18 communautés sont ciblées.
Durant l'hiver glacial de 1691/1692, Betty Parris et Abigail Williams, respectivement fille et nièce du révérend Samuel Parris, se mettent - dit-on - à agir d'une curieuse manière : elles parlent une langue inconnue, se cachent, traînent des pieds en marchant. Les médecins consultés ne parviennent pas à identifier le problème ; l'un d'eux conclut même à une possession satanique. Parris et les autres notables de la ville pressent Betty et Abigail, puis les autres jeunes filles atteintes de manière identique, Ann Putnam, Betty Hubbard, Mercy Lewis, Susannah Sheldon, Mercy Short, et Mary Warren, de nommer ceux qui les ont maudites. Les jeunes filles se décident alors à donner des noms.
Les trois premières femmes accusées sont Sarah Good, Sarah Osburne et Tituba. Sarah Good est une mendiante, fille déshéritée d'une femme qui s'était donné la mort quand Good était adolescente, une femme louche : elle murmure quand on lui donne de la nourriture. Sarah Osburne est une vieille femme, alitée, qui a mérité la réprobation générale en captant l'héritage des enfants de son premier mari pour le remettre à son nouvel époux. Quant à Tituba, c'est l'esclave barbadienne de Samuel Parris.
Les trois femmes sont officiellement accusées de sorcellerie en mars 1692. Aussi accusés et mis en prison seront la fille de 4 ans de Sarah Good, Rebecca Nurse, Abigail et Deliverance Hobbs, Martha Corey ainsi qu'Elizabeth et John Proctor.
Les prisons se remplissent progressivement, il y a entre 150 et 300 accusés de sorcellerie enregistrés et un nouveau problème surgit : sans forme légitime de gouvernement, les accusés ne peuvent pas être jugés. Le gouverneur royal William Phelps met tout de même un comité citoyen sur pied pour les "juger".
Sarah Osbourne meurt en prison tandis que Sarah Good acouche d'un nouvel enfant, ce dernier ne survivra pas.
Tous seront simplement condamnés à mort pour sorcellerie. Une série de quatre exécutions a lieu au cours de l'été, avec la pendaison de 19 personnes, au nombre desquelles : un ministre du culte respecté, un ancien policier qui a refusé d'arrêter davantage de prétendues sorcières, et trois personnes disposant d'une certaine fortune. 6 des 19 victimes sont des hommes ; la plupart des autres sont de vieilles femmes misérables.
Plusieurs théories tentent d'expliquer pourquoi la communauté de Salem Village a explosé dans ce délire de sorcières et de perturbations démoniaques.
La plus répandue consiste à affirmer que les puritains, qui gouvernèrent la colonie de la baie du Massachusetts pratiquement sans contrôle royal depuis plus de 60, traversèrent une période d'hallucinations massives et hystériques provoquées par l'oppression religieuse.
D'autres pensent que l'ergot de seigle, un champignon répandu dans le village, contenait des propriétés qu'on prête aujourd'hui au LSD.
Certains parlent d'un complot de la famille Putnam pour détruire la famille rivale Porter, ou encore de l'écrasement social des femmes par des gens jaloux.
Toutes les explications évoquées ci-dessus ont probablement joué un rôle important mais il s'y ajoute la circonstance que Salem et le reste de la Nouvelle-Angleterre étaient harcelés par les attaques amérindiennes qui encerclaient la région, ce qui a créé une atmosphère de peur qui contribua beaucoup au développement de l'hystérie collective.
Enfin, une dernière thèse suppose que ces gens étaient tous atteintes de la maladie de Huntington.
Arthur Miller fait une brillante allégorie du McCarthysme aux États-Unis en 1953 en écrivant cette histoire en pièce de théâtre. C'est si fin, subtil et à la limite crasse, que le comité sur les activités antiaméricaines l'interrogera (puis le relâchera) en 1956.
Aux États-Unis, on fait de même 40 ans plus tard, en 1996, avec Daniel-Day Lewis et Wynona Ryder.
26 hommes et femmes seront morts dans la psychose entrourant les Sorcières de Salem entre mars et septembre 1692.
Le révérend George Burroughs, Martha Carrier, Georges Jacobs Sr, John Willard et John Proctor, il y 320 ans aujourd'hui, étaient pendus...dans l'hystérie.