"Parce que la mer a commencé à s'effacer quand je suis devenu sourd, tout mon rapport au monde et à l'effroi a changé le jour où j'ai dû me dire que si je ne voulais pas mourir de peur, il fallait que je brave l'absence et que je la remplace par quelque chose d'autre. Depuis, ce quelque chose d'autre (la musique ? l'amour ? la folie ?) marche à mes côtés."
Alexeï et Zena sont amis d'enfance. Ils se sont promis tout jeunes de se marier ensemble. Ils vivent près de la mer d'Aral asséchée, celle-là même qui en partant a laissé dans son sillage la misère et à l'air libre un sol pollué et nocif pour ses habitants. Alexeï est devenu sourd peu à peu mais est pourtant à l'âge adulte un musicien et un compositeur reconnu. Zena est une scientifique très concernée par l'environnement. Tous deux espèrent le retour de la mer d'Aral, mais entre incompréhensions et maladresses vont se forger une vie éloignée...
J'étais très intéressée par le thème qu'à développé ici Cécile Ladjali. Après l'avoir vue en interview, je me suis empressée de noter son livre. En 2006, son Louis et la jeune-fille m'avait également beaucoup plu.
Aucune déception avec ce titre donc, qui s'égrène pourtant avec lenteur et forte apathie. J'ai été séduite, et émue, par sa grande poésie, la recherche évidente du mot juste qui parcourt ce roman.
Alexeï est le personnage que l'on suit essentiellement, anti-héros assez peu sympathique qui se révèle au final, et heureusement, dans les dernières pages. Il est à la recherche de l'absolu, de la huitième note, au détriment de ceux qui l'entoure.
Mais l'intérêt est ailleurs, dans l'écriture de l'auteure, dans l'évocation du drame collectif qu'est cette mer disparue. Cécile Ladjali a su décrire au mieux l'acidité d'une fascination qu'un peuple entier partage avec ses héros de papier.
Une lecture d'un intérêt évident.
Editions Actes Sud - 19.20€ - Janvier 2012 - Merci ma bibli !!
Pour tout connaître sur la mer d'Aral [clic].
Le moment de TV tentateur... qui parle d'un roman sur le silence et la disparition