Le théâtre musical de marionnettes à Prague

Publié le 17 août 2012 par Cardigan @onlyapartmentsF

Dès que nous commençons à marcher dans les rues de Prague, nous réalisons l’extraordinaire importance de l’art des marionnettes. Il s’agit d’objets précieux, et bien souvent inquiétants, élaborés avec une habileté attendrissante devant laquelle nous ne pouvons éviter de nous interroger sur la fine ligne qui sépare ce qui est vivant de ce qui est mort, et de ce qui est animé de ce qui est inanimé, de la même façon que le firent les penseurs, les artistes, les scientifiques et les architectes baroques, à qui Prague doit une partie inestimable de son charme extraordinaire.

Les habitants de Prague aimèrent avec enthousiasme la musique de Mozart, qui s’y rendit d’ailleurs plusieurs fois après le succès colossal des Noces de Figaro, tristement sous-estimée à Vienne, et dirigea en personne dans le magnifique Théâtre National, la première mondiale de Don Giovanni un an plus tard (raison pour laquelle ce beau théâtre néoclassique de façade blanche et verte pastel a été un lieu de pèlerinage officieux pour les amants du compositeur autrichien durant plus de deux siècles). En combinant le mystère des marionnettes avec le grand patrimoine musical de la ville, présent pratiquement à chaque carrefour et dans le nom de tant de rues, apparaît une forme de spectacle caractéristique de Prague, le théâtre musical de marionnettes. Le lieu le plus représentatif, bien qu’on puisse assister à des représentations dans différents points de la ville, est le Théâtre National de Marionnettes, également connu sous le nom de Royaume des Marionnettes, dont le siège se trouve dans le bâtiment de style Art Déco de la Bibliothèque Municipale, située au numéro 1 de la rue Žatecká, dans le centre de la vieille ville. (http://www.mozart.cz/index.php).

Bien que ce ne soit pas difficile de qualifier les représentations de ce genre de pantins, de spectacles mineurs crées pour les touristes les plus conventionnels -ce qu’elles sont certainement sous plus d’un angle – il n’en reste pas moins qu’il existe quelque chose d’indéfinissable en elles, qui les rend étrangement attirantes et vaguement perturbatrices. Mais encore faut-il arriver à trouver ce que c’est exactement, il pourrait s’agir d’une qualité en relation, d’une certaine façon, avec le caractère de bagatelle qui résument les représentations. Chacune d’elles paraît nous situer hors du temps, ou nous faire entrer pour quelques heures, dans un autre monde proche du demi-sommeil. Nous sommes désolés, en tous cas, de nous trouver dans un lieu où la sensation constante qu’il manque toujours quelque chose d’essentiel nous oblige a l’imaginer, faisant de ce manque une sorte de moteur qui pousse notre esprit à une certaine réflexion qui fonctionne comme une sorte d’oracle, nous donnant l’impression que les marionnettes nous parlent en qualité de médiums venus de l’ombre, dont l’étrangeté légèrement menaçante nous est pourtant, sans savoir pourquoi, intimement familière.

Paul Oilzum