SOCIÉTÉ: La séparation, l’alternative au divorce pour les couples défavorisés – American Sociological Association

Publié le 19 août 2012 par Santelog @santelog

Les couples mariés et séparés à long terme sont majoritairement ceux qui ne peuvent pas se permettre de divorcer, selon cette étude américaine qui conclut que 80% de ces ménages finiront par divorcer, mais dans les 3 ans. Ces résultats présentés à la 107e réunion annuelle de l'American Sociological Association montrent qu'avec la crise, la séparation pourrait devenir la norme pour bon nombre de couples qui n'ont plus les moyens du divorce.


5% feront une tentative de conciliation et 15% des séparations n'aboutiront ni à un divorce, ni à une réconciliation dans les 10 ans. Ces couples longtemps séparés, du moins aux Etats-Unis où a été menée l'étude, appartiennent majoritairement aux minorités raciales et ethniques, ont encore de jeunes enfants, et fréquemment un faible revenu familial et niveau d'éducation.


L'alternative « do-it-yourself » : «À long terme la séparation semble l'alternative au divorce –à faire soi-même- pour de nombreux couples défavorisés», explique Dmitry Tumin, co-auteur de l'étude et étudiant au doctorat à l'Université Ohio State. «La séparation n'est pas forcément le premier choix, mais c'est, pour ces couples, le meilleur choix ».
L'étude menée avec Zhenchao Qian, professeur de sociologie à l'Ohio State, a porté sur 7.272 participants à l'Enquête longitudinale nationale sur les jeunes 1979 (National Longitudinal Survey of Youth 1979), interrogés chaque année jusqu'en 1994 et tous les 2 ans ensuite et qui se sont mariés à un moment donné. Les résultats montrent que
·   49% des participants ont mis fin à leur premier mariage au cours du suivi de l'étude, 60% après avoir traversé une période de séparation conjugale.
·   Environ 80% de ces séparations terminé par un divorce.
·   La durée moyenne d'une première séparation est de 3 ans pour ceux qui ont fini par divorcer, de 9 ans pour les répondants encore séparés lors de l'interview la plus récente, et de 2 ans pour ceux qui se sont remis en ménage.
·   La réconciliation après la séparation est souvent un échec.


Ceux qui restent séparés sont les plus défavorisés : Les personnes qui ont divorcé immédiatement ont les mêmes caractéristiques socio-professionnelles que les personnes qui se sont séparées avant de divorcer, mais les couples séparés qui n'ont pas ensuite divorcé, ont des profils très différents, selon les chercheurs. Près de 75% d'entre eux sont noirs ou hispaniques. En conclusion, ceux qui restent séparés sont plus défavorisés que ceux qui finissent par divorcer. Et, comparativement aux personnes qui ont divorcé, ces couples séparés non divorcés ont aussi tendance à avoir plus d'enfants, selon l'étude, car ceux-là éprouvent plus de difficultés à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants en cas de divorce.


Enfin, résultat surprenant, la religion ne semble avoir aucun impact significatif sur le choix divorce ou séparation.


Une tendance: Le nombre de personnes qui choisissent la séparation semble être à la baisse, mais la durée de séparation augmente et les difficultés économiques devraient maintenir ce phénomène, expliquent les auteurs. La séparation pourrait devenir la norme pour les personnes défavorisées, jusqu'à meilleure alternative, en termes de capacité d'aide de l'époux que d'indépendance économique.


Source: American Sociological Association Incidence, Predictors, and Resolution of Marital Separations (Visuel © stefanolunardi - Fotolia.com)


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