Une fois n’est pas coutume, je viens avec une bonne nouvelle! Je vous ai cassé les noisettes avec la déforestation dans de nombreux articles et bien il semblerait que les lois votées et les nombreuses actions menées pour lutter contre la destruction du poumon de la planète aient enfin fini par porter leurs fruits: à en croire les infos qui circulent sur la toile ces derniers jours, le déboisement de la forêt amazonienne aurait baissé de 23% entre août 2011 et juillet 2012. Et là, émus, repensez à vos dix ans, lorsque vous vous jetiez à genoux sur le tapis du salon en en en arrachant les franges par poignées, pour faire comme Michael Jackson dans Earth Song. C’était votre première prise de conscience écologique et aujourd’hui, vous pouvez être fiers du chemin parcouru.
Alors qu’entre août 2010 et juillet 2011 la forêt amazonienne s’est vue amputer de 2679 km2, « seuls » 2049 kilomètres carrés ont été défrichés entre août 2011 et le mois dernier. Pourtant 2012 ne partait pas gagnante. La surveillance satellite de la zone pendant les trois premiers mois de l’année démontre que le déboisement était trois fois supérieur à celui de 2011 à la même période. Quelle est donc la raison de ce revirement de situation ? Eh bien il semblerait que ce recul soit dû à l’application du nouveau code forestier contre lequel Greenpeace & Cie se sont pourtant longuement insurgés. Vous pouvez en lire un pamphlet ici. Le code forestier originel datant de 1965, considéré comme l’un des plus stricte au monde, n’a pas eu grande influence pendant une trentaine d’années, mais, prise de conscience mondiale oblige, il aura néanmoins réussi à freiner le déboisement de l’Amazonie de 80% entre 2004 (où 27’000 km2 ont été rasés) et 2011. 80% ? Magnifique me direz-vous ! Mais en regardant de plus près le graphique ci-dessus, on s’aperçoit qu’entre 2000 et 2004 les bonnes résolutions, à l’instar de la forêt, sont elles aussi parties en fumée. Pas difficile après ça de se féliciter d’une pareille amélioration et de faire dire n’importe quoi aux statistiques. En réalité, depuis 10 ans, la situation a continuer de se détériorer considérablement comme le prouve la vidéo ci dessous :
Quand je vous disais (dernier article) que signer des pétitions dans la rue était inutile… Et d’ailleurs certains auront vite fait de réutiliser ces chiffres à des fins méphistophéliques ! En effet, mis en émoi par ces résultats encourageants, les ruralistas, (représentants du secteur agricole au Parlement avec 52% des sièges) ont, comme je vous le disais à l’instant, proposé une révision du code. Parmi d’autres résolutions, ce nouveau texte prévoyait d’amnistier en grande partie les déboisements illégaux perpétrés avant juillet 2008 et « pourrait » entraîner une augmentation de 47% de la déforestation d’ici à 2020. On n’est pas sorti de l’auberge! Mais l’humanité peut compter sur une alliée de choix ; Dilma Rousseff. In extrémis, la Présidente du Brésil a mis 12 vetos et procédé à 31 modifications du texte permettant de concilier production et préservation de l’environnement. Les écologistes de tous poils se sont positionnés contre ce véto partiel et auraient préféré que Mme Roussef rejette l’initiative dans son entier, quit à se mettre à dos la majorité parlementaire. Au delà des enjeux politiques, il ne faut pas oublier que cette agriculture controversée représente 5% du PIB du pays et qu’elle permet à de nombreuses personnes de vivre, même si les conditions de travail sont loin d’être idéales. «Dans les pays en développement, 1,2 milliard de personnes dépendent de systèmes d’exploitation agro-forestiers qui favorisent la productivité agricole et assurent des revenus » (Banque mondiale, 2004). A voir, le magnifique reportage photo de Mario Tama paru dans la rubrique « The Big Picture » du site boston.com qui rappelle que la mort des arbres permet la survie des hommes… du moins à court terme. Pour le moment, et selon les chiffres annoncés en début d’article, ce code « Dilmatisé » semble être une bonne alternative. Reste à voir si ce n’est que poudre aux yeux où si l’on peut espérer une amélioration durable.