La DOC se trouvait ainsi confrontée à une obligation de résultats sans disposer pour autant des moyens nécessaires. Réponse à ce dilemme, "Jubilee" devenait un tragique échappatoire, irréductible aux seuls motifs rationnels. Un cas d’école où, de toute évidence, le brouillard de la guerre se situait en amont du champ de bataille.
Béatrice RICHARD
Revue Historique des Armées n° 266 "France-Canada"
Professeur agrégé et docteur en histoire, Béatrice RICHARD enseigne l’histoire militaire et stratégique au Collège militaire royal du Canada (Division des études permanentes) et au Collège militaire royal de Saint Jean, où elle occupe le poste de coordonnatrice des cours d’histoire du programme d’études militaires professionnelles pour les officiers et des programmes d’étude de premier cycle offerts à distance. Elle a notamment publié : La mémoire de Dieppe. Radioscopie d’un mythe (Montréal, VLB éditeur, 2002, 205 pages).
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NOTES :
(1) Pour le déroulement de l’opération, nous nous appuyons principalement sur le récit de l’historien militaire C. P. Stacey, lequel s’appuie sur les rapports et témoignages de soldats et d’officiers rescapés de Dieppe que nous avons également consultés. Stacey (C. P.), L’Armée canadienne, 1939-1945, résumé officiel, Ottawa, Ministère de la Défense nationale, 1949, p. 51-87 ; Six années de Guerre. L’armée au Canada, en Grande-Bretagne et dans le Pacifique, Ottawa, Ministère de la Défense nationale, 1957, p. 322-429. Nous avons également utilisé l’étude de Brereton Greenhous, Dieppe, Dieppe, Montréal, Art global et Ministère de la Défense nationale, 1992 : une monographie plus récente et nettement plus critique.
(2) L’historien en chef du Service historique, Charles P. Stacey a visité le site de Dieppe après sa libération par les troupes canadiennes, entre les 2 et 5 septembre 1944. Il a pu examiner le site et en déduire l’état des défenses au moment du raid.Canadian Military Headquarter (CMHQ). Report 128, 20 novembre 1944. The Operation at Dieppe, 19 August 1942,Some New Information, p. 6-9.
(3) Villa (Brian Loring), Unauthorized Action: Mountbatten and the Dieppe Raid, Toronto, Oxford University Press, 1994 ; 1989, p. 72.
(4) Foot (Michael R.-D.), Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d’Action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, Texto, 2011. Traduction française de SOE in France: An Account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London,Whitehall History Pub., in association with Frank Cass, 2004 (première éd., 1966).
(5) On compte 200 prisonniers et 169 morts sur un total de 611 commandos : Cherry(Niall), Striking back. Britain Airborne and Commando Raids, 1940-1942, Helion &Company, 2009, p. 234.
(6) Le 27 avril 1942, par voie de plébiscite, le gouvernement libéral de Mackenzie King a demandé à la population canadienne de délier le gouvernement de sa promesse de ne pas imposer la conscription en vue du service outre-mer. La campagne du plébiscite donne lieu à des débats féroces et le résultat du vote confirme la division du Canada au sujet de sa politique de défense : le Québec refuse massivement d’accorder au gouvernement le pouvoir de recourir à la conscription (71,2 % de « non ») alors que les autres provinces approuvent tout aussi clairement le projet (80 % de « oui »).
(7) Henshaw (Peter J.), “The Dieppe Raid: A Product of Misplaced Canadian Nationalism ?”, The Canadian Historical Review, 77, no 2, 1996, p. 250-266.
(8) Stacey (Charles P.), Six années de guerre…, op.cit., p. 313-319 ; Coutu (Éric), « Le quartier général des opérations combinées et l’expédition canado-britannique au Spitzberg (août 1941) », Guerres mondiales et conflits contemporains, 4, 220, 2005, p. 45-69.
(9) D’Amours (Caroline), Les fusiliers Mont-Royal au débarquement de Dieppe. Doctrine et entraînement au Canada et en Angleterre, mémoire de maîtrise, Université Laval, 2009, p. 109-117. Dans Brereton Greenhous, Dieppe, Dieppe,op.cit., p. 43, une photo de l’entraînement montre les fusiliers Mont-Royal sur une plage, visant un ennemi fictif au sommet d’une falaise, genou à terre comme pour le tir au pigeon. Ils sont munis de fusils à verrou Lee-Enfield, à peine différents de ceux qui armaient leurs pères pendant la Première Guerre mondiale.
(10) « Si la condition physique des hommes est raisonnablement bonne, les courses d’assaut et les marches rapides ont montré qu’il fallait que de grands progrès soient encore faits. En marche rapide, les unités sont capables de parcourir 5 miles en 45 min. mais il leur faut de 1h30 à 2h pour parcourir 6 miles. En course d’assaut, les troupes sont capables de réaliser une course complète mais, bien souvent, elles sont ensuite incapables de combattre ou de tirer avec précision. » Cité par Charles P. Stacey, CMHQ, Report 100. Operation “Jubilee”: The Raid on Dieppe, 19 Aug 42. Part I: The Preliminaries of theOperation, p. 16.
(11) À ce sujet, consulter Brereton Greenhous, op.cit., p. 33-57.
(12) Greenhous (Brereton), Ibid., p. 57.
(13) Le service de la censure mentionne à cet égard que Dieppe a servi de leçon à la censure et aux services de renseignement de l’armée. Dans leur rapport final, les censeurs admettent avoir été imprudents en laissant diffuser dans les journaux des informations relatives aux manœuvres de la 2e division canadienne avant le raid.Voir la traduction française expurgée de ce rapport : Comeau (Paul-André), Beauregard (Claude) et Munn (Edwidge), La Démocratie en veilleuse. Rapport des censeurs, 1939-1935, Montréal, Québec/Amérique, 1995, p. 44. Document original : Ministère de la Défense nationale (MDN), Service historique (SHist), 72/295, A Narrative on the Organization, Activities and Demobilization of Censorship During the War 1939-1945, 31 janvier 1946.
(14) Lire à ce sujet : Henshaw (Peter), “The Dieppe raid…”, op.cit. ; Villa (Brian Loring) et Henshaw (Peter), “The Dieppe Raid Debate ; Brian Villa Continues the Debate”, The Canadian Historical Rewiew, 79, no 2, juillet 1998, p. 304-315.
(15) Brian Loring Villa s’est montré particulièrement critique à ce sujet accusant les responsables de la marine et de l’aviation d’avoir fait preuve d’inhumanité dans leur refus d’accorder le soutien qui s’imposait aux troupes terrestres. Voir Unauthorized Action…, op.cit., p. 95-162.
(16) Canadian Military Headquarters(CMHQ), Report 100.Operation “Jubilee”: The Raid on Dieppe, 19 Aug 42. Part I: The Preliminaries of theOperation.
(17) Le Bomber Command avait déjà engagé ses appareils à Saint-Nazaire (opération « Chariot ») et à Vaagso (opération « Archery »), sans résultat significatif, semble-t-il. Lucas-Phillips (C. E.), The Greatest raid of All,London, Pan Books, 2000, p. 129 ; Fergusson (B.), The Watery Maze: The Story of Combined Operations, London, Collins, 1961, p. 133-138. Par la suite, Brian Loring Villa reprochera au Bomber Command d’avoir refusé d’impliquer ses appareils dans l’opération, un manque de soutien qu’il estime avoir été fatal aux troupes déployées au sol. Brian Loring Villa, Unauthorized Action…, op.cit., p. 150-153 ; p. 160-162.
(18) Pour un bilan des pertes complet, consulter le tableau de Charles P. Stacey, Six années de guerre... op.cit., p. 80.
(19) C’est en particulier la thèse que développe l’historien Brian Loring Villa dans son ouvrage, Unauthorized Action…, op.cit.
(20) Austin (Alexander), We Landed at Dawn, London, Holder and Stoughton, 1942 ; Reynolds (Quentin), Dress Rehearsal: the Story of Dieppe, London, Angus & Robertson, 1943.
(21) Hught (Henry), A Reappraisal of the Dieppe Raid, 19 August 1942 : Planning, Intelligence and Execution, Ph.D. Cambridge University, 1966, p.187-188.
(22) Tim Balzer.
(23) Anonyme, Combined Operations ; 1940-1942, London, HMSO, 1943.
(24) Mahoney (Ross W.), The Royal Air Force,Combined Operations Doctrine and the Raid on Dieppe, 19 August 1942,Master of Arts, University of Birmingham, August 2009, p. 25.
(25) Stacey (Charles P.), Six années de guerre…, op.cit., p. 348-349.
(26) Stacey (Charles P.), Six années de guerre…, op.cit., 414. Voir aussi :CMHQ,Report 109. Operation “Jubilee”: The Raid on Dieppe, 19 Aug 42. Part III : Some Special Aspects, 17 December 1943.
(27) Mountbatten, cité par Robin Neillands,The Dieppe Raid: The Story of the disastrous 1942 Expedition, Bloomington, Indiana University Press, 2005, p.267. Voir également la déclaration du général Crerar citée dans dans CMHQ. Report128,op.cit.,Appendix B.
(28) Neillands (Robin), op.cit., p. 265.
(29) Neillands (Robin), op.cit., p. 44-54.
(30) “Anzio was my worst moment.” Cité par Jablonsky (David), Churchill, the Great Game and Total War, London, Routledge, 1991, p. 86. Voir aussi : Zaloga (Steven J.), Dennis (Peter), Anzio 1944: The Beleagued Beachhead, Oxford, Osprey Publishing, 2005, p. 24. ; Tomblin (Barbara), With Utmost Spirit: Allied Naval Operations in the Medditerranean, 1942-1945, Lexington, University Press of Kentucky, 2004, p. 315-358.
(31) Reproduit dans Winston Churchill, The Second World War: Closing the Ring, New York, The riverside Press, 1951, p. 73.
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