Insoumise et révoltée, Louise Wimmer a tout perdu. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle va tout faire pour reconquérir sa vie.
"Louise Wimmer" de Cyril Mennegun
Avec : Corinne Masiero, Jerome Kircher Sortie le 21 aout 2012 Distribué par Blaqout Durée : 90 minutes Nombre de : 2 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
La promo sur la jaquette annonce qu’il s’agit de la découverte de la Mostra de Venise, un festival dont le film est reparti bredouille. Alors ça veut dire quoi, découverte ? Ce que les gens retiennent c’est le trophée, la palme, le prix spécial. Je pense que la Mostra aurait pu faire un peu plus que de découvrir ce film. Le Bayard d’or de la meilleure première œuvre au festival international du film francophone de Namur l’éclaire d’un jour nouveau.
Cyril Mennegun vient du documentaire ce qui n’est pas sans conséquence sur la manière dont il traite son sujet, ses images et les personnages qui s’y rattachent.Mais dans l’esprit de ses premiers longs métrages, il le fait avec une originalité particulière qui situe son propos hors du cadre habituel.
Cette femme à la dérive n’a pas vraiment de passé, et sa famille est inexistante. A peine si on la devine à travers une brève rencontre avec sa fille qui ne sait rien de cette mère égarée dans le long silence d’une descente aux enfers. Elle le dit à un amant de passage « à quoi bon parler ? »
Louise ne se raconte pas, et les images de Mennegun respectent son secret. Elles s’égrènent en ordre séquencé, au rythme des errements et des petites magouilles pour garder la tête hors de l’eau.Une douche dans les toilettes des cafés ou les stations services, des petits chapardages, une astuce pour finir un plateau-repas, le siphonnage… La vie va, inéluctable, presque indolore.
De la même façon que le réalisateur se garde de tout jugement, on ne s’apitoie pas sur le sort de l’héroïne ; on l’accompagne ,simplement, dans sa quête d’un jour nouveau. Pour un autre job, un appartement, une petite étincelle qui viendrait égayer son quotidien. Corinne Masiero qui tient le film de bout en bout , extraordinaire, a le regard persuasif et le sourire , discret, mais convaincant. Une découverte comme dirait la Mostra.
LES SUPPLEMENTS
- 2 moyen-métrages de Cyril Mennegun
- « Tahar l’étudiant » (52 mn) : Cyril Mennegun porte un regard singulier sur la solitude et la précarité auxquelles se trouvent confrontés de nombreux étudiants. Ce portrait poignant , dessiné autour de la figure tutélaire du grand frère,soulève la problématique de l’inégalité des chances. Tahar nous invite dans ce parcours difficile ( des découverts bancaires aux colis alimentaires d’urgence ) pour accéder à ses ambitions et se rêver un futur différent. Retrouvez l’acteur Tahar Rahim dans son premier film.
- « Le journal de Dominique » (52 mn) : Dans un quartier gris de Belfort, Dominique Bourgon, gardienne d’immeuble, a un jardin secret, son journal dont elle noircit les pages. Dans ce journal, sept années de la vie d’une gardienne de HLM. Une chronique ? Non. Un essai sociologique ? Encore moins… Elle rencontre les gens, Doudou le sénégalais qui n’est jamais plus retourné chez lui, un peintre sur son balcon ( que le pinceau, pas un mot )… et Mennegun y joint sa touche d’humanité. C’est vraiment beau à voir et à entendre, même si le gamin jouera encore longtemps tout seul au basket. Et que les histoires d’amour de Colette resteront lettre morte.
- Entretien avec Cyril Mennegun et Corinne Masiero (23 mn) « Une rencontre évidente »
On assiste à un véritable échange sans langue de bois, sur le métier d’acteur, et qui dévie bien évidemment sur celui du cinéma. Le cinéaste raconte la façon dont il a choisi l’actrice, qu’il voulait inconnue, et la construction du personnage, sans pathos, sans véritable identité
Elle n’en revient toujours pas, d’une telle proposition.« C’est arrivé comme ça, sans plan défini, un premier rôle qui défend des valeurs que je défends, après ça, je me disais mais qu’est ce que je peux faire. Après deux trois mois d’atermoiements, je suis revenue à l’essentiel de mon travail qui est de travailler avec des gens avec qui tu as envie ».Corinne Masiero, qui a depuis décroché un rôle phare dans « De Rouille et d’os ».
- Entretien avec Cyril Mennegun (28 mn) : « Je suis toujours à la recherche d’un être humain »
Son itinéraire, plus conventionnel, même si là encore l’absence de langue de bois permet de bien cerner ce réalisateur
« J’ai grandi tout seul, en m’interrogeant souvent sur ce que je faisais là, dans un milieu que je ne connaissais absolument pas ».
- Clap de fin
Comme son nom l’indique, l’émotion en plus.
En bref
Le film
Sans juger un instant le comportement de son héroïne, Cyril Mennegun aligne les constats d’une vie passée à la moulinette. C’est peut-être encore plus sec qu’un commentaire scénarisé, plus sévère, et pourtant on ne s’apitoie jamais sur le sort de l’héroïne. Corinne Masiero donne le plus grand d’elle-même, et atteint des sommets. Plus qu'une œuvre cinématographique, c'est une véritable critique sociale
Les bonus
Beaucoup de bonnes et belles choses à découvrir sous le regard d'un spécialiste du documentaire, qui réussit là deux essais particulièrement originaux . Et l'entendre parler en compagnie de Corinne Massiero , sans langue de bois, est un bonheur