Vois, toute douce, toute belle, toute pâle
Le jour qui vient mourir sur les mystères blancs ;
Il nous paraît humain ce jour agonisant,
Tristement effeuillant ses bagues dans la salle.
Nous nous sentons heureux de savoir que les choses
Boivent ainsi que nous ce lambeau de clarté
Et s’enfuient avec nous vers les nuages roses….
L’heure sonne son glas vers les vitraux muets.
Dans la douceur du soir se lamentent les branches,
Parfois dans les chemins agonise un oiseau
Et voici que le ciel prend une couleur d’eau….
Ma soeur c’est notre amour qui neige dans les branches.
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Il s’agit d’un des tout premiers poèmes du jeune Antonin Artaud (1896-1948), daté de Mars 1914, publié dans “La Revue de Hollande” en 1916.