Il y a 6 mois jour pour jour, le 21 février dernier, 5 membres du collectif punk-rock féministe russe Pussy Riots se présentaient dans une église pour y créer le chaos.
Pussy riot est un regroupement "anonyme" d'une dizaine d'"artistes" russes composé de femmes à 98%. Si on compte l'équipe technique qui filme les performances et celle qui produit le matériel en studio, ça peut s'étendre à près d'une vingtaine de membres. Elles portent généralement des robes très colorées, des bas nylons tout aussi colorés, et ce, peu importe le froid hivernal. Elles demeurent anonymes en utilisant des pseudonymes lorsqu'interviewées et portent perpétuellement une cagoule afin de masquer leur identité. Elles se présentent comme un groupe de musique punk inspiré des Bikini Kill ou des Riot Grrrl, groupes punks d'Amérique.
Elles carburent à l'affront social, aux propos politiquement chargés, à l'importance du discours féministe et à la propagation de l'image non standard de la femme en Russie.
Suite à leur invasion de la cathéderale orthodoxe du Christ Sauveur où elles se sont moqué de la sainte prière de Notre-Dame-De-Kazan et ont vivement soutenu des slogans anti-Poutine afin d'éviter sa ré-élection, Alexei Nikoforov, un avocat gouvernemental, a réclamé la prison pour trois des activistes féminines pour avoir "abusé de Dieu".
Le 3 mars suivant, Maria Alyhokhina, 24 ans, et Nadezahda Tolokonnikova, 22 ans, toutes deux mères d'un enfant en bas âge, ont été arrêtée et accusée de hooliganisme. Elles ont d'abord nié être membre du collectif et ont entamé un grève de la faim (sans succès) pour être détenues loin de leurs enfants. 13 jours après cette double arrestation, Ekatarina Samoutsevitch, 30 ans, a été identifiée comme la troisième punk en action dans la cathéderale et a rejoint les deux autres en tôle.
Le 4 juin, un document de 2800 pages d'accusation a été présenté à la cour. On leur a donné deux jours pour préparer une défense, ce qu'elles ont bien entendu refuser de faire (deux jours? pour répondre à 2800 pages? et en prison?) en se soumettant à une nouvelle grève de la faim (sans succès again).
Amnistie Internationale les as nommées "prisonnières de conscience" en raison de la sévérité avec laquelle les autorités russes ont réagi.
Les autorités religieuses ont condamné sans appel les gestes des punks en soulignant que le Diable s'est payé tout un party en les laissant faire et que si il fallait laisser passer une telle chose à nouveau- le blasphême du "sacré"- la Russie serait perdue à jamais.
La population Russe n'est pas complètement de cet avis, soulignant que ses femmes sont victimes de leurs effronteries mais que des travaux communautaires seraient une meilleure punition contre des mères de famille.
Le cinéaste Nikita Mikhalkov a toutefois pour sa part soutenu qu'il signerait n'importe quoi qui garderait les trois femmes au large.
Elles font face à 7 ans de prison pour désordre prémédité performé par un groupe de gens motivé par la haine et l'hostilité religieuse.
Des appuis de l'international en faveur des jeunes femmes sont venus de la part de Kate Nash, Red Hot Chili Peppers, Sting, Peter Gabriel, Cornershop, Faith No More, Franz Ferdinand, les Pet Shop Boys, Patti Smith, les Beastie Boys, Refused, Zola Jesus, Die Antwoord, Jarvis Cocker, Pete Townshend, The Joy Formidable, Peaches, Madonna, Paul McCartney, Genesis, Tegan & Sara, Johnny Maar, Liro Rantala, Propaghandi, Anti-Flag, Corinne Bailey Rae, Kathleen Hanna, Björk, Yoko Ono, l'acteur Stephen Fry et le maire de Reykjavik en Islande Jon Gnarr. Certains versent dans l'excès dans leurs appuis comme cet homme aux lèvres cousues (ouch!).
121 membres du parlement Allemand ont aussi signé une lettre exigeant le pardon aux trois femmes et l'ont envoyé à l'ambassadeur Russe à Berlin.
Quand Vladimir Putin a constaté que 51% de la population soutenait les trois femmes et que seulement 36% souhaitaient leur condamnation, il a demandé à la cour "de ne pas être trop dur envers ses trois chrétiennes"
Elles ont été trouvées coupables vendredi dernier et resteront encagées pour la prochaine année et demie.
Ne serais-ce que pour "crime contre la musique", elles ne savent franchement ni performer, ni chanter...
Pour Poutine, la sentence est contreproductive puisqu'elle a attiré l'attention internationale sur le régime répréssif dont il est la tête dirigeante.