Profession: consultant en prénom !

Publié le 24 mars 2008 par Chantal Doumont

Profession: consultant en prénom !

Nahla, la fille de l'actrice Halle Berry et du mannequin Gabriel Aubry, Shiloh, celle de Brad Pitt et Angelina Jolie, Suri, l'enfant de Tom Cruise et Katie Holmes: la mode des prénoms inhabituels a donné à certains esprits entreprenants l'idée d'une nouvelle profession, consultant en prénom de nouveau-nés. 

"Naguère, il était commun de choisir un prénom dans sa famille ou dans la Bible, mais les parents contemporains ont un choix beaucoup plus large et certains s'y perdent", explique Linda Murray, rédactrice en chef du site babycenter.com spécialisée en puériculture. 

"Choisir un prénom peut être une source de stress important. C'est la première grande décision parentale publique que l'on prend", ajoute-t-elle. 

Appelés à participer à une étude en ligne, les internautes qui fréquentent ce site sont 15% à estimer que le prénom qu'ils donneront à leur enfant sera un facteur déterminant de ses réussites ou de ses échecs ultérieurs. 

"Des parents étant demandeurs d'une aide extérieure, des consultants ont surgi ces dernières années pour apporter ce service, des gens qui connaissent l'origine des prénoms", poursuit Linda Murray. 

L'intervention est facturée. On peut trouver des consultants à 25 dollars. Mais l'addition peut se chiffrer en centaines de dollars. 

Shiloh, le prénom choisi par Angelina Jolie et Brad Pitt, vient du mot hébreu désignant un être pacifique. Nahla signifie "cadeau" en swahili, ou "gorgée d'eau" en arabe. Suri peut vouloir dire selon les langues "princesse" ou "rose rouge". 

JEUX DE MOTS ET LANGAGE SMS 

Le sens est parfois plus difficile à déterminer. Ainsi de Nevaeh, 43e prénom le plus donné aux petites filles nées aux Etats-Unis en 2006. Aucune étymologie particulière, mais plutôt un dérivé de certains jeux littéraires: à l'envers, ce prénom venu de nulle part se lit "Heaven", paradis. 

"Les parents ne veulent pas que leur fille soit la neuvième Sophia de sa classe. Pour les garçons, ils recherchent aussi un prénom associé à la force, et un prénom féminin pour les filles", relève Murray. 

Autre nouveauté, dont fait le constat le sociologue australien Mark McCrindle, l'orthographe approximative ou créative, c'est selon, de prénoms qui s'inspire de la phonétique très présente dans la rédaction des SMS. 

Certains parents australiens ont ainsi opté pour des Alex-Zander, des Cam'ron ou des Emma-Lee. 

Sur les registres de naissances consultés par McCrindle, le prénom Jayden apparaissait en 2007 sous douze orthographes différentes. Aidan s'écrivait lui en neuf versions, Amelia en huit. 

"Ce sont les parents de la génération X, qui veulent que leurs enfants soient des individus uniques", explique-t-il. "Une orthographe unique et, aujourd'hui, une prononciation différenciée de prénoms traditionnels sont des tendances qui vont en augmentant." 

L'emploi du y en lieu du place du i atteint, selon le chercheur, des proportions épidémiques, de même que le k remplaçant le c (Jaykob, Lynkon). Autres effets de mode, le redoublement de lettres (Siimon, Chriss) ou le trait d'union (Emma-Lee). 

Quels que soient les affres et les tourments que traversent les jeunes parents pour nommer leur nouveau-né, le temps fait son oeuvre: un an après la naissance, 3% seulement des parents ayant rempli le questionnaire de babycenter.com disent regretter leur choix.

Par Belinda Goldsmith Reuters

Version française Henry-Pyerre André