Les attaques perpétrées, les 5 et 6 août, contre un commissariat et un camp militaire, puis celles de l'Ouest à la frontière libérienne et, enfin, à Dabou près d'Abidjan, soulignent la fragilité de la réconciliation entre ex-rebelles et anciens soldats pro-Gbagbo.
Triste fête nationale, le 7 août, au palais présidentiel d'Abidjan. Pendant la parade militaire, à laquelle le président Alassane Ouattara avait convié Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, beaucoup d'invités avaient en tête la double attaque d'un commissariat de Yopougon et du camp d'Akouédo, les 5 et 6 août. Bilan : 11 morts. Des incidents qui s'inscrivent dans une longue série, qui ne s'est pas arrêtée : attaques dans l'Ouest, à la frontière libérienne, puis à Dabou...
Dans son rapport au Conseil de sécurité, le 29 juin, le Néerlandais Bert Koenders, chef de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), signalait qu'en l'espace de trois mois 188 vols avaient été commis dans des armureries, causant la mort de 54 personnes. S'y ajoutent l'évasion de 196 détenus (sans compte la centaine récemme à Dabou), des affrontements intercommunautaires et le décès de 7 Casques bleus dans une embuscade près de Taï (Sud-Ouest), le 8 juin.
Plus de un an après la fin du conflit postélectoral, les autorités sont confrontées à de récurrentes vagues de violence. Hamed Bakayoko, le ministre de l'Intérieur, et Guillaume Soro, le président de l'Assemblée nationale, ont attribué les attentats d'Abidjan, les 5 et 6 août, aux soldats pro-Gbagbo. Mais, pour l'opposition et certains diplomates, tous ces actes sont le fait de supplétifs des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, nouvelle armée) qui s'impatientent des promesses de réintégration dans la vie civile non tenues par le gouvernement.
Corps d'élite
Créées en mars 2011 par le président Ouattara, les FRCI comptent 40 000 hommes, dont 15 000 gendarmes. Elles sont composées des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS, ancienne armée) et des ex-Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, ex-rebelles). Dans les casernes, la confiance a du mal à s'établir. Au sein de la chaîne de commandement, dont les postes sont partagés entre les deux anciennes forces belligérantes, plusieurs ex-commandants rebelles n'ont pas le niveau requis. Seuls quelques corps d'élite (Groupe de sécurité de la présidence, garde républicaine...), soit environ 3 000 hommes, sont opérationnels.
Désarmement, réinsertion dans la vie civile, formation... Il faut accélérer la réforme de l'armée.
Pour assurer la sécurité du territoire, les autorités ont procédé au redéploiement des gendarmes et policiers, mais seulement 30 % d'entre eux sont équipés. Sur le terrain, de 40 000 à 70 000 ex-combattants (mercenaires étrangers, miliciens et chasseurs traditionnels dozos) continuent de faire régner la loi, et parfois la terreur. Ces hommes, recrutés pendant la crise, n'ont pas été démobilisés et vivent de divers trafics.
Au lendemain des attaques, le président Ouattara a donné des instructions pour accélérer la réforme de l'armée. « Dans quelques semaines, nous mettrons en place un Conseil national de sécurité et une autorité unique chargée de procéder au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des ex-combattants », a-t-il promis. Le ministère de la Défense a chargé Semlex, une entreprise belge, de l'identification de ces derniers.