En salles : L'été 1982 (découvrez notre dossier) aux States, c'est l'été historique. Historique pour le nombre de films cultes qui débarquent dans les salles obscures. Deuxième rendez-vous de notre série estivale avec les quatre premiers films sortis au mois de juin. Et il y a du lourd.
Annie de John Huston
Sacré John. Capable des films les plus personnels, le cinéaste n'a jamais craché sur les oeuvres de commande. Aux cinéphiles de faire le tri. Avec Annie, Huston adapte une des comédies musicales les plus populaires de Broadway. Albert Finney et Tim Curry font partie de l'aventure, aux côtés de la petite Aileen Quinn. Les critiques sont loin d'être emballés mais le public se déplace quand même dans les salles. Problème : le film a coûté un peu plus de 50 millions de dollars pour seulement 38 millions de dollars de recettes. It's a hard-knock life...
Avec les compliments de l'auteur (Author! Author!) de Arthur Hiller
Après trois échecs au box-office (Bobby Deerfield, Justice pour Tous et Cruising), Al Pacino s'oriente vers la comédie. Le voici mari largué devant s'occuper de ses enfants tout en essayant de terminer sa pièce de théâtre car le bonhomme est un auteur, comme l'indique le titre. Je n'ai jamais vu ce film, et je ne suis pas le seul. Nouveau bide. Et de quatre. Pas grave, le prochain film d'Al sera Scarface (1983) et là, question culte, il placera la barre très haut.
Blade Runner de Ridley Scott
Troisième film de Ridley Scott. Troisième claque. Après Les Duellistes (1977) et son esthétique somptueuse au service d'un affrontement sur les champs de bataille napoléoniens, après Alien (1979) qui révolutionne l'univers de la S-F et celui du film d'horreur, le cinéaste signe une oeuvre à la beauté sombre à partir d'un roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Finie la S-F à la papa : le monde de demain est crade, surpeuplé, surpollué. La conquête spatiale a été rendue possible grâce à des réplicants, des êtres génétiquement modifiés. Leur révolte a été sévèrement punie et leur présence est désormais interdite sur Terre. Des flics - les Blade Runner - leur font la chasse. L'un d'entre eux, Deckard, va devoir affronter un groupe de réplicants particulièrement violents.
Ce thriller futuriste est à nouveau visuellement bluffant. Ambitieux, complexe. Sur grand écran, en cette année 1982, c'est une claque magistrale. Le vol du véhicule de Deckard au-dessus de la mégalopole aux immenses écrans publicitaires, sur fond de synthés vangelisiens... Je m'en souviens comme si c'était hier. Le spectateur oublie alors que le tournage fut éprouvant, marqué par les engueulades répétées entre Scott et Harrison Ford, et qu'il découvre un montage imposé par le studio. Au fur et à mesure des ressorties en salles et en vidéo, les versions et director's cuts se succéderont. Qu'importe : reste une oeuvre majeure, dont l'influence (Dark City, Matrix...) se fait encore sentir aujourd'hui.
E.T. l'Extra-terrestre (E.T. the Extra-terrestrial) de Steven Spielberg
Qu'ajouter sur ce film dont tout cinéphile connaît en détails la genèse et l'incroyable succès ? Un succès commencé quelques semaines plus tôt lors d'une projection au Festival de Cannes qui se termine par une longue standing ovation. Encouragée par François Truffaut à réaliser un film sur l'enfance, Steven Spielberg transforme une idée d'invasion extra-terrestre maléfique dans une banlieue américaine en un conte bouleversant sur une amitié extraordinaire entre un enfant et un alien.
L'enfance, la banlieue, la famille éclatée, le fantastique, la poésie, le merveilleux, les jeux de lumière... Tout Spielberg est là. Mise en scène inventive, superbe photo, musique monumentale de John Williams, effets spéciaux bluffants, créature plus vraie que "nature" (conçue par Carlo Rambaldi, décédé récemment). C'est beau, c'est fort. Cela va droit au coeur du public : le film est l'un des plus grands succès de ces trente dernières années. Pour la sortie en DVD, Spielberg fera des modifications discutables (un revolver effacé, des scènes ajoutées avec un E.T. numérique). Mais il a promis de revenir à la version originale pour la sortie Blu-ray. Pour notre plus grand bonheur.
Anderton