Titre original : Rambo : First Blood Part II
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : George Pan Cosmatos
Distribution : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Steven Berkoff, Julia Nickson-Soul, Martin Kove, George Cheung, Don Collins, Christopher Grant…
Genre : Action/Guerre/Drame/Saga
Date de sortie : 16 octobre 1985
Le Pitch :
Alors qu’il purge sa peine dans un camp de travail, John Rambo reçoit la visite du Colonel Trautman. Ce dernier donne la possibilité à Rambo de retrouver sa liberté, en remplissant une mission des plus délicates : retrouver la trace de prisonniers américains au Viet-Nam. Sommé de ne pas intervenir, mais seulement de prendre des photos, Rambo désobéit lorsqu’il trouve un camp de prisonniers. Murdock, le responsable des opérations décide alors d’abandonner Rambo à son sort, en plein territoire ennemi…
La Critique :
Succès monumental au box office (le film est le premier a avoir dépassé la barre des 500 000 entrées en première semaine à Paris), le second volet de la saga Rambo est surtout le film qui marqua véritablement l’entrée de Sylvester Stallone dans le club très fermé des superstars de l’action décomplexée. C’est en effet à partir de Rambo 2, que Sly se concentra quasi-exclusivement au genre qui fit sa gloire, avec des films comme Cobra, Tango & Cash, Haute Sécurité, Cliffhanger, Demolition Man et bien sûr, Rambo 3.
Avec cette seconde mission, Rambo n’est plus seulement un ancien soldat du Viet-Nam traumatisé et rejeté par son pays, c’est surtout un mec super balèze appelé par les autorités en dernier recours. Un gars sur-entrainé, une véritable machine à tuer, que rien n’effraie, prête à mourir pour son drapeau. Et peu importe si ce même drapeau a tourné le dos à Rambo. Ce dernier est très clair quand, à la fin du métrage il s’explique à ce sujet : « Je veux… Ce que eux veulent (en parlant des prisonniers américains au Viet-Nam) ! Et ce que tous les autres gars qui sont venus ici et qui ont vidé leurs tripes et donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre, veulent ! Nous voulons juste que notre pays nous aime autant que nous l’aimons ! Voilà ce que j’veux ! ».
Dans Rambo 2, le fidèle Colonel Trautman, toujours campé par l’indéboulonnable Richard Crenna, va chercher Rambo pour l’envoyer dans la jungle, afin de repérer des prisonniers américains. Une mission aux petits oignons pour un soldat conditionné pour les champs de bataille. Une mission qui mènera aussi Rambo à se frotter à l’archétype du méchant de cinéma des années 80 : le russe.
Il faut comprendre un truc : en 1985, la Guerre Froide entre les États-Unis et la Russie fait rage. Le cinéma, plus que tout autre média de divertissement, cristallise cette peur du soviet impassible et cruel en mettant en scène dans ses longs-métrages d’ignobles salopards à l’accent à couper au couteau. Et quoi de mieux qu’un ex-soldat, ayant déjà combattu le communisme au Viet-Nam, pour rempiler face aux Russes ? Rambo est le candidat idéal. Rejeté par son propre pays, il n’en demeure pas moins une arme efficace contre tout envahisseur venu du froid, qui viendrait à se présenter.
Rambo qui remettra ça contre les russes dans un troisième épisode encore plus jusqu’au-boutiste.
Ancien pariât pourchassé par les soldats dans la forêt, Rambo apparaît, dans cette suite, comme le soldat qu’il a toujours été. C’est la première fois que le spectateur peut vraiment le voir à l’œuvre. Et le long-métrage de George Pan Cosmatos ne se prive pas d’offrir au héros aux cheveux longs un écrin spectaculaire à la hauteur des attentes suscitées par son curriculum.
Encore aujourd’hui, Rambo 2 : La Mission est l’un des films d’action les plus spectaculaires qui soient . Très peu porté sur la parlotte ou sur la négociation, Rambo déboule dans la jungle par les airs, prend les armes et dézingue à tout va.
Un type s’est ainsi amusé à compter le nombre de morts dans les films de la saga Rambo. Le résultat est éloquent : alors que le premier ne compte qu’une seule victime (et encore, elle est accidentelle, le mec se vautre d’un hélico), on dénombre dans le deuxième Rambo, 69 morts (0,72 morts à la minute). Le record étant actuellement détenu par le dernier épisode (236 macchabées tout de même).
Dans Rambo 2, John Rambo, passe à la vitesse supérieure. À nouveau utilisé par son gouvernement, il fait du zèle, désobéit aux ordres et se retrouve dans une situation qu’il connait bien : seul contre tous. Malgré tout, sa foi reste inébranlable.
Certes, Rambo 2 est moins percutant sur un plan émotionnel que le premier. Sa puissance réside en grande partie dans son déploiement pyrotechnique. L’action est au rendez-vous. Rambo tire à la mitraillette, les méchants sont d’immondes salopards, il rase un campement avec un hélico, tire à l’arc, tombe amoureux (oui, oui) et se fait torturer. Le cahier des charges est rempli au-delà des espérances les plus folles et le spectacle, saisissant, est jubilatoire.
Le film contient également son lot de scènes cultes, à l’image de cette séquence, où détenu par les russes, Rambo appelle par radio son commandement pour lui signifier qu’il n’a pas trop apprécié de se faire lourder en pleine guérilla (« Je vais revenir et j’aurai votre peau », on fait difficilement plus explicite).
Mais au delà de toutes les explosions et des effusions de violence barbare, le caractère profond du personnage subsiste, quelque-part au second plan. Rambo 2 témoigne toujours de la condition de ces hommes laissés sur le bas-côté après un conflit honteux, via ces prisonniers abandonnés à leur triste sort par les États-Unis. Le script, écrit par James Cameron, puis remanié par Stallone, laisse les coudées franches à la baston, mais n’oublie pas de faire le trait-d’union avec le premier volet. Ce n’est pas très fin et assez maladroit, mais tout de même, le résultat s’en ressent. Ce qui ne sera pas du tout le cas avec Rambo 3, qui est le canard boiteux de la série, justement car il gomme presque complètement le caractère profond de son protagoniste principal, pour le transformer en machine à tuer juste bonne à casser du russe.
On fait plus philosophique que Rambo 2, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Le spectacle est hallucinant et le second degré bien présent. Archétype du parfait film d’action des années 80, Rambo 2 est dans son genre assumé, un grand défouloir. Depuis, peu ont réussi à faire mieux. Le public ne s’y est pas trompé. Du culte qu’on vous dit !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Carolco Pictures