On le considère comme l’une des plus belles voix du couper-décaler ivoirien. Auteur des titres à succès “Suzana”, “Bongo”, “Zambé”, Erickson le Zulu se fait de plus en plus rare sur la scène nationale. Dans cet entretien téléphonique (de Paris où il vit depuis quelque temps), l’artiste donne de ses nouvelles, dévoile ce qu’il prépare depuis sa «cachette» et fait quelques confidences.
• On n’a plus de tes nouvelles, que deviens-tu ?
- (Il rit), Je suis pourtant quelque part ! Je vis en France depuis un bon moment. En août 2010, j’étais en Suisse pour une tournée. La crise post-électorale ne m’a pas permis de rentrer au pays. J’ai jugé bon de rester en Europe, voilà !
• On raconte ici à Abidjan que tu serais en exil, vrai ou faux ?
- Moi, en exil ? Il n’en est rien. Au pays, je n’ai aucun problème avec qui que ce soit. Je n’ai pas de position politique, encore moins chanté pour un parti politique. Si je suis à Paris jusque-là, c’est parce que je suis en train de préparer quelque chose.
• On est curieux de savoir ce que tu nous prépares…
- Là, je suis en studio à Paris où je prépare mon prochain album “Goutte d’eau” avec une dizaine de titre qui va sortir d’ici la fin de l’année 2012. Avant l’album complet, je vais lancer un single, qui est déjà prêt à sortir. ça sera accompagné d’une nouvelle danse, “le samba-gori”.
• Que contient ce disque qui sort 3 ans après ton dernier, ‘’La main de Dieu’’ ?
- C’est un couper-décaler acoustique avec des textes profonds, beaucoup de messages, surtout de paix et d’amour pour notre pays, des conseils à tous ces jeunes qui s’adonnent au broutage ainsi qu’à nos sœurs, afin qu’elles se détournent de la voie de la facilité et du gain facile. Je parle aussi de Dieu, car sans Lui, nous ne sommes rien.
• On a aussi appris que tu suis des cours d’ingénieur de son là-bas à Paris. tu comptes arrêter de chanter à l’avenir ?
- Non, pas du tout ! c’est vrai, je suis des cours d’ingénieur de son, parce que c’est un métier qui me passionne énormément. Je veux aussi allier les deux, la musique et l’arrangement. Depuis 7 mois, je suis des cours, il me reste encore trois mois pour finir totalement ma formation.
• On dit que les chanteurs de votre génération n’ont plus la cote. Penses-tu que tu as les moyens de reprendre une place de choix dans l’univers du couper-décaler dominé par les DJ ?
- Ceux qui disent que nous n’avons plus la cote ont certainement leur raison. Moi, j’aime les critiques. Ce sont les critiques qui nous permettent de nous améliorer. La musique, c’est aussi une question de ‘’chacun à son temps’’. A l’époque, c’était les Amédé Pierre. Il y a eu le temps des Bilé Didier, et puis Douk Saga… Aujourd’hui, si c’est le temps des DJ, c’est une bonne chose. Tant mieux pour la musique ivoirienne. Le pouvoir, c’est Dieu qui le donne.
• Comment se porte le show-biz ivoirien dans l’hexagone ?
- La musique ivoirienne se porte bien en France. La communauté africaine est aujourd’hui très friande de la musique ivoirienne, surtout le couper-décaler et aussi le zouglou. Il y a des espaces zougloutiques un peu partout aujourd’hui. Il faut le dire, c’est le couper-décaler qui fait fureur ici à Bingué.
• Quels sont les artistes ivoiriens qui marchent fort en ce moment ?
- Kedjevara, Arafat et aussi les jeunes zouglou du groupe Révolution.
• Qu’est-ce qui, selon toi, a manqué jusque-là à ta carrière ?
- L’organisation. J’ai beaucoup souffert de l’inorganisation dans ma jeune carrière. J’ai essayé de faire un toilettage autour de moi. Aujourd’hui, les choses ont changé, je me suis doté d’un nouveau staff.
• Quels sont tes projets à ce jour ?
- Comme je l’ai dit, me lancer dans l’arrangement. M’ouvrir à l’international, faire des featuring avec des artistes internationaux.
• A Paris, quelle activité mènes-tu pour joindre les deux bouts ?
- Dieu m’a fait un don : ma voix. Même si je ne suis pas allé loin à l’école, je gagne bien ma vie. Ici à Paris, les vendredi, samedi et dimanche, j’officie à la Piedra en tant que Dj.
• Serais-tu-tenté de t’installer définitivement en France ?
- Pourquoi pas ? si ça m’arrange, je ne vais pas hésiter. Il y a des artistes qui sont venus à Paris et qui sont restés, je ne serais pas le premier. Je serai peut-être entre Abidjan et Paris, puisque j’ai ma petite famille à Abidjan.
• Avec qui vis-tu aujourd’hui ?
- A Paris, je suis seul. Mais comme tout homme mature, j’ai quelqu’un dans ma vie que je ne vais pas dévoiler ici. On a deux gosses qui représentent tout pour moi, c’est pour eux que je bosse dur.
• C’est quoi ton passe-temps?
- Je suis un accro d’Internet. Je passe du temps à bavarder avec les fans sur Facebook. Et puis, j’aime aussi faire du vélo. Mon ventre a pris du volume ces temps-ci, je veux le casser (rire).
Par Inzah D.enzo07058354@topvisages.net