Cette couverture m'a amusée parce que si j'écoute la promesse des fondateurs (Jean-Louis et Perla Servan-Schreiber) à savoir Retrouver du sens je décode une photo qui m'évoque Amélie Nothomb. Quoi de plus normal me direz-vous puisque ce magazine est dans ma valise avec le dernier livre de la célèbre romancière, laquelle a pour habitude de poser en gros plan sur chacune de ses créations.
Le noir, le rouge et le blanc sont ses couleurs et le nuage qui flotte sur la tête du mannequin m'a tout l'air d'un de ses chapeaux. Le couple Servan-Schreiber nous estime, je cite, "trop informés pour réfléchir". La gageure est quasi utopique de prétendre nous permettre de penser mieux ... en nous informant encore plus. C'est pourtant ce que j'ai accepté de faire.
Est-ce parce que je me trouvais éloignée du stress que j'ai apprécié les articles ? Ce sera à confirmer avec le prochain numéro qui "tombera" en pleine période de haute activité.
Evidemment, je n'ai pas lu de A à Z, faisant comme tout le monde, en piochant dans le désordre, en suivant mes impulsions, soit suscitées par l'accroche de la couverture à propos de la méditation ou des vacances, soit en feuilletant jusqu'à tomber sur un sujet qui me "parle" comme le portrait de Thierry Teyssier (page 36) que je connais pour avoir consacré plusieurs billets à La Pâtisserie des Rêves, ou comme Virginia Woolf ... dont j'avais beaucoup apprécié la biographie écrite par Viviane Forrester.
D'autant que j'ai aussi dans mes bagages, Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel où Marianne Rubinstein multiplie les références à cet écrivain. Mais de cela je parlerai plus tard puisque le livre n'est pas encore sorti en librairie.
Le point fort, ou faible ... est me semble-t-il que la frontière entre les sujets est perméable. Le débat annoncé sur les vacances (page 96) est plutôt consensuel et il se prolonge en quelque sorte avec le parcours initiatique d'une française à Berlin. Je l'ai peut-être vu comme cela parce que cette capitale est une destination que j'aimerais explorer.
Le dossier sur la méditation se cloture brutalement (page 53) mais l'article sur le toucher (page 64) semble lui faire écho, comme un peu plus loin (page 116) sur la sieste. J'ajouterais ma propre pratique à celles qui sont énumérées, et que je ne peux mettre en oeuvre qu'en vacances puisqu'elle est une sorte de variante à la grasse matinée. Je continue de me lever très tôt, pour apprécier un petit déjeuner tout en lisant une bonne paire d'heures. Et puis je m'autorise une "perte de conscience" d'une vingtaine de minutes avant de démarrer la "vraie" journée. J'ai compris que méditer n'est pas se relaxer mais une méthode en vaut une autre ...
Habituellement rétive à la publicité je me suis surprise à apprécier celles qui ponctuent CLES qui, sans verser dans le grand luxe, et qui sont esthétiquement très réussies.
Si pour sortir de la crise il faut, comme l'affirme Patrick Viveret "sortir d'abord de notre dépression nerveuse collective" (page 12) en cessant de confondre besoin et désir alors la position de ce media est néanmoins délicate au regard de son positionnement publicitaire.
Difficile de juger un media sur un numéro mais il me semble qu'il cherche sa voie. Affirmer page 63 qu'il n'est pas qu'un magazine en proposant de scanner un QR Code pour accéder au site est là encore un peu paradoxale avec la recommandation lue page 100 de profiter de l'été pour effectuer un "shabbat électronique".
Il n'empêche que le sommaire est équilibré et que cette lecture est très agréable. Le pari d'aborder des sujets graves et sérieux sans alarmer est plutôt réussi. Les plus grands changements se produisent peut-être ainsi, sans rupture et en douceur.
A vous de vous faire votre point de vue en feuilletant le dernier numéro.Critiques de Barbe bleue et des Arbres ne montent pas jusqu'au ciel après le 23 août sur le blog.