« WikiLeaks : Assange appelle les États-Unis à cesser la chasse aux sorcières »
J’ai vu certains blogueurs se gausser sur twitter de ce qu’un phénomène médiatique (les Pussy Riot) semblait en chasser un autre, et que l’indignation remplace une autre indignation, dans une sorte de sempiternelle course à l’échalote… je tiens à leur répondre que les cris du cœur sont les seuls à pouvoir se partager et se démultiplier sans nous diminuer. Celui que je veux lancer aujourd’hui concerne le fondateur de WikiLeaks, pour lequel j’ai souvent pris parti ici. Il s’est donc adressé hier pendant une dizaine de minutes aux journalistes et autres nombreux curieux qui se massaient sous le balcon de l’Ambassade de l’Equateur, où il s’est réfugié pour demander sa protection. Cela ne s’est pas fait bien sûr sans une étroite surveillance de policiers qui auraient bien voulu lui mettre la main sur le paletot… En effet, les anglais cherchent à l’extrader en Suède où il est accusé d’agression sexuelle. On craint que les amerloques en profitent pour l’extrader également chez eux pour y répondre d’un crime bien plus important à leurs yeux : la divulgation de milliers de télégrammes diplomatiques américains par WikiLeaks, ce qui pourrait être passible de la peine de mort dans certains états. Bien sûr, on trouvera aisément quelque pseudo expert comme il en fourmille dans toutes les rédactions pour nier la réalité du danger encouru. Pourtant, si Julian Assange a pris la peine d’épeler dans son allocution la liste des pays d’Amérique centrale ou du Sud qui ont fait connaître leur soutien à l’Equateur dans cette affaire, ce n’est pas sans raisons :“l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Salvador, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua, l’Argentine, le Pérou, le Venezuela et tous les autres”. Tous ces pays appartenant au bloc ALBA défendent farouchement la décision équatorienne d’accueillir Julian Assange, allant jusqu’à menacer de saisir la Cour Internationale de Justice si les britanniques continuaient de faire obstruction à cette volonté démocratique, ce qui place l’Angleterre dans une position très inconfortable…
Souhaitons dans tous les cas un heureux dénouement de la situation personnelle de celui qui a reçu la médaille d’or de la Sydney Peace Foundation « pour honorer son “courage exceptionnel dans la défense des droits de l’Homme”. Seul modérato personnel que je souhaite apporter toutefois à ce soutien : j’ose espèrer qu’Assange et ceux qui l’entourent n’utilisent pas l’argument de la défense de la liberté d’expression, d’information, et plus largement des droits de l’homme pour l’absoudre de son éventuelle responsabilité dans une affaire de mœurs dont nous ne savons pas grand chose… Ce serait détestable et j’en serais assez meurtri, car tout aussi respectueux du droit des femmes à disposer de leur corps comme elles l’entendent que de la défense de la liberté d’expression et d’information.
La vidéo de son allocution est visible ici :
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