[Critique] WAKE WOOD

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Wake Wood

Note:
Origines : Irlande/Angleterre
Réalisateur : David Keating
Distribution : Aidan Gillen, Amelia Crowley, Ella Connolly, Eva Birthistle, Brian Gleeson, Timothy Spall, Ruth McGabe, Dan Gordon…
Genre : Épouvante/Horreur/Drame
Date de sortie : 14 août 2012 (DTV)

Le Pitch :
Sous le choc de la mort tragique d’Alice, leur petit fille, Louise et Patrick décident de tout abandonner pour aller vivre dans la petite bourgade de Wake Wood. Sur place, ils apprennent l’existence d’un mystérieux rite païen auquel se livrent les villageois et qui a pour but de ressusciter les personnes disparues. Une résurrection qui n’excède cependant pas les trois jours. Tout d’abord effrayés, les parents meurtris décide de ramener leur fille à la vie, sans réfléchir aux conséquences…

La Critique :
Depuis sa résurrection, en 2007, la Hammer Films, légendaire société de production britannique, a plutôt fait bonne figure. Mis à part pour La Locataire, petit thriller anecdotique avec Hilary Swank, la qualité est globalement au rendez-vous, tout particulièrement quand la firme produit La Dame en Noir, superbe film d’épouvante en connexion directe avec les grands classiques du genre, ou le plus qu’honorable remake du film de vampire suédois, Morse, à savoir Laisse-moi entrer.
Et voici que déboule Wake Wood qui, après avoir pris la poussière dans les tiroirs de son distributeur, atterrit chez nous directement dans les bacs dvd.

À la croisée des chemins du drame familial et de l’épouvante ésotérique, Wake Wood est un film difficile. Difficile, car traitant du deuil de deux parents contraints de repenser toute leur existence suite au tragique décès de leur enfant. Un long-métrage qui évoque irrémédiablement Simetierre, de Mary Lambert, classique du film d’horreur des années 80, adapté de l’un des plus grands romans de Stephen King. Tout aussi viscéral que Simetierre, Wake Wood s’avère néanmoins plus intimiste dans sa façon de traiter un sujet sensible. David Keating se refuse justement à tout sensationnalisme outrancier. Il respecte son sujet, ses protagonistes et offre à cette sombre tragédie un écrin mélancolique pour le moins perturbant.
En cela, il est juste de placer Wake Wood en marge d’une majorité de productions de la Hammer, tant ce dernier n’a jamais recours aux ficelles sanglantes du grand-guignol. Wake Wood est avant tout un drame fort, à la justesse touchante, qui n’utilise ses ressorts dramatiques, que dans le but de souligner davantage la détresse de ses protagonistes.

Reposant sur un scénario étrange, remarquablement bien amené, le long-métrage de Keating peine par contre à maintenir un rythme soutenu. Le marasme est parfois plombant et la lenteur de la progression de l’intrigue a de quoi provoquer quelques plages d’ennui poli. Pas de quoi entacher l’efficacité du propos principal cependant, tant cette lenteur assumée ne semble qu’appuyer la sincérité de la démarche.
Aux antipodes de Saw ou de tous les gros films gores qui envahissent régulièrement les bacs dvd, Wake Wood brille par une poésie sous-jacente appréciable.

Les comédiens font en outre preuve d’une pertinence et d’une retenue admirable, à l’image du comédien irlandais Aidan Gillen, vu notamment dans les séries The Wire ou plus récemment dans Game of Thrones. Ce dernier arrive à donner beaucoup de substance à un personnage casse-gueule, bien aidé en cela par la présence d’Eva Birthistle, ou celle de Timothy Spall, alias Winston Churchill dans Le Discours d’un Roi.
Tous sont au diapason d’une tonalité grave et touchante. Wake Wood n’est pas un film facile. Pas toujours très maitrisé, il démontre en revanche d’une volonté de vouloir offrir un cinéma d’épouvante de qualité, qui ne se repose jamais sur des effets de frayeur éventés.
Pas franchement idéal pour une soirée entre potes, Wake Wood vaut en tout cas largement plus que cette simple sortie vidéo très confidentielle.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Hammer Film Productions