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Les trois punkettes des Pussy Riots condamnées au « Goulag » par la justice de Poutine

Publié le 18 août 2012 par Kamizole

Les trois punkettes des Pussy Riots condamnées au « Goulag » par la justice de Poutine

Car ne nous y trompons pas, c’est bien de cela qu’il s’agit. Elles viennent d’être condamnées à deux ans d’internement dans un « camp de rééducation » en Sibérie pour "hooliganisme"  (Europe 1, le 17 août 2012). Je ne reviendrais pas sur l’absurdité de l’inculpation et des motifs retenus contre elles que j’ai plus qu’amplement démontrés lors d’un précédent article Vladimir Poutine contre les punkettes des Pussy Riot : médaille d’or de la connerie (4 août 2012).

Autrement dit, dans la Russie du XXIe siècle - laquelle est membre rappelons-le, du Conseil de l’Europe qui impose le respect des règles démocratiques dont le non-respect est sanctionnée par la Cour européenne de sauvegarde des droits de l’homme - l’on peut être condamné pour ce que l’on doit bien qualifier de « délits d’opinion » sinon « délits imaginaires » - hérésie, sortilèges et sorcellerie, abolis en France par le Code pénal napoléonien en 1810. Le Monde ne s’y trompe pas qui voit dans la condamnation des Pussy Riot un verdict "digne de l'Inquisition" (18 août 2012).

Bigre de bougre ! Quand l’on pense que pendant 75 ans le régime communiste s’acharna méthodiquement à éradiquer la religion en URSS… Ce qui m’a d’ailleurs paru depuis 50 ans la plus grande des foutaises. L’on abolit pas par décret un sentiment aussi profondément ancré depuis l’aube des temps dans la nature humaine que le besoin de sacré. Leçons de l’Histoire : la fin de la Terreur en France et de l’URSS nous en apportent la preuve : « chassez le naturel, il revient au galop ».

Je répéterais une fois de plus que les Russes n’ont jamais connu ni la liberté ni la démocratie. Avant le goulag de Staline il y eut sous les Tzars la déportation en Sibérie pour les opposants. J’avais lu avec le plus grand intérêt dans ma jeunesse - j’avais entre 18 et 20 ans - « Souvenir de la maison des morts » de Dostoïevski - qui fut déporté en Sibérie par le régime tsariste pour avoir participé au complot décembriste (Noël 1825) - et donc bien avant de lire « l’Archipel du goulag » de Soljenitsyne avec lequel je trouvais de grandes ressemblances.

D’après ce que je viens de lire dans trois articles, Russie : des camps pour femmes hérités du Goulag (Le Figaro 16 août 2012), le Nouvel Observateur Pussy Riot : à quoi ressemble un camp de prisonnières russes ? (17 août 2012) et Libération Dans l’archipel des camps de prisonniers russes (16 août 2012) les conditions d’internement n’y sont guère différentes de celles des goulag, à l’exception sans doute de la vétusté des bâtiments qui les faisaient pour la plupart ressembler aux camps d’extermination nazis. Palissades, barbelés et miradors compris.

Au goulag, les internés étaient astreints aux travaux forcés les plus pénibles : les soviétiques ayant trouvé ainsi la meilleure manière de développer les infrastructures - routes, ponts, canaux, etc. - sans avoir à verser un véritable salaire à des ouvriers.

Le régime des « colonies pénitentiaires » de la Sibérie tsariste fut trop variable selon les époques et les lieux pour autoriser des comparaisons. Certaines ressemblaient au goulag alors que dans d’autres, les déportés pouvaient vivre dans des isbas et y faire venir leur famille d’après ce que j’avais lu dans certains ouvrages. Aussi bien dans les camps du goulag que dans les centres pénitentiaires actuels l’isolement avec les proches est la règle.

Pour dresser un rapide tableau de la vie des femmes dans les colonies pénitentiaires actuelles, elles vivent dans des immenses dortoirs - de 100 à 120 personnes. Autant dire qu’elles n’ont droit à aucune intimité. Elles sont astreintes au travail, soit à l’intérieur soit à l’extérieur et doivent porter un uniforme. Même quand elles travaillent à l’extérieur, parfois par des températures allant de - 30° à - 40, elles n’ont droit à rien d’autre qu’un caban ouaté fourni par l’administration. Les pantalons y sont interdits de même que les couvre-chef quel que fût le froid.

Les interminables journées - le réveil intervient selon les lieux entre 5 h 15 et 6 heures, le couvre-feu est sonné à 22 heures - sont réglées comme du papier à musique. Cela rappellera certainement quelque chose à ceux de mes lecteurs qui auront fait le service militaire mais… en pire ! Car ils avaient droit à des pauses dans la journée et même si la cantine n’y était pas toujours excellente elle devait être sans commune mesure avec l’infecte pitance dont elles sont nourries.

Dans les colonies pénitentiaires où le réveil est sonné le plus tôt la journée commence par la gymnastique, l’appel dans la cour - hiver comme été - suivi par le ménage et le petit déjeuner vers 7 heures puis le départ pour le travail jusqu’au déjeuner à 13 heures et retour au travail jusqu’à 16 ou 17 heures. Elles subissent une inspection avant le dîner qui est pris à 18 heures. Notons qu’elles peuvent être fouillées à n’importe quelle heure du jour et que selon l’emploi du temps de certaines colonies des inspections peuvent être prévues tout au long de la journée.

Les salaires sont misérables de 4 à 70 € par mois, selon les tâches. Ils sont en outre ponctionnés par l’administration pour financer l’uniforme et la gamelle ! Ce qui leur reste leur permet d’améliorer l’ordinaire en achetant quelques produits de première nécessité dans l’épicerie du camp, où les prix sont deux à trois fois supérieurs à la normale…

Comparaison n’est pas raison. J’ai lu sous l’article du Figaro quelques commentaires faisant - cela n’a rien d’étonnant ! - référence aux prisons françaises, forcément « dorées »… sauf le quartier des VIP de la prison de la Santé dont les cellules sont loin d’être un palais au demeurant (mais j’ai lu que les détenus les plus friqués pouvaient se faire livrer des repas par des traiteurs pour manger « comme à la maison ») les prisons françaises sont pour la plupart loin d’être des palaces quand elles ne sont pas carrément vétustes et le manque de place oblige parfois l’administration péniten-tiaire à mettre dans les mêmes cellules - prévues pour deux - trois voire quatre détenus.

Je dirais surtout que l’enfermement est une peine suffisante en soi. Si les détenus ont droit depuis quelques années à la télévision cela n’en fait pas pour autant des nababs. C’est un lien avec la société et cela occupe aussi le temps forcément très long. J’ai été hospitalisée suffisamment longtemps pour savoir que la lecture et la télévision sont des dérivatifs nécessaires à la souffrance et à l’ennui.

Contrairement au goulag de Poutine, le travail n’est pas obligatoire dans les prisons françaises et c’est même une denrée trop rare eu égard à la demande ! Beaucoup de détenus souhaitant travailler pour s’occuper et gagner un peu d’argent. Que ce fût pour l’administration - service des repas, ménage et entretien, bibliothèque ou infirmerie, etc. - ou dans des ateliers où ils travaillent souvent comme sous-traitants d’entreprises ayant pignon sur rue. Les salaires, si modestes qu’ils fussent leur permettent de « cantiner » pour améliorer l’ordi-naire (loin d’être excellent !) et se procurer des produits d’hygiène, etc. L’administration ne retient rien sur leur pécule pour financer leur repas… Seulement la moitié, éventuellement, s’ils doivent indemniser leurs victimes.

Enfin, je ferais remarquer que la France connut des établissements comparables. Les forçats condamnés aux galères sous l’Ancien régime - là aussi la Marine royale s’épargnait de payer un salaire à des marins et ces bâtiments de guerre à voiles et rames furent d’une très grande utilité pour la surveillance de la Méditerranée contre les pirates et les marines ennemies. Thiers et les autres « Versaillais » envoyèrent dans les bagnes de Nouvelle Calédonie ceux des Communards qui n’avaient pas été exécutés. Se souvenir de Louise Michel. En n’ayant garde d’oublier que les forçats condamnés aux travaux forcés à temps ou à perpétuité furent envoyés « casser des cailloux à Cayenne » dans les bagnes de la Guyane française et qu’il fallut attendre un décret-loi de 1938 pour mettre fin à la déportation en Guyane.

Nous n’avons certes pas à être fier de ce passé pénitentiaire mais précisément parce que la République sut y mettre fin, il nous parait plus encore odieux qu’un tel régime subsistât dans la Russie - prétendument démocratique de Poutine - en 2012. Il ira rejoindre dans les poubelles de l’Histoire Staline et tous ceux qui furent les exécuteurs de ces basses œuvres.

Les trois punkettes des Pussy Riots condamnées au « Goulag » par la justice de Poutine


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