n entend de ces trucs parfois.
Parfois on n'entend rien, on est dans une pièce insonorisée avec des boules Quiès et un casque de musique sans musique sur les oreilles, eh ben on n'entend rien, même avec le silence monté au maximum pour entendre mieux. Si une personne est à côté de nous et qu'elle parle, on ne l'entend pas. Pour l'entendre, il faut monter le son de la personne à 22, au moins. Si on ne l'entend toujours pas, elle devra enregistrer sa conversation sur un DVD, le mettre dans une platine et ainsi on pourra l'entendre avec le casque. C'est plus direct que si elle envoyait un message téléphoné. La complication est le frein de la simplicité. Oui mais lorsqu'on enlève ses boules Quiès et son casque, parfois on entend de ces trucs quand même.
Parfois, quelqu'un vous dit, sans ménagement, alors que la conversation jusque là était amicale, ouverte, intéressante et féconde, que le chien est le meilleur ami de l'homme. Paf comme ça. Sans prévenir, sans précaution, la personne a envie de clore la discussion de façon abrupte, et pour ce faire, elle synthétise en quelques secondes toute l'histoire de la philosophie par cette phrase définitive qui résume, il est vrai, toute la pensée de Platon, Marx, Hegel, Socrate, Nietzsche, Descartes ou Didier Super: le chien est le meilleur ami de l'homme. Or ceci est faux, le chien n'est pas le meilleur ami de l'homme, comme nous allons le démontrer pas plus tard que tout de suite car on s'en fout, on a le temps, on est en vacances et les merguez sont même pas décongelées (c'est madame pow wow qui vient de me dire ça, je sais pas quoi lui répondre à part que je m'en fous royalement, mais la connaissant elle va mal le prendre étant de nature foncièrement acariâtre, donc je vais faire le mort) .
Le meilleur ami de l'homme, comme vous l'aviez constaté, est depuis la nuit des temps: le château d'eau. Sans eau, point de vie sur Terre. Si la vie sur terre a pu éclore grâce à la panspermie, c'est-à-dire au fait qu'une ou plusieurs comètes puissent débarquer sur terre avec leurs valises bourrées de bactéries, comme de vulgaires chinois débarquant à Roissy avec la grippe aviaire, rien n'eût pu être possible sans la complicité de l'eau; l'eau et les bactéries s'entendant comme larrons en foire, même dans une mini-flaque, pour que la vie se développe de manière exubérante, faut pas les pousser beaucoup ces deux-là rhâlala. Vous pouvez essayer, achetez une mini-flaque sur eBay, une valise, une comète et un bon kilo de bactéries au marché, mélangez le tout dans une casserole et mettez sur un feu tiède, et vous verrez la vie apparaître, en touillant bien. N'essayez de créer la vie qu'à partir de produits frais, vous n'obtiendrez rien avec de la comète en boîte, des bactéries surgelées et une mini-flaque déshydratée en sachet. Moi je dis ça c'est pour vous hein.
Il faut savoir que de tous temps et même avant, l'homme a cherché à stocker de l'eau pour subvenir à ses besoins essentiels comme laver sa bagnole par exemple, et pour ce faire il a construit des monuments plus ou moins chiadés architecturalement parlant pour y stocker le précieux liquide. C'est pas con au fond, il ne pouvait pas éternellement aller remplir son verre à la rivière, car d'autres font pipi dedans, des gens mal élevés dont certains s'appellent forcément Jean-Jacques, statistiquement parlant et pour prendre un repère concret. Il fallait donc toujours remplir son verre en amont des Jean-Jacques, ou parquer les Jean-Jacques dans les estuaires, mais la solution était discriminatoire même si personne ne porte les Jean-Jacques dans son coeur à vrai dire car personne n'a oublié le rôle qu'ont joué les Jean-Jacques (statistiquement parlant, toujours) dans la déportation des juifs pendant les secondes échauffourées interdépartementales du Jura et du Loiret (39-45), et elle était difficile à mettre en oeuvre -la solution- car elle requérait plein de choses dont on n'a rien à foutre ici présentement et sur lesquelles on aurait tort de s'appesantir, qui est un verbe pronominal. Donc bon.
Toujours est-il que l'homme, malgré sa tendance naturelle appuyée à procrastiner pour tout et rien, a donc entrepris cette tâche énorme qui consiste à bâtir des monuments pour préserver les biens de la communauté à savoir: l'eau, le grain, les putes. On distingue communément deux sortes de châteaux d'eau, les châteaux d'eau pleins et les châteaux d'eau pas pleins. Alors que dans les pays riches les châteaux d'eau sont pleins toute l'année, dans les pays pauvres ils sont souvent vides dès le quinze du mois et des fois même vers le dix, ce qui explique l'exode des populations des régions arides vers les régions pluvieuses, c'est ce qu'on appelle dans le jargon scientifique la désertification des déserts. L'homme s'est toujours attaché à vivre près des points d'eau, c'est une constante forte dans l'histoire de l'humanité, et lorsqu'il n'y aura plus d'eau potable, l'homme s'attachera à regretter méchamment d'avoir fait autant de conneries. Bien sûr il restera toujours l'eau en bouteilles et les crèmes hydratantes, mais c'est faire preuve d'une courte vue que d'analyser les choses en ces termes.
Le meilleur ami de l'homme reste donc le château d'eau, on en conviendra tous au terme de ce brillant exposé, et il convient de reconnaître malgré tout que le chien arrive juste derrière, si on est de dos, sinon il arrive de face. Et il est aussi vrai de dire que l'histoire du chien va de pair avec celle du château d'eau dans l'histoire de l'homme, ayant domestiqué les deux et les ayant façonnés après des millénaires de savants croisements. En cela réside le génie de l'homme, il a réussi à miniaturiser l'ancêtre du loup à force d'hybridation et de manipulations génétiques pour en faire son compagnon de tous les jours, en même temps qu'il a brillamment réussi à miniaturiser le château d'eau par les mêmes procédés pour en faire son compagnon de tous les jours.