C'est de la politique-fiction, l'impatience de quelques-uns, la
dépression de quelques autres. L'UMP se déchire, ses leaders sèment le trouble parmi les militants. Alors certains s'interrogent sur les conditions d'un retour de Nicolas Sarkozy dans la vie
politique, au moins pour 2017.
Thomas Guénolé, un politologue du Cevipof, a énuméré pour le
Monde, le 13 août dernier, les 8 conditions nécessaires du
« retour de M. Sarkozy en 2017 » .
1. « Une mauvaise conjoncture économique persistante en 2016 »;
2. « Apparaître comme le meilleur candidat de l'opposition »;
3. « L'absence de verrouillage de la désignation du futur candidat de droite par l'état-major du parti »;
4.« L'absence de parasitage par les affaires Karachi et Bettencourt »;
5. « La présence persistante de Nicolas Sarkozy dans le débat public »;
6. « Une entrée en campagne dès un an avant l'élection »;
7. « Corriger le problème d'image qui a incontestablement contribué à sa défaite »;
8. « Que Nicolas Sarkozy ait l'intention de se représenter ».
Ah! On pouvait manquer de s'étouffer de rire.... Pourquoi un tel article ? Plus sérieusement, l'argument signifie sans doute
qu'il est possible que Nicolas Sarkozy soit découragé d'ici 2017 de toute envie.
Quelle perspective !
A ce jeu-là, nous pouvions tous participer. Il manquait ainsi au moins deux autres conditions à l'éventuel retour de
notre ancien Président des Riches:
9. Que l'activité politique lui manque tellement qu'il replonge et casse sa malheureuse promesse du 6 mai
dernier.Déjà, la perspective du mois de septembre le plonge dans un désarroi qu'il peinerait à masquer, à en croire les reporters de guerre de la presse people. Ces quelques semaines
écoulées depuis sa défaite ont été rapidement remplies. Le repos était nécessaire, un séjour à Marrakech a permis de finaliser l'acquisition d'un Palais à 5 millions d'euros sans qu'on ait
vraiment compris avec quel argent. Mais après, que faire après ? Un édifiant reportage-vérité de l'hebdomadaire VSD nous relatait l'inquiétude de ses proches, Carla Bruni en tête, sur le retour dans le « grand bain ». Qu'allait-il faire
dans ses bureaux parisiens ? On sentait d'ailleurs qu'il trépignait, après sa déclaration publique sur la guerre en Syrie.
10. Qu'il n'évalue pas correctement ses chances. Sarkozy est un narcissique. Qui ne l'est pas dans ces
hautes sphères du combat politique ? Mais lui a le narcissisme plus développé que la moyenne politique. Son autocentrisme l'a aveuglé maintes fois, et notamment lors des deux dernières années de
son mandat.
La veille du 15 août, deux autres experts s'inquiétaient du retour de Sarkozy sur la scène publique. Anne Rovan et Jean-Baptiste Garat du Figaro complétaient: « Sarkozy reste un repère pour l'UMP et le PS ».
Quelle surprise ! Bien sûr que l'ancien Monarque restait un repère ! A droite, on avait espéré que la défaite, les rancoeurs ou l'écoeurement auraient plus rapidement détachés quelques anciens
Sarko-fans de leur ancien mentor. On espérait qu'une droite sûre d'elle et de ses valeurs, républicaine et stoïque, défende à nouveau ses couleurs. Pour l'instant, personne n'ose encore faire un
quelconque inventaire critique d'un mandat globalement bien raté.
A gauche, le sarkozysme reste un repère, une boussole, un repoussoir, l'épouvantail qu'il faut garder en tête. Son exercice
du pouvoir fut si pragmatiquement détestable.
Mais à droite... On s'inquiète d'un éventuel retour. Certains confient combien ils n'ont pas apprécié l'intervention de leur
ancien patron sur le sujet syrien: «Sarkozy aurait dû se taire sur la Syrie. La diplomatie ne doit pas servir à des aspirations politiciennes» a expliqué un député. D'autres questionnent
carrément l'existence de l'UMP: «L'UMP a été créée en 2002 pour rassembler la droite et le centre. Est-ce aujourd'hui une réussite? Je ne le pense pas» (Thierry Mariani).
Rassembler la droite et le centre... à l'extrême droite ?