Poussé par la hausse du baril et la baisse de l’euro (par rapport au dollar)
notre litre de carburant gravit inlassablement, semaines après semaines,
centimes après centimes, la côte qui le rapproche inexorablement de ses plus
hauts sommets.
Rien de nouveau dans tout cela me direz vous, des périodes de hausse du
pétrole il y en a eu de nombreuses avant nos jours et il y en aura de
nombreuses après, chacun sait, et depuis longtemps, que le prix du pétrole
n'est destiné qu'à monter !
Rien de nouveau en effet, sauf que notre bien aimé président, alors qu’il
n’était encore que candidat, s’est cru obligé de faire une promesse pour le
moins hasardeuse et que je qualifierais assez bien de complètement
stupide.
Donc, voilà que le prix de l’essence croit et que les sondages pullulent
pour demander aux automobilistes s’ils préfèrent payer leur litre d’essence
toujours plus cher …ou non !
Et voilà que les journalistes, forts de ces sondages, s’empressent de
rappeler à notre socialiste de gouvernement que l’heureux élu à la présidence
de la république avait promis de « bloquer » le prix de l’essence. En
fait, Hollande n’a jamais parlé de blocage des prix comme c’est trop souvent
raconté, mais seulement de compenser le gain de TVA généré par la hausse du
prix hors taxe par une baisse correspondante de la TIPP….ce qui est évidemment
très différent ! Mais probablement que la mécanique était trop compliquée
à expliquer à l’électeur moyen et surtout qu’elle était beaucoup moins
attractive que de laisser croire que Hollande une fois président, allait
stopper net les velléités de hausse du litre de gasoil.
Pour le détail de la promesse en question, je renvoie à un excellent billet
sur le sujet (voir
ici).
Malgré tout, et même si Hollande n’a jamais réellement parlé de plafonner le
prix de l’essence, sa TIPP flottante était déjà extrêmement coûteuse pour un
résultat à peine visible puisque pour 3 centimes de gagnés pour l’automobiliste
c’est 1 milliard et 200 millions de perdus pour les
caisses de l’Etat.
Autant dire qu’à un moment où nous sommes désespérément à la recherche de 40
milliards pour tenter de ramener notre déficit à un niveau décent, l’idée de
percer un trou supplémentaire dans le panier déjà fort percé de l’Etat n’est
pas forcément extrêmement pertinente.
Mais qu’importe, puisque manifestement considérant qu’une promesse est une
promesse, et que même si elle est stupide le gouvernement socialiste se doit de
l’honorer, de peur sans doute qu’on vienne ensuite lui reprocher comme on l’a
reproché à Sarkozy, voilà que
Moscovici s’empresse de confirmer non pas que la promesse de François
Hollande sera tenue, mais que « (…)les prix des carburants seront à ce
moment (fin Aout) à un niveau qui ne peut être supérieur à celui d'aujourd'hui
ou même à celui d'il y a quelques semaines » !!!
Stupéfiant !
La volatilité des cours du brut et les incertitudes qui pèsent sur la valeur
de l’euro, peuvent, du jour au lendemain, entraîner le prix de l’essence vers
le haut sinon vers le très haut et Moscovici nous dit que, juré, craché, chers
automobilistes/électeurs vous ne payerez pas plus cher !
Quand on sait que 10 centimes de hausse avortée du prix de l’essence, c’est
5 milliards de moins dans les caisses de l’Etat, on ne peut pas s’empêcher de
penser que Moscovici n’avait pas toute sa tête lorsqu’il a fait cette
déclaration. Sans même évoquer la tendance haussière du prix du pétrole pour
les raisons que l’on connaît tous, tous les jours l’actualité internationale
nous démontre que nous sommes à la merci d’un événement qui peut le faire
grimper fortement et subitement. Imaginons qu’Israël se mette à bombarder les
installations nucléaires iraniennes comme il en meurt d'envie depuis longtemps
!
Ou ce pauvre Moscovici n’avait pas toute sa tête ou il avait une drôle
d’idée en tête !
Car, en préalable à cette étonnante promesse, il faut préciser que Moscovici
a indiqué qu'il recevrait le 28 août « les compagnies de raffinage, de
distribution pour discuter avec elles des conditions de fixation des prix.
».
« Dès cette date, nous agirons, nous prendrons les mesures appropriées
parce qu'il n'est pas question que les prix des carburants continuent
d'augmenter » a-t-il ajouté…tel que l’on comprend donc la chose,
l’idée que Moscovici a derrière la tête, c’est de bloquer purement et
simplement le prix de l’essence et compte tenu de l’état de nos finances, sans
prendre sur les taxes. En clair, de faire payer aux distributeurs la hausse du
coût de l’essence !
Ben tiens !
Le procédé est déjà discutable lorsqu’il s’agit de distributeurs intégrés à
un grand groupe pétrolier qui bénéficient de la hausse du brut en amont, mais
pour tous les autres, les grandes surfaces et à plus forte raison les
distributeurs indépendants, c’est carrément inenvisageable.
Dans un récent entretien le président de Système U déclarait que leur marge
sur l’essence n’était que de1centime. Même en bouffant cette marge, on n'irait
pas bien loin avec 1 centime !
Et même si elle n'était pas de 1 mais de 2 ou 3 centimes, le gain à
l’arrivée serait ridiculement faible et en tout cas ne pourrait certainement
pas compenser une hausse sérieuse du cout du brut.
L’Etat va-t-il exiger de la grande distribution qu’elle vende l'essence à
perte, en clair qu’elle compense sur ses deniers la hausse du pétrole
?
En tout cas, la solution ne peut être que très provisoire et à la sortie
l’effet ressort est assuré. Comme à chaque fois que l’Etat a tenté de bloquer
des prix, dès qu’ils sont libérés ils vous sautent à la figure tel un diable de
sa boite, et ça fait mal !
Dans tous les cas, à l’arrivée il y aura déception, voire grosse déception. Comment Moscovici a-t-il pu s’engager sur une telle promesse ? Est-ce que pour occuper le terrain, le gouvernement n’a pas d’autre alternative que de mettre en oeuvre coute que coute les promesses de campagne de Hollande, même les plus débiles ?