En marge de sa scrupuleuse édition critique du Retour de l'Enfant prodigue (Presses Universitaires du Kyushu, Fukuoka, 1992), Akio Yoshii donnait déjà quelques-unes des lettres échangées entre Gide et Paul Fort. Enquêtant depuis longtemps sur les liens de Gide avec l'auteur des Ballades Françaises, Akio Yoshii nous livre aujourd'hui l'ensemble connu de leur Correspondance (1893-1934) dans le vingtième volume publié par le Centre d'Etudes Gidiennes.
Une correspondance pleine de trous et dont il ne subsiste que 43 lettres (15 de Gide et 28 de Fort) mais que Akio Yoshii rapièce à l'aide de commentaires, de notes et de documents très intéressants. Il nous plonge notamment dans les coulisses des revues littéraires qui évoluent et naissent alors : La Plume, que Fort reprend en mains, Le Mercureoù Gide donne ses si injustement méconnues Lettres à Angèle, Vers et Prose créée par Fort et où paraîtra le Retour de l'Enfant prodigue, la NRFenfin. Ces deux dernières naviguant de conserve jusqu'à la guerre.
Les rapports entre Gide et Fort se distendent alors, et c'est par une note de la Petite Dame qu'on a confirmation du peu de goût de Gide pour le « délire poétique » de Fort. Un Paul Fort finalement bien méconnu, sur qui nous n'avons, comme le souligne Akio Yoshii, qu'une monographie très incomplète dans les Poètes d'aujourd'hui de Seghers, des Mémoirestrès chaotiques et des archives dispersées. Cette Correspondance, précieuse et impeccable jusque dans son index, n'en est que plus importante pour la recherche sur ce Prince des Poètes au règne le plus long !