Par Michel Dufour
Genre : Enquête – Thriller
Personnages principaux : François Robidoux, Médecin – Cyril Moreau, sergent à la Sureté du Québec
Quand ce roman a été publié la première fois, il est plutôt passé inaperçu du grand public, même si plusieurs critiques lui avaient été favorables et qu’il avait été traduit en anglais en 94. Pour ma part, je m’y suis intéressé après avoir été séduit par On finit toujours par payer et en projetant un voyage aux Iles de la Madeleine où se situe l’action. Plus précisément, l’enquête se déroule sur l’Ile d’Entrée, seule île isolée des autres, à une heure de traversier, qui fait le parcours deux fois par jour…quand le temps le permet. Dans La lune rouge, le temps ne le permet justement pas, la tempête fait rage; deux cadavres de femme sont découverts au bas d’une falaise deux jours de suite, peut-être des suicides, plus probablement des meurtres, et personne parmi la centaine d’habitants de l’Ile ne peut quitter les lieux. Il s’agit donc d’une sorte de huis-clos où le nombre de suspects est réduit. Étrangement, l’enquêteur malgré lui, le docteur Robidoux, semble être le principal suspect.
Les remontées dans le temps m’énervent un peu car elles s’apparentent souvent à un vieux truc pour compliquer le déroulement de l’action autrement simpliste. Dans ce cas-ci, c’est une façon pertinente de donner de l’épaisseur aux principaux personnages et de livrer quelques indices au lecteur sur lesquels le sergent Moreau et Robidoux finiront par mettre la main. Plusieurs insulaires ont des motifs, un peu minces il est vrai, pour tuer l’une ou l’autre des deux femmes, et rien ne semble d’ailleurs relier les deux meurtres (si meurtres il y a). Les fausses pistes ne manquent pas. Le maladroit docteur Robidoux aimerait bien oublier tout ça mais, comme tout l’accuse, il doit se démener pour comprendre le sens des événements et, surtout, le démontrer.
C’est bien écrit et ça se lit bien. Le cadre est moins propre aux Iles de la Madeleine que dans On finit toujours par payer : l’Ile d’Entrée se résume à une falaise, un boisé, quelques maisons, et la pluie qui n’en finit plus et banalise le paysage. Ma principale réserve porte sur le double dénouement : un acte excessif plutôt inattendu; puis, l’apparition d’une sorte de deus ex machina donnant lieu à une révélation qui met fin abruptement à l’enquête.
Bref, une bonne histoire qui ne se termine pas en queue de poisson; plutôt en oreilles de lapin surgies d’un chapeau.
Ma note : 4 / 5