L'argent peut faire le bonheur, mais à condition de le dépenser pour le bien d'autrui ou de bonnes causes, conclut une étude scientifique rendue publique jeudi.
La recherche, paraîssant vendredi dans la revue Science, démontre la validité scientifique de l'adage selon lequel il est plus satisfaisant de donner que de recevoir, a déclaré à l'AFP Elizabeth Dunn, professeur de psychologie à l'université de Colombie-Britannique (UBC), à Vancouver sur la côte ouest canadienne.
Mme Dunn et deux chercheurs de la Harvard Business School, Laura Aknin et Michael Norton, ont mené trois expériences visant à mesurer si leurs cobayes étaient plus heureux après avoir fait des dépenses pour leur compte personnel ou après avoir consacré de l'argent à une cause sociale ou charitable.
"Nous avons découvert que les gens dépensant de l'argent pour d'autres étaient les plus heureux", a souligné Mme Dunn. "Nous apportons des preuves pour étayer une perception qui ne date pas d'hier".
La première expérience a simplement consisté à demander à 630 Américains de mesurer, sur une échelle de 1 à 5, leur degré de satisfaction après avoir consacré de l'argent à eux-même ou aux autres. Les personnes ayant fait preuve d'altruisme se sont déclarées plus heureuses que les autres.
Les chercheurs ont aussi mesuré le degré de satisfaction des employés d'une compagnie de Boston, après avoir reçu des primes allant de 3.000 à 8.000 dollars. Selon Mme Dunn, la façon dont les bénéficiaires ont dépensé leurs primes s'est avérée plus importante que le montant de celles-ci.
"Ceux qui ont consacré une part plus importante de leur bonus à des causes sociales ont dit être les plus heureux", a-t-elle relevé. Les personnes ayant consacré un tiers de leur bonus à autrui affichaient un coefficient de bonheur supérieur de 20% à ceux qui avaient tout gardé pour eux.
Dans la dernière expérience, des étudiants de Vancouver se sont vu remettre 5 ou 20 dollars à dépenser dans la journée. Une moitié des étudiants a eu pour instruction de se faire plaisir, l'autre de consacrer la somme à autrui. La encore, ce sont ceux de la seconde catégorie qui se sont déclarés les plus heureux.
La plus grande partie de la recherche dans ce domaine a été consacrée au rapport entre le bonheur et la quantité d'argent dont disposent les gens: "nous avons étudié comment les gens utilisent ce qu'ils ont", a expliqué Mme Dunn.
Elle souhaite se pencher dans ses prochaines recherches sur la question de savoir si le volontariat génère autant de satisfaction que les dons en argent.
AFP