Le Texas est une région hostile. On connaissait Dallas et son univers impitoyable. Les frères Coen en ont fait l’enfer sur terre. Les hommes n’y vivent pas vieux, c’est le titre du film. En français dans le texte, le titre "No country for old men" donne un remarquablement lourd "Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme". Pourtant, l’un de ces hommes-ci a survécu, Tom Bell, le shérif, incarné par Tommy Lee Jones. C’est bercé par son accent texan qu’on entre dans le désert. Bell nous parle d’une rencontre.
Llelewyn Moss (Josh Brolin), chasseur à ses heures, découvre dans la plaine une mallette de deux millions de dollars. Il s’en empare. A côté de la mallette gisent inertes les trafiquants mexicains, à qui appartient l’argent. Commence une chasse à l’homme entre le gentil voleur, et le tueur à gages qui s’est chargé de récupérer les deux millions. Schéma classique. Un western s’annonce, avec ses santiags, ses cow-boys, et son soleil. Seulement voilà, le tueur à gages, joué par un Javier Bardem survolté est un fou, en plus d’être dur au mal.
D'une road novel de Cormac MacCarthy, les Coen en ont fait un thriller tendance western. Du sang et de la poudre, les réalisateurs américains ont renoué avec l'ambiance ensoleillée et déjantée d'un Raisin' Arizona, saupoudrée d'un glacage glaçant à la Fargo. La violence à la Coen sent le beurre de cacahuètes et les donuts. Elle n'est pas sociale comme elle a trop tendance à l'être aujourd'hui. Elle est humaine, ce qui la rend lointaine, plus symbolique. Le film tourne au conte.
Comme toujours chez les Coen, les face-à-face entre personnages sont magistraux. No country for old men n’y échappe pas. Les dialogues à la sauce texane servent de bande-son à ce film sans musique. O’Brother est bien loin. Ici, la fin est noire. Sous un soleil de plomb, le shérif nous rappelle qu’on se retrouve toujours à mourir.